Tyana se massa doucement la main. Oscar n'y était pas allé mollo.
— Je t'ai fait mal ?
— Non, ça va, mentit-elle.
Elle déplia et étira ses doigts, comme si de rien n'était.
— C'est ça, je te crois, ironisa l'Australien.
Il lui attrapa la main pour la masser délicatement à son tour.
— T'as la main rouge. Désolé.
— La situation aurait été dans l'autre sens, tu aurais fait comme moi. N'essaye même pas de me contredire.
Il haussa les épaules, presque désinvolte. Ses yeux passèrent sur le visage de sa belle, la dévorant du regard comme pour graver chaque centimètre de sa peau dans sa mémoire.
— Tu as raison, admit-il enfin.
Ils étaient légèrement à l'écart, éloignés du repas qui se déroulait quelques mètres plus loin pour se réunir et penser à la personne partie une dernière fois.
Les larmes s'étaient taries et ne restaient plus que les rires et les souvenirs.
— L'épine de la rose t'a griffé la main, remarqua Tyana.
Oscar haussa une nouvelle fois les épaules mais cette fois, ce n'était pas de la désinvolture.
— Petit koala... Arrête de tourner ton visage, je veux voir tes beaux yeux même s'ils sont plein de larmes. T'es beau même comme ça.
Il daigna enfin tourner entièrement son visage vers elle et Tyana ancra son regard dans le sien.
— Je suis là. C'est une promesse.
***
— Ça n'aura pas été facile, murmura Nicole.
Oscar glissa sa main dans celle de sa mère, tentant de lui apporter un peu de réconfort.
— On est là, maman.
La matriache ouvrit la porte et tous entrèrent dans le silence.
— Il est quelle heure ?
Chris jeta un coup d'œil à sa belle-fille.
— Dix-huit heures quarante.
Tyana le remercia.
— J'ai une réunion en visio à dix-neuf heures, les informa-t-elle.
— Ah bon ? s'étonna Edie en se laissant tomber dans le canapé, vite imitée par le reste de sa fratrie.
— Il sera dix heures à Londres. Et je ne suis pas en vacances, ajouta-t-elle, ils sont incapables de se passer de moi.
Oscar rit doucement à sa remarque.
— Tu voudras te mettre où ?
— Là où ça vous arrange.
— Oscar n'a pas de bureau, tu peux te mettre dans ma chambre, proposa Mae.
— Si ça ne te dérange pas...
— Absolument pas, j'ai le bureau le mieux rangé de cette maison en plus.
— Pas faux, acquiesça Attie.
— Merci, c'est adorable.
— Une place sur le canapé, peut-être ? lança Oscar en la voyant chercher des yeux une place.
— Je peux aussi te virer de là.
— Tu n'y arriverais pas.
— Bien sûr que si. Il y a des tas de manières pour réussir mais je préfère ne pas les utiliser. Décale.
Le pilote s'exécuta et elle se laissa tomber à côté de lui. Sa tête se posa immédiatement sur son épaule et ses yeux se fermèrent.
— T'endors pas.
— T'es confortable, bouille d'ange.
— Je sais.
Tyana avait conscience que les habitants de la maison allaient et venaient, que les sœurs d'Oscar étaient à côté et regardaient la télévision, mais à cet instant, elle ne profitait que de la paix et de la tranquillité.
Elle était dans sa bulle.
— Tyana ?
Elle grogna et Oscar s'esclaffa.
— Il est dix-neuf heures moins cinq.
— Et ?
— Je sais que c'est de ma faute si tu es obligée de travailler si tard. Mais il va falloir que tu te lèves.
— Je ne bougerai pas, pesta-t-elle.
Il se leva, la tira pour la mettre debout avant de la porter.
— Oscar, lâche-moi ! paniqua-t-elle. Lâche-moi !
— Oscar, le réprimanda sa mère.
— S'il te plaît, le supplia presque la data scientist.
— Tu ne me fais pas confiance ?
— Si mais il y a des escaliers, alors je suis pas trop sereine.
Il la reposa doucement au sol et Tyana respira enfin.
— Allez, vas-y.
Elle monta les escaliers en ronchonnant et il la suivit en rigolant.
— Tyana, attends.
Elle était installée sur le bureau de Mae et s'apprêtait à lancer la réunion.
— Un bisou ?
Tyana sourit et s'empressa de plaquer ses lèvres contre les siennes.
— Merci, souffla-t-elle. Ça me fait comme un calmant. Un calmant.
***
— On t'a gardé des pâtes, l'informa Edie quand Tyana descendit dans le salon.
La data scientist sourit.
— C'est gentil, merci.
— Je te les fais chauffer ? proposa Oscar en la rejoignant dans la cuisine.
— Ne t'embête pas.
— Ça ne m'embête pas.
Elle leva les yeux au ciel, ne parvenant pas à réprimer un sourire.
— Merci, mon koala.
— C'est normal.
Tyana se laissa tomber sur une chaise libre et soupira. Il était presque vingt-et-une heures et elle n'avait pas pris le temps de manger.
Oscar posa l'assiette devant elle et elle murmura un remerciement. Elle sourit quand il l'enlaça et déposa un baiser au coin de ses lèvres. Tyana tourna la tête pour faire se rencontrer leurs lèvres et il s'écarta.
Tyana le fusilla immédiatement du regard et Oscar éclata de rire.
— J'adore quand tu fais cette tête. Tu es beaucoup trop mignonne. Allez, mange.
Elle s'exécuta, avalant sans trop d'appétit son repas, alors que l'Australien s'assit sur la chaise d'à-côté.
— Ça va ? demanda-t-elle au pilote qui semblait perdu dans ses pensées.
— Oui. Enfin, je crois, nuança-t-il en remarquant qu'il lui mentait presque. La journée n'a pas été facile.
Tyana lui offrit un sourit compatissant. Elle finit son repas, débarrassa et fit la vaisselle. Elle s'approcha d'Oscar pour l'étreindre doucement.
— J'veux dormir et tout oublier, geignit-il.
— On va aller se poser dans ta chambre alors.
Tyana le poussa légèrement pour qu'il sorte de la pièce et éteignit la lumière de la cuisine.
Oscar se laissa tomber dans son lit alors que Tyana fouillait dans sa valise pour prendre ce dont elle aurait besoin pour sa douche.
Quand elle eut fini et était propre comme un sou neuf, elle se dépêcha de se glisser sous la couette et de se blottir contre l'Australien.
— Ma belle. T'en as mis du temps.
— J'ai mis dix minutes, n'exagère rien.
— Longtemps quoi.
Tyana se retint de lever les yeux au ciel alors qu'elle déposait un baiser sur sa mâchoire, puis sur ses commissures. Oscar en posa un sur le bout de son nez et elle sourit.
— Je suis tellement heureuse de t'avoir rencontré.
— C'est le plus beau des concours de circonstances.
— C'est vrai que t'es beau.
Oscar sourit.
— Tu es magnifique. Très séduisante quand tes cheveux sont emmêlés comme ça. Rayonnante quand tes lèvres s'étirent en ces sourires dont tu as le secret. Hypnotisante quand tes yeux sont illuminés par cette lueur.
— Tu serais pas amoureux ? plaisanta Tyana pour cacher la rougeur de ses joues.
— Si, comme toi. J'attends un discours.
— J'ai toujours détesté l'anglais mais je peux te le faire en français.
— T'es pas bilingue, pourtant ?
— Si ta langue maternelle n'est pas l'anglais, tu es forcément bilingue pour travailler en F1.
— Bah, je dirais pas que Charles est bilingue non plus vu son accent...
— Et le mien, ça va ? C'est pas un Australien qui va répondre à ça, réfléchit-elle.
— Eh !
Il fronça légèrement les sourcils en soupirant.
— J'ai pas le droit à une petite déclaration ? réclama-t-il. C'est pas juste.
— Pleurniche pas, bouille d'ange.
— C'est pas réciproque, c'est ça ? fit-il mine de se lamenter. Je le savais depuis...
— Tais-toi. C'est moi qui ai fait le premier pas.
— Clairement ta plus grande fierté.
— Alors, sans vouloir te décevoir, c'est d'être arrivée en F1 ma plus grande fierté. Ou avoir battu ma leucémie.
— Je suis pas placé haut dans la liste des priorités.
— Arrête, p'tit con, rit-elle.
— M'insulte pas.
Il allait encore protester quand elle joignit ses lèvres aux siennes, le faisant enfin taire.
— Ah, du silence, se réjouit Tyana.
— Abrutie.
— M'insulte pas, l'imita-t-elle.
Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres qu'Oscar embrassa.
— Tu es beau, très séduisant - je suis obligée de l'admettre -, mignon - autant dans les apparences que dans le comportement -, adorable, patient. Arrête de me regarder comme ça, je vais rougir.
Oscar détourna le regard. Il ne s'était pas rendu compte qu'il la dévisageait, la dévorant du regard.
— Et t'es bien plus beau que Lando, ajouta Tyana dans un sourire.
— Toujours pas convaincue par la barbichette ?
— Toujours pas. Je préfère ta bouille d'ange. Les goûts et les couleurs, comme on dit.
— On dit pas ça ici.
Tyana leva les yeux au ciel.
— Forme-toi aux expressions de la langue de Molière.
— J'attends que tu m'apprennes.
— T'es un peu dragueur.
Elle se redressa, la position commençant à lui faire mal au dos et se cogna contre la tête du lit. Elle lâcha un gémissement de douleur, grommelant.
— Purée, ça fait super mal. Je suis débile.
Elle se massa doucement la tête et dévisagea Oscar qui la regardait avec un petit sourire accroché aux lèvres.
— Quoi ?
— T'es très séduisante quand tu parles français.
— Moi, j'aime bien ton accent australien.
Oscar sourit avant de se relever à son tour. Il en profita pour poser ses mains sur ses joues et un baiser sur ses lèvres. Tyana s'empressa d'approfondir le baiser, glissant ses mains dans les cheveux du pilote.
Les lèvres d'Oscar abandonnèrent les siennes pour parcourir le reste de son visage jusqu'à se perdre dans sa nuque. Elle déplaça légèrement ses cheveux pour lui faciliter la tâche et il sourit contre sa peau.
Tyana ferma les yeux, se concentrant de cette douce sensation dont elle profita chaque seconde. Elle sentit un frémissement parcourir son corps, puis un autre frisson. Elle abandonna sa peau aux lèvres d'Oscar - et son cœur, il fallait se l'avouer.
Elle savait qu'il pouvait la briser. Il savait qu'elle pouvait le briser. Mais ils savaient qu'ils ne le feraient pas.
Parce que ce n'est pas parce qu'on dispose d'un pouvoir qu'on doit à tout prix l'utiliser.
Alors Tyana embrassa Oscar avec un sentiment indescriptible, mêlant passion, fougue et surtout amour.
***
La fin de l'écriture de ce chapitre est située entre le premier et le second tour des législatives (2024 of course pour ceux qui arrivent après).
Ça a sûrement inspiré l'avant-dernier paragraphe...
J'espère que ce chapitre vous a plu et que vous avez passé une bonne journée depuis le dernier. À chaque coup de mou, je me rappelle qu'Oscar a gagné et ça me redonne le sourire !
(Méthode testée et validée.)
À mercredi, prenez soin de vous <33