June ne parvenait plus à détourner les yeux de ce beau portrait de famille. Et dire qu'elle avait devant elle le patron de la mafia sicilienne, le même qui avait torturé et tué froidement le père de sa femme. Arya était une femme magnifique, une mère merveilleuse. Le peu de temps qu'elle avait passé avec elle lui avait redonné de l'espoir. Quant à leur petite fille, June était subjugué par sa beauté.
Son cœur se serra inévitablement.
- Je vous propose mesdames de vous installer confortablement autour de cette table pendant que moi et mon très cher cousin allons rattraper le temps perdu.
June fronça des sourcils interloquée par le sourire jouissif d'Izario.
- Quand tu dis le temps perdu, tu veux dire sortir l'artillerie lourde n'est-ce pas ? S'enquit Arya en plissant des yeux.
Le mafieux se pencha et crocheta les mâchoires de sa femme en lui souriant tendrement.
- Disons que c'est interdit au bébé, chuchota-t-il avant de l'embrasser fièrement.
Arya secoua de la tête avec un air désespéré tandis que les deux hommes s'en allaient vers la villa.
- Je dois m'inquiéter ? Demanda-t-elle en prenant place sur la chaise sur laquelle Enzo s'était assis.
- Non, ne t'en fait pas, s'il y a une chose que j'ai retenu depuis tout ce temps c'est qu'il faut toujours lui faire confiance.
Arya installa Alezia sur ses genoux en riant. June connaissait son histoire et cela lui brisait le cœur de savoir à quel point elle était passé par de nombreuses souffrances avant d'accéder à ce bonheur.
- Quand je te regarde j'ai l'impression de me voir au tout début de ma relation avec Izario, lui dit-elle en la dévisageant.
- Vraiment ? Pour quelle raison ?
Arya plongea son regard dans le vide, plongée dans ses souvenirs.
- Parce que moi aussi j'étais perdue à cette époque, perdue dans cette myriade de sentiments qui me submergeait chaque fois que je posais mon regard sur lui.
June déglutit péniblement et attendit qu'elle poursuive.
- Je crois que je suis tomber amoureuse de lui à l'instant précis où mes yeux se sont posé dans les siens. Tu veux savoir pourquoi ?
June hocha de la tête silencieusement.
- Parce que j'ai lu dans son regard qu'il avait besoin d'être sauvé autant que j'en avait besoin.
- Son côté meurtrier ne t'a jamais posé un problème ? Ça ne t'a jamais freiné dans tes sentiments.
- Au début j'étais terrifié, et ensuite j'ai fini par comprendre et accepter son côté le plus sombre.
June inspira profondément en plongeant son regard dans le sien.
- Je l'aime mais lui n'y arrive pas.
- Crois-moi il t'aime, son regard parle pour lui. S'il n'avait pas de sentiments pour toi, tu ne serais pas là June.
Arya lui sourit tristement.
- Enzo est un homme qui souffre d'un mal qui le ronge depuis l'enfance et j'ai l'impression qu'avec toi, il réussira à le dépasser.
Les paroles d'Arya apaisaient son cœur bien trop lourd de questions sans réponses. Enzo détenait toutes les clés. Il était le seul à pouvoir rendre cette histoire tout aussi merveilleuse que l'était celle d'Izario.
~
- Bienvenu dans mon antre ! S'exclama Izario en ouvrant les portes qui renfermaient ses armes de guerre.
- Très impressionnant, mais sache que je possède les mêmes en Russie, sans vouloir me vanter bien sûr.
- Ce n'est pas pour ça que je t'ai amené ici mais pour te donner ceci, dit-il en lui tendant un carton qui renfermait des installations hautement qualifiées.
- Tu veux savoir ce que Francesco manigance ? Demande à tes hommes de s'infiltrer et de déposer ceci dans son bureau.
Enzo leva un sourcil étonné.
- Quoi ? S'enquit Izario en faisant mine de rien.
- Ce n'est pas une mauvaise idée, nota Enzo en posant le carton sur le bureau. Tu as visiblement un plan.
- Un plan ? Si seulement j'en avais qu'un ! Non j'en ai plusieurs mon frère et l'un d'entre eux n'est pas beau à voir. Dio ! Mon imagination m'étonne de jour en jour, déclara-t-il en se laissant tomber dans son fauteuil en cuir.
- Si je te suis bien, tu veux que l'on soit compagnons d'armes ?
- C'est à peu près ça oui, confirma-t-il d'une voix machiavélique.
Enzo saisit l'une de ses armes et sentit ses mains brûler de désir de l'utiliser.
- Francesco est l'une des raisons pour lesquelles tu es rongé de l'intérieur, et moi je n'ai qu'une envie l'envoyer à la morgue la plus proche.
- Pourquoi tu ne l'as pas tué avant ?
- Parce que si je le tue, un autre abrutis prendra sa place alors que toi tu es parfait pour le poste. Écoute attentivement. On pose les micros, et si jamais il n'a aucun projet de s'en prendre à June alors on laisse tomber, dans le cas contraire s'il a des projets contre toi en se servant de June alors tue ce vieillard qu'on en finisse !
Enzo crispa ses mâchoires en songeant à June. Ce voyage avait pour but de lui montrer la Sicile, et de savourer chaque esquisse de ce voyage pas de mettre June en danger.
- Très bien, je vais suivre ton conseil.
Son cousin se frotta les mains l'air impatient.
- À en voir l'expression sur ton visage, tu serais presque heureux que ma femme soit en danger.
- Je suis en manque, avoua-t-il sans détour en esquissant une moue. J'ai tué personne depuis deux semaines, la vue du sang me manque.
Enzo éclata de rire en s'installant sur le siège en face du bureau.
- Et puis considère ça comme des retrouvailles excitantes, poursuivit-il d'une voix diabolique. Certaine famille préfère se retrouver autour d'un brunch nous on préfère se retrouver entre un AK47 et un M16.
- Je dois avouer que c'est tentant de faire équipe avec le seul membre de ma famille qu'il me reste.
Izario émit un sombre rire.
- Surtout que la seul et unique fois que nous avons collaborer ensemble nous avions la vingtaines, précisa-t-il. Nous étions que des prototypes en cours d'expérimentation. Aujourd'hui c'est différent.
Enzo se frotta la barbe en songeant à cette époque si lointaine.
- Je ferais en sorte que mes hommes se glissent discrètement dans le sanctuaire de Francesco pour y poser le matériel, dit-il pour rapidement changer de sujet.
- Où alors...mes petits prototypes dissimulés dans ce fameux sanctuaire pourraient s'en charger, proposa Izario en esquissant un sourire mystérieux.
- Tu as déjà placé tes pions n'est-ce pas ? Comprit Enzo en lui rendant son sourire.
- J'ai toujours un coup d'avance ne l'oublie pas. J'ai d'ailleurs tenté de négocier avec l'un de ses hommes et le pauvre a fini a l'hôpital, expliqua-t-il en prenant une attitude indolence. J'adore négocier.
- Dis l'homme qui a mis des heures à négocier un congé maternité rallongé.
Izario tiqua en lui servant un verre de bourbon.
- Ça c'est parce que ma femme n'est pas comme les autres, répondit-il en tournant son verre dans sa main. En général quand je négocie, je n'éprouve rien pour celui qui est en face de moi. Pas de pitié ni remord.
Il marqua une pause en souriant comme si un souvenir lui était apparut et c'est exactement ce qu'il voulait. L'esprit d'Izario était gorgé de souvenirs partagés avec Arya. Enzo désirait les mêmes avec June.
- Lorsque j'essaye de négocier avec Arya j'ai l'impression qu'elle a une auréole au-dessus de la tête et moi de grosses cornes de diable plantées dans le crâne alors inévitablement elle gagne.
Il leva son verre alors qu'un sourire dansait déjà sur ses lèvres.
- Puis ensuite je passe à la méthode la plus fiévreuse. Je la torture avec ma merveilleuse bouche jusqu'à ce que j'obtienne le Graal avec un fabuleux " Oui "
- Tu sais qu'un jour elle finira par comprendre ta méthode, lui dit-il en levant son verre à son tour.
- Je prends le risque, chuchota-t-il avant que les portes de son bureau s'ouvrent sur les deux jeunes femmes.
- Voilà les plus belles !
- Pouvons-nous savoir ce que vous manigancer depuis trente minutes ? Demanda Arya en s'approchant de son mari.
Enzo se redressa sur la chaise et pivota légèrement afin de tendre la main vers June pour lui faire signe de le rejoindre. Quand sa main froide se glissa dans la sienne, Enzo eut envie de la réchauffer.
- On discute armes et sexe, les deux passions des Lazzari, répondit-il en installant Arya sur ses genoux qui se mit à rougir.
- Vraiment ? S'enquit-elle en levant un sourcil.
- Oui bella, vraiment, et d'ailleurs à force de traiter le sujet, j'ai envie d'aller expérimenter deux ou trois expériences qui viennent juste de me traverser l'esprit, répondit Izario en dévorant sa femme du regard.
Au lieu de paraître offusquée, Arya tentait de retenir un sourire frémissant. June sentit la main d'Enzo se resserrer contre la sienne puis il se leva.
- Nous allons vous laisser, June est épuisée après ce long voyage.
- Oh la vilaine excuse, dit l'italien avec un sourire en coin.
Enzo lui rendit son sourire sans un mot car il ne désirait pas rentrer dans le piège de son cousin. Izario n'avait pas de retenue, il agissait sans vergogne, Enzo lui préférait garder ses pensées pour lui et aujourd'hui elles étaient nombreuses.
- J'ai été ravie de vous rencontrer, déclara June poliment.
- J'espère que je vous reverrai June, murmura Arya en lui souriant.
- Rassure-toi mon amour, Enzo a des projets en cours et ils s'avèrent délicieusement intéressants.
Intéressant pour lui mais pas pour June. Ce que son cousin lui demandait aurait été envisageable il y a un cinq mois en arrière. Mais aujourd'hui il n'était plus seul.
Allait-elle accepter de fractionner sa vie en trois pour lui. Allait-elle accepter de le suivre en Sicile ou bien quitter l'Amérique pour la Russie.
- De quoi il parlait quand il a dit que tu avais des projets en cours ? Demanda-t-elle lorsqu'ils furent dans la voiture.
- Nous allons en discuter à la maison, tesoro, répondit-il d'une voix rassurante.
- Tu me fais peur Enzo.
- Tu n'as aucune raison d'avoir peur.
June n'en était pas aussi sûre. Les deux hommes avaient discuté assez longtemps pour les soupçonner de préparer quelques choses.
Un projet qui elle en était certaine concernait Francesco...