Il faisait nuit lorsqu'ils arrivèrent au bord du fleuve. Pourtant ce soir-là, ils n'en avaient plus rien à foutre de prendre le temps de regarder le paysage et s'extasier du reflet des étoiles sur la surface de l'eau. Ils en avaient marre de l'eau, ils en avaient marre du fleuve. Ils l'avaient déjà trop vu. Ils ne voulaient plus que des réponses à leurs questions.
Leurs semelles s'enfonçaient profondément à chaque pas dans le sol boueux et leurs chaussures ne ressemblaient plus qu'à des monticules de terre humide qu'ils traînaient au bout de leurs jambes. Cette situation n'avait absolument rien de glorieux.
« Je te jure que si on se tape tout ça pour qu'il y ait rien dans les deux entrepôts je vais en toucher deux mots à l'organisation des gunins ! C'est abusé !
— Arrête de geindre, Kook. C'est toi qui tenais le plus à venir... », soupira Jimin en continuant d'avancer.
« Hmpf... »
Leurs pas les guidèrent après une nouvelle heure de marche près du point indiqué par le GPS que Jimin avait transféré sur son téléphone. Et effectivement un bâtiment était là. Ou plutôt une ruine bien que ce terme était normalement davantage réservé aux bâtiments en pierres qui s'étaient cassés la gueule.
Celui-là était en bois... Du moins c'est ce qu'il en devinait à l'allure générale car la nature avait repris ses droits, grimpant par-dessus le bois et même à l'intérieur. Seul le toit en tôle de fibro-ciment avait été plus ou moins épargné, ce qui lui avait valu d'être reconnu par le satellite.
Ils n'eurent même pas besoin de l'inspecter pour savoir que rien n'avait traîné ici depuis un sacré bout de temps. Jungkook soupira de manière sonore et se laissa tomber un amas de mousse.
« En vrai c'était couru d'avance.
— Il fallait essayer... Peut-être qu'il y a une trappe dérobée ou un truc du genre...
— Voyons, il y a pas la moindre trace de pas ou de pneu ou de ce que tu veux ! Je parie que même un animal n'a pas foutu ses papattes ici depuis des décennies !
— Les animaux si...
— Ce que je veux dire c'est qu'on parle d'un trafic d'humains de centaines ou plus de disparitions par mois ! Ça laisserait forcément des traces de passage ! Un minimum, quoi !
— Sauf s'ils ont avec eux un gunin capable de les effacer ! », fit Jimin en tentant une blague.
Le regard de Jungkook se bloqua alors sur lui avec sérieux.
« Qu'est-ce que tu viens de dire ?
— Sauf s'ils ont un gunin avec eux ?
— Capable de ...?
— Les effacer ? Écoute, Jungkook, je-... Oh.
— Oh ?
— Je vois où tu veux en venir.
— Pourquoi on n' y a pas pensé avant ?! ON EST TROP CONS, OH MON DIEU !
— Parle pour toi...
— Toi aussi de toute évidence, non ? On est tous les deux impliqués au même degré dans cette histoire.
— Oui, mais moi je viens d'y penser. », fit alors Jimin avec un petit sourire.
Jungkook soupira à nouveau et se laissa complètement tomber en arrière sans même s'inquiéter de savoir ce qui se trouvait dans son dos. Des petits cris résonnèrent et des rongeurs se faufilèrent entre leurs jambes vers la sortie.
« C'est pas dit que ce soit ça, Kook... On avait une autre hypothèse tout à l'heure, positive et accroche toi à ça.
— Alors maintenant c'est toi l'optimiste et moi le mec qui pense qu'on va jamais s'en sortir ?
— Que veux-tu, on se complète plutôt bien, toi et moi. », fit Jimin sans lâcher ce petit sourire taquin qu'il arborait.
« MAIS JIMIN, SI IL Y A VRAIMENT UN GUNIN AVEC EUX ? ON FAIT QUOI ?! Imagine que c'était bien dans un des entrepôts qu'on a passé ! IMAGINE ! C'est pour ça qu'on aurait l'impression de tourner en rond ?! C'est pour ça que même l'enquête de l'Armée n'a rien donnée ?! PUTAIN JE SAVAIS QUE C'ÉTAIT TROP LOUCHE QU'UNE ORGANISATION DE CETTE TAILLE LA PASSE INAPERÇUE !
— Jungkook...
— C'est sûr qu'ils ont un gunin avec eux ! C'était bien trop évident ! PUTAIN !
— Jungkook ! »
Cette fois la voix de Jimin fut plus tranchante, bien que posée. Le châtain le sentit se poser sur ses cuisses et prendre ses joues dans ses mains, plantant son regard dans le sien.
Pourtant Jungkook leva les yeux, visiblement trop énervé.
« Putain, Jimin, c'est vraiment pas le moment ! CA TE FAIT RIEN TOI OU QUOI ? ON A TOURNÉ UNE SEMAINE POUR RIEN ! ON S'EST TAPÉS CETTE VIEILLE CAMBROUSSE POUR R- »
Il fut interrompu lorsque les lèvres de Jimin se posèrent précipitamment contre les siennes et que son front s'entrechoqua au sien avant d'y rester.
Il allait l'écarter en le repoussant lorsqu'il sentit tous ses muscles se relâcher et une chaleur douce l'envahir, l'enveloppant comme les mélodies des chansons douces savent si bien le faire.
"calme toi, mon cœur..."
Et presque comme s'il s'agissait d'un ordre, la colère de Jungkook s'envola, lui donnant l'impression qu'un poids venait de partir de son âme, comme un oiseau libéré de sa cage. Son rythme cardiaque aurait aimé se réguler, s'apaiser, si seulement Jimin ne l'avait pas appelé ainsi, car à présent il battait pour lui.
Sans qu'il ne soit en mesure de répondre, comme dans un état de transe, il sentit les lèvres du blond se presser encore contre les siennes, les embrassant doucement, profondément, puis s'écartèrent.
"rouvre les yeux..."
Et à mesure que Jungkook parvenait à rouvrir ses paupières, le front du blond se décollait du sien.
« Ça va mieux..? », lui demanda-t-il avec une pointe de tendresse qui fit fondre le châtain.
« Oui... Merci. »
La vérité était qu'il s'était mis comme dans une couveuse l'espace d'un instant, à l'abri d'absolument tout, de ses pensées comme du temps. Il avait l'impression qu'il aurait pu y rester toute sa vie, à l'abri dans ce cocon chaud créé par celui qu'il aimait.
Jimin allait se lever lorsque Jungkook l'en empêcha, attrapant ses hanches.
« Refais-le.
— Ça ne servira plus à rien.
— Mais je crois que cette sensation de t'avoir dans mon esprit m'avait manqué... »
Alors Jimin étira un sourire. Il ne pouvait nier qu'entrer dans l'esprit de Jungkook lui apportait une certaine nostalgie: il avait l'impression à nouveau de le retrouver à nouveau, son Jungkook timide et innocent.
Alors qu'il reposait délicatement son front contre le sien, Jungkook chercha ses lèvres des siennes, remontant l'une de ses mains derrière sa tête, lui caressant les cheveux.
Cette fois, alors qu'il sentait l'aura douce du blond s'insérer dans son âme, il remarqua qu'il avait encore le contrôle de son corps, alors il continua de l'embrasser. Puis ce fut comme si quelque chose le tira à l'extérieur de lui-même: comme si Jimin venait d'ouvrir une porte vers sa propre âme.
C'était une sensation étrange que celle de sentir deux battements différents de cœurs, de sentir leurs deux respirations et leurs lèvres s'entremêler.
« Est-ce que c'est ce que tu ressens à chaque fois ..? », murmura Jungkook
« Avec toi, oui. Parce que nos esprits se sont apprivoisés à force d'être connectés... »
Le cœur de Jungkook rata alors un battement.
« Je comprends mieux pourquoi tu perds la tête dès qu'il s'agit de...ça... C'est... wow. Je me sens complètement perdu...
— Tu veux que je romps la connexion ?
— Surtout pas. », fit le châtain dans un souffle avant d'intensifier son baiser. « Laisse-moi sentir ce que tu ressens un peu plus longtemps...
— Ok. », soupira Jimin contre ses lèvres.
Immédiatement, les mains de Jungkook passèrent sous le sweat du blond, remontant contre sa peau. Il ressentait ses frissons, ceux du froid qui mordait sa chair, mais surtout ceux de l'ivresse de son toucher comme s'il était celui qui le vivait.
Il soupira de plaisir et se perdit seul dans son propre désir alors que le blond étira un sourire joueur. Voir Jungkook dans cet état pour si peu était réellement amusant. Et s'il lui faisait goûter à l'ivresse que lui ressentait ?
A cet instant l'endroit n'importait plus, seules les étoiles étaient témoins de leur dépravation.
Les étoiles... et leurs téléphones.
Jimin engouffra sa main dans la poche de Jungkook, tirant son téléphone, puis il les écarta d'un claquement de doigts, les foutant au fond de l'entrepôt, là où il serait compliqué de les entendre.. Du moins jusqu'à un certain stade. Mais lui-même n'était plus en état de réfléchir davantage.
Il pressa son corps entier contre Jungkook, avide de son contact, et le châtain réagit immédiatement d'un soupir, pressant maintenant ses mains sur les fesses du blond pour que leurs entrejambes ne se pressent, bougeant son bassin pour qu'ils ne se frottent.
« Putain, Jimin, j'ai tellement envie de toi...
— Moi aussi... Viens là... »
Sur ces mots, il tira Jungkook vers lui, le redressant de cet amas incertain sur lequel ils étaient installés. Il attrapa ses cuisses et le porta contre lui jusqu'à ce que son dos soit appuyé contre le mur.
Leurs souffles étaient courts. Les battements de leurs cœurs jouaient à l'unisson dans leurs poitrines. Leurs esprits étaient flous, il n'y avait qu'une chose qu'ils voyaient clairement: eux.
Ils se pressèrent. Se frottèrent. Soupirèrent. Mais ils en voulaient...
« Plus... », l'implora Jungkook dans un souffle sensuel, s'accrochant à son cou comme si sa vie en dépendait.
Alors, comme synchronisés, ils débouclèrent la ceinture de l'autre dans des mouvements incertains, leurs esprits plus préoccupés par leur baiser que par l'action de leurs doigts, imprécis.
Jimin descendit le treillis et sous-vêtement de son amant jusqu'à ses cuisses et ils se caressèrent mutuellement jusqu'à ce que les doigts du blond ne descendent davantage, se logeant entre ses jambes, remontant entre ses fesses.
Il se pressa contre son antre, puis y pénétra, arrachant un couinement au châtain qui rompit le baiser pour laisser sa tête glisser vers l'arrière, lèvres entrouvertes, se laissant librement aller à ses gémissements et soupirs.
C'était enivrant. Ils se désiraient tellement que tout était comme hâtif.
Jungkook avait mal, Jimin le savait, il savait qu'il était en train de le blesser. Mais c'était excitant, trop excitant, pour l'un comme pour l'autre. Il inséra un deuxième doigt sans prendre la peine de lubrifier. Il voulait le prendre, là, maintenant, contre ce mur, il voulait le faire crier comme jamais Jungkook n'avait crié.
Et Jungkook le voulait aussi: voulait sentir Jimin se déchaîner en lui quitte à le détruire.
D'un geste brusque, le blond retourna le plus jeune, le mettant face à la paroi. Il baissa son boxer et cracha dans sa main avant d'étaler sa salive contre sa verge si tendue et excitée.
Il maintenait son visage contre le mur, pressant sa nuque alors que ses reins vinrent contre les fesses du châtain, appuyant son gland contre son antre jusqu'à ce qu'il ne s'y glisse de force.
Et Jungkook cria une première fois. Ils se sentaient brûler. La deuxième main de Jimin se serra fermement sur les hanches de Jungkook, le maintenant alors qu'il commençait à bouger en lui comme il le pouvait. Il était si étroit, si chaud. Leurs gémissements faisaient échos entre leurs corps alors que les mouvements devenaient de plus en plus puissants.
Sauvages.
Il n'y avait plus rien d'humain dans ces mouvements, dans leurs désirs. Ils voulaient seulement exciter leurs âmes jusqu'au point de non-retour, il n'y avait plus que ça, et qu'importe s'ils s'immolaient dans leurs propres passions.
La raison de Jimin réussit à intervenir, posant sa main sur les lèvres de Jungkook, les pressant, étouffant ces cris qu'il voulait pourtant tant entendre. Mais ce n'était que partie remise car il les entendait à travers leur connexion: chaque coup de reins provoquait en lui quelque chose de violent, et le blond ne le ménageait pas.
Il se courba sur le corps de son amant, mordillant sans aucune délicatesse sa nuque, se substituant à un baiser à la hauteur de perversion.
« Touche moi... Je vais venir... », parvint à implorer le châtain contre sa main.
Jimin étira alors un sourire malicieux contre sa peau.
« Supplie-moi. Appelle-moi "maître".
— Vas te faire f- »
Jungkook fut arrêté par son propre cri que Jimin étouffa aussitôt de ses doigts, forcé par un mouvement particulièrement tyrannique.
« Maître, putain... Ahh.... »
Alors Jimin, haletant, déplaça sa main jusqu'à son sexe, le branlant vigoureusement au rythme de son bassin, jusqu'à ce que la chaleur ne monte dans leurs ventres, contractant leurs muscles, jusqu'à ce que ce ne soit à la limite du supportable et que Jungkook ne vienne dans ses doigts.
Le blond, perdu dans son désir en oublia presque de se retirer mais y parvint au dernier moment, haletant, le front contre le dos du châtain.
Malgré leurs esprits encore engourdis, ils eurent le réflexe de remonter leurs sous-vêtements et reboucler leur ceintures avant de tomber dans les bras l'un de l'autre, exténués et fiévreux jusqu'à ce que leur température ne redescende lentement.
« Désolé... Je t'ai fait mal... », articula finalement Jimin en laissant son visage se perdre contre l'épaule du châtain qui sourit timidement.
« Franchement, j'en ai rien à foutre...
— Je sais. Mais tu le regretteras demain.
— J'pense pas regretter ça un seul instant, même avec le cul en feu pendant une semaine. »
Jimin rit alors et se posa contre l'épaule de son bébé, lui gratouillant la tête de ses doigts.
« Je ne t'imaginais pas avec une voix aussi sexy... D'ailleurs, j'ai gagné notre pari, n'est-ce pas ?
— Tais-toi... C'était le truc le plus humiliant de ma vie, sérieux... Même toi j'sais pas comment tu as pu me demander de t'appeler comme ça sans être gêné...
— Je l'étais, mais j'étais motivé... »
Leurs regards se levèrent alors vers le ciel étoilé devant eux.
« C'est la première fois que je vois autant d'étoiles...
— C'est parce qu'on est perdus dans la cambrousse. Il n'y a pas une seule lumière artificielle pour gâcher la leur.
— Dis, Jimin... Tu te souviens du week-end où nous sommes allés en mission non-autorisée ? Avec la moto.
— Comme si c'était hier.
— Tu m'avais dit que lorsque tout serait terminé on irait quelque part, rien que tous les deux. Tu y crois encore ?
— C'est mon souhait plus que jamais...
— Je ne pense pas que toute cette histoire aura une fin qui nous permette de le faire...
— ... Ne dis pas ça, s'il te plait...
— Mais si jamais on y arrive. Je veux qu'on aille dans un endroit où il y aura ce ciel. Loin de tous les autres. Loin des voix qui résonnent dans ta tête. Juste toi et moi perdus au milieu de nul part...
— Il parait que le ciel est magnifique en Europe du Nord. Je te montrerai les aurores boréales.
— C'est une promesse ?
— Oui.
— Alors quand ça sera terminé, allons nous installer dans une petite maison face à un lac, en Norvège. Comme ça les étoiles et les aurores boréales se refléteront sur la surface de l'eau.
— Faisons ça... », murmura Jimin en se redressant, embrassant délicatement son front. « Je t'aime, Jungkook...
Les étoiles se reflétèrent alors dans les yeux humides du châtain qui les referma, posant son front contre Jimin.
« Je t'aime aussi. »
Leur promenade du lendemain ne donna rien. Ni dans cette ruine, ni dans l'autre. Pas de passage secret ou quoi que ce soit d'étrange ou de rouge.
Alors ils contactèrent l'Armée qui envoya un hélicoptère les rechercher: il était temps qu'ils s'abandonnent à nouveau et retournent à leurs combats pour se regarder à nouveau comme des inconnus ou presque, comme des connaissances indifférentes l'une à l'autre.
L'Armée recherchait activement la liste des Bunkers et sous-sols abandonnés, comme ils l'avaient demandé, mais les recherches prenaient du temps alors que des petites mains remontaient dans des archives manuscrites des premières guerres.
Ils allaient inspecter les lieux au fur et à mesure qu'on leur faisait parvenir une adresse, sans jamais rien trouver. On leur promettait toujours plus de lieux, mais plus le temps passait, plus ils arrivaient au compte goutte.
[...]
Jungkook était allongé sur son lit, tête posée sur ses mains, fixant le plafond blanc. Ses idées vaguaient. Cela faisait maintenant une semaine qu'il n'avait pas vu Jimin s'il exceptait le combat de la veille où il n'avait fait qu'apercevoir sa silhouette de loin aux prises avec une dizaine de gunins. Ils s'étaient cette fois écartés du fleuve et n'avaient été détectés que lorsqu'ils étaient parvenus dans un quartier commercial de Séoul. Ils s'attaquaient au centre ville, aux passants: ils n'avaient plus peur et faisaient trop de victimes, de plus en plus, inexorablement.
Les choses se produisaient comme une fatalité. Le timing se resserrait. Tous le sentait mais préféraient éviter d'en parler pour ne pas contaminer les autres de leur angoisse. Pourtant tout le monde était dans le même cas, le châtain le savait, tout comme son amant devait le voir plus que n'importe qui et en souffrir.
Ils ne pouvaient plus attendre qu'un coup de chance ne leur indique où se passait les transferts des kidnappings, et plus le temps passait, plus, même en parvenant à arrêter ce trafic, l'impact serait moindre.
Il se releva lentement, accrocha son harnais à son torse, puis se dirigea vers l'entrée du camp pour demander un chauffeur.
La voiture le conduit dans le silence jusqu'à BH.
« Je vous attends ici, sergent ?
— Oui, attendez-moi. Allez dans le parking. »
Il claqua la porte et monta les quatre marches qui le séparaient de la porte automatique qui se glissa poliment sur le côté alors qu'il s'approchait. Il salua la réceptionniste d'un signe de tête, continuant d'avancer. Il savait ce qu'il avait à faire et où aller.
« Attendez, M. Jeon ! Vous ne pouvez pas entrer comme ça ! »
Mais il ne l'écoutait pas. Il s'engouffra dans la cage d'escalier et descendit les marches le plus rapidement possible. Il savait que Jimin était dans ce bâtiment. Il lui suffirait de monter, mais il ne pouvait pas le voir. Il combattit ce sentiment de frustration et tapa le code d'accès de l'atelier de Namjoon dont il se souvenait à peu près. Au bout de deux tentatives, la lourde porte se déverrouilla.
Les regards d'une dizaine de personnes, jusque-là plantés sur des écrans, se levèrent sur lui. Namjoon se leva de sa chaise, confus et s'approcha, laissant les assistants qu'il avait réclamé s'occuper de la suite.
« Jungkook ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu viens voir Jimin ? »
Le sergent lui sourit alors tristement, remarquant les énormes poches noires sous ses yeux fatigués.
« Non, je n'ai pas le temps. Je viens te voir à la demande du colonel Lee, on a besoin de quelque chose rapidement. », mentit-il.
« Ah ?
— Est-ce que tu aurais une sorte de traceur gps ? Le plus petit possible. Et totalement indétectable.
— Hmmm... Oui, je dois avoir ça. Mais si tu veux un truc pas détectable on en a dans une autre matière, mais plus gros que les petits qui sont détectables... Viens avec moi. »
Ils s'approchèrent alors d'une étagère où étaient entreposées tout un tas de babioles. Namjoon tira un tiroir métallique et attrapa un objet rectangulaire de la taille d'un légo.
« Est-ce que ça tirait comme taille, ça ?
— Tu n'as pas plus petit ?
— C'est mon plus petit... S'il t'en faut un encore plus petit, il va falloir que je travaille dessus. Ça ne sera pas compliqué si je sacrifie celui-ci pour récupérer les éléments importants et reproduire le reste en plus petit. Mais là, comme tu le sais, je suis assez occupé donc...
— S'il te plait. », le pressa Jungkook en levant vers lui un regard aussi déterminé que désolé.
« C'est si important que ça ? Si urgent ?
— Ça l'est. C'est... une grosse opération, et tout repose dessus.
— Okay... Alors repasse dans 5 jours.
— 5 jours ?! »
Jungkook soupira, indécis. Il passa sa main dans ses cheveux, comme si dégager son front allait l'aider à mettre de l'ordre dans ses idées. Puis il l'attrapa des mains du leader de Bangtan.
« Ça fera l'affaire. »
Namjoon haussa un sourcil.
« Tu es sûr que ça va ..?
— Oui, ne t'en fais pas ! L'opération me rend nerveux. Je vais sûrement les seconder un peu alors... Préviens Jimin que c'est normal si je m'absente quelque temps des combats.
— Tu vas t'absenter ?? Jungkook, je sais pas si tu réalises que ton rôle est primordial, tu as sauvé la vie de beaucoup de gens ces derniers temps.
— N'importe qui pourrait enfiler cette oreillette et faire le relais entre vous et les soldats.
— Ecoute... Je ne peux plus suivre les combats, mais, de ce que j'ai compris, ils te font totalement confiance et te suivent dans tes plans. Grâce à toi, ils arrivent enfin à utiliser les soldats, ils ne sont plus seuls. Mets quelqu'un d'autre à ta place et je te garantie que je les connais: ils se refermeront à nouveau sur eux et ne compteront plus les uns que sur les autres, comme on a toujours fait.
— ... Je suis désolé, Namjoon. Mais c'est vraiment important. Alors.... Dis lui de ne pas s'inquiéter, s'il te plait lorsque l'opération commencera et que je disparaîtrai.
— ... Dis-lui toi-même. Et dis au colonel de trouver quelqu'un d'autre pour s'occuper de sa foutue mission. »
Jungkook soupira alors et tourna les talons, commençant à s'en aller en levant le traceur.
« Merci pour ça en tout cas.
— Ouais... »
Le paysage défilait par la fenêtre. Il faisait tourner l'objet rectangulaire dans ses doigts, l'inspectant sous tous les angles. Il n'avait vraiment pas prévu de se retrouver avec quelque chose d'aussi gros. Qu'importe, la seule différence sera la taille de la cicatrice.