Nora Wilson.
| Monaco. Dimanche 30 Juillet 2023. |
Mes AirPods dans les oreilles, je cours à travers les allées sinueuses du sentier du littoral qui longe la grande bleue. J'ai traîner au lit durant un petit moment avant de me décider à me lever enfin. Au réveil, je ne me sentais pas en super, probablement dû à la fatigue accumulée ses dernières semaines. Même si je me suis chauffé pour sortir courir histoire de m'aérer la tête, je ne me sentais pas apte à aller courir jusqu'à là-haut.
Habituellement, je vais courir le long de la plage du Larvotto. C'est là que j'ai pris mes habitudes depuis que j'ai mis un pied dans la principauté. Le matin, c'est un droit relativement calme qui permet de s'extraire un peu des rues de Monaco et puis il faut dire que c'est aussi un bon baromètre de ma forme physique. J'essaye toujours d'arriver à la pointe de la veille en moins de trente minutes mais bien souvent, je fini par m'arrêter au beau milieu de la côte et marcher tranquillement sur les dernières mètres parce que la vue a beau être très sympa, le faux plat entre la plage et la pointe ne pardonne pas. n'est pas des plus simples et fini toujours pas me rattraper.
Le chemin sur le bord de mer est super agréable. Il y a quelques promeneurs qui ont choisis de s'y aventurer mais surtout des coureurs du dimanche qui ont probablement déjà arpenter les rues de la principauté de long en large et qui aujourd'hui, ont envie de fuir toute la population présente sur le rocher en cette période d'été. Entre touristes et milliardaires, la frontière se fait étroites et la population sur le rocher s'est nettement agrandie depuis le début de l'été.
Focalisé sur le paysage devant mes yeux, je reviens à moi quand la musique se coupe à travers mes AirPods et que la sonnerie de mon téléphone la remplace. On est en train de m'appeler. Le prénom de mon pilote apparaît sur l'écran que je sors de ma poche et je m'empresse de décrocher.
Moi_ Salut toi.
Charles_ Salut beauté.
Moi_ Que me vaut l'honneur de cet appel ?
Charles_ Je sais que tu meurs d'envie de m'appeler mais que tu n'oses pas alors je le fais pour toi, je rigole. Ça va ?
Moi_ Ça va et toi ?
Charles_ J'ai réussi à m'échapper des griffes de Joris et Andrea le temps de quelques minutes, tout va bien.
Je souris en m'arrêtant de courir. Le vent chaud me fouette le visage alors que j'arpente le petit chemin en marchant tranquillement pour reprendre mon souffle en prenant la direction de chez moi.
Charles_ Je te dérange pas ?
Moi_ Pas du tout, j'étais juste en train de courir.
Charles_ Un footing ?
Moi_ J'entretiens mon corps de rêve en éliminant croissants que Joris à ramener.
Charles_ T'as pas besoin de ça...
Moi_ Après, rien ne t'interdit de faire la même chose. Tu sais ?
Charles_ Acheter des croissants ?
Moi_ Bien sûr ! J'adore les croissants !
Charles_ Tu m'en as jamais demandé.
Moi_ J'en ai pas demande à Joris et il en a quand même ramené !
Je l'entend rire à travers le combiné. Je ne vais certainement pas manquer de lui rappeler cette chose durant un bon moment parce que personnellement, ça m'a fait toute ma journée de mercredi. Il en avait prit tellement que j'ai même pu en faire réchauffé pour le lendemain, de quoi bien rattraper tout ce temps à Londres où les croissants sans beurre étaient monnaie courante.
Charles_ Je t'ai acheté des fleurs, moi.
Moi_ Tu devais te faire pardonner.
Charles_ Et j'imagine qu'il y a prescription si je t'avoue que c'est grâce à Pierre si je suis venu avec des fleurs ce soir-là ?
Moi_ Quoi ?!
Charles_ Il y a prescription, j'ai dit !
Moi_ En fait, t'es pas si parfait que ce que tes fans pensent, il rigole.
Charles_ Tant que je suis parfait pour toi, ça me va.
Touché. Coulé. Je ne peux pas lui en vouloir pour les fleurs, je veux dire... Ce n'est que matériel, n'est-ce pas ? Et puis, ce n'est pas Pierre que j'ai vu débarquer tout penaud chez mon frère avec un bouquet à la main en ne sachant pas comment j'allais pouvoir l'accueillir. Il y a bien prescription.
Charles_ Il va falloir que j'y aille, il souffle. On s'appelle ce soir ?
Moi_ Je serais devant mon écran cette après-midi.
Charles_ J'ai pas le choix de faire un podium alors.
Moi_ T'as intérêt, je souris. Mais fais attention à toi, ne prend pas trop de risques.
Charles_ Promis.
Je sais que c'est un de ses circuits préférés mais je sais aussi que ce circuit n'est pas celui qui pardonne le plus. Hier, il a passé la soirée avec Pierre qui avait organisé une marche pour leur ami Anthoine dont la vie s'est envolée sur ce circuit il y a 4 ans mais aussi pour le jeune pilote néerlandais qui a perdue la vie tout début juillet au même endroit, sur ce même circuit. Ce n'est pas des choses dont il parle beaucoup, probablement par pudeur mais ça le touche forcément.
Charles _ Attend, raccroche pas... Lalou ?
Moi_ Oui ?
Charles_ Je t'aime.
Mon cœur loupe un battement. Du peu que je me souvienne, j'ai toujours eu du mal à exprimer ce genre de choses, probablement par rapport à mon enfance. J'aimerais qu'on soit ensemble plutôt qu'à des centaines de kilomètres l'un de l'autre mais j'ai tellement vu ma mère partir et revenir sans arrêt de ses rotations de vol que finalement, je crois que j'ai fini par m'habituer à cette absence et à cette vie bancale que j'ai vécu pendant mes vingt premières années mais à cet instant, je réalise qu'il me manque plus que je ne le laisse paraître.
Moi_ Moi aussi... Sois prudent, s'il te plaît.
Je me répète alors qu'il me rassure encore une fois avant de se faire intercepter en italien. Je devine qu'il s'agit d'Andrea qui le rappelle à l'ordre alors je ne le laisse pas se faire réprimander plus longtemps est raccroche en lui disant qu'on se rappelle avant de reprendre ma course à pied.
En sortant du sentier, l'air est de plus en plus étouffant. La fraîcheur des vagues a été remplacé par la chaleur écrasante du bitume au sol. Les derniers mètres sont les plus durs et je suis soulagé lorsque je franchis enfin les portes de mon immeuble dont la climatisation souffle à plein régime.
Dans mon appartement, je prend le temps de me déchausser avant de rejoindre directement la cuisine. Je m'empresse une bouteille d'eau fraîche du frigidaire ainsi qu'une barre de céréale du placard avant de m'installer derrière mon îlot pour jeter un coup d'œil à ce qu'il se passe sur les réseaux et répondre aux nouveaux messages de mon meilleur ami avant qu'un message de ma belle-sœur n'apparaisse à son tour.
De Livia à moi_
Lasagne à la maison, ce midi ? Il parait qu'on a un grand prix à regarder. 😉
Je rédige rapidement une réponse en lui disant que si elle prend par les sentiments comme ça, je serai chez eux dans une heure. Il faut croire que mes plans pour cette après-midi viennent de changer et pour être honnête, ce n'est pas pour me déplaire parce que cette course ne m'aspire pas vraiment confiance. Je ne suis pourtant pas du genre à m'intéresser à ce qu'il se dit dans les médias ou autres mais avec ce dernier accident mortel qui a eu lieu en début de mois, je reconnais que je n'ai pas pu m'empêcher de lire des choses ses derniers jours et je ne suis pas des plus sereines.
Il est presque onze heure lorsque je me précipite dans ma salle de bain. Une douche plus tard, je me dirige dans le dressing pour enfiler une robe blanche qui sera parfaite un panier en guise de sac à main et mes sandales Oran. Vu le temps dehors, je ne prend même pas le temps de me sécher les cheveux qui sécheront forcément avec cette chaleur et me maquille légèrement. Sur le meuble de l'entrée, je prend mes lunettes de soleil que je met directement sur ma tête et sors de chez moi pour descendre récupérer ma voiture dans le parking sous-terrain.
Il était devenu essentiel que je fasse l'acquisition d'une voiture pour être plus libre de mes mouvements alors j'ai fini par louer une petite citadine italienne. Pour ça, j'ai quand même été très influencé par les gens qui m'entoure parce qu'ici, de Gabriel à Livia en passant par Lorenzo, chacun d'eux roulent avec une Alfa Romeo et je ne parle même pas de Charles qui a occupé ma deuxième place de parking avec sa stelvio quadrifoglio jusqu'à ce qu'il parte avec mercredi dernier.
Avec la circulation, je met une vingtaine de minutes pour arriver en haut des quartiers de Saint-Roman et trouve rapidement une place au pied de l'immeuble. J'entre dans le hall de l'immeuble et grimpe directement dans l'ascenseur jusqu'au dixième étage. L'odeur des lasagnes de Livia se répand dans le couloir au moment où les portes de l'ascenseur s'ouvre. Je me dirige directement vers la porte de l'appartement n°103 et toque à celui. En quelques secondes, la porte s'ouvre et une tête brune m'accueille avec un large sourire sur les lèvres.
Gabriel - Je commençais à me demander où tu étais !
Moi - J'avais dit une heure.
Gabriel - Un quart d'heure de retard, il souffle. Mais c'est pas grave, viens là !
Il m'attire vers lui et m'embrasse le front alors que je souris avant de me lâcher pour que j'avance en direction de la pièce de vie où se trouve ma belle-sœur qui, occupé à mettre la table, s'arrête aussitôt pour venir m'enlacer chaleureusement comme elle le fait à chaque fois.
Moi - Je ne suis pas si en retard que ça finalement, j'esquisse un sourire. Tu vois, Gaby ?
Livia - C'est exactement ce que je lui ai dit, elle rigole. Ça va, ma belle ?
Moi - Très bien et toi ?
Livia - Super !
Je dépose mon sac dans un coin avant de les rejoindre autour de la table parfaitement dressé. Ça fait un petit moment que je n'ai pas mit les pieds ici mais je me sens toujours aussi bien.
Après quelques verres de vin, on se décide enfin à se mettre à table pour déguster les incroyables lasagnes de Livia et c'est de loin les meilleurs que j'ai pu goûté de ma vie. Quand Livia venait à Londres avec mon frère, je m'arrangeais toujours pour qu'elle nous en fasse et je ne compte même plus le nombre de fois où j'ai essayé, à maintes et maintes reprises, de les reproduire en vain. Je les savoure tout en gardant un œil sur la télévision allumé sur la chaîne canal qui diffuse la préparation des pilotes.
Et comme si le plat de résistance ne suffisait pas, elle a aussi fait un véritable tiramisu qui d'un commun accord, attendra le goûter et la fin de la course qui s'apprête à débuter.
Le tour de formation est lancé quand on arrive enfin pour s'installer confortable dans le canapé avec Livia à mes côtés et Gaby de l'autre. C'est parti !
Les feux éteints, les voitures s'élancent sur la piste. Charles partait en première ligne après que la Redbull de Max se soit vu reléguer au cinquième rang pour un changement de boîte de vitesse mais malheureusement, il ne faut pas longtemps pour que la monoplace du numéro onze lui passe devant, au grand désarroi de mon frère qui s'en donne à coeur joie en pestant sur le mexicain. C'est bien la première fois que je le vois aussi impliqué dans quelque chose, même lors du Grand prix de Monaco, il n'était pas aussi investi, c'est pour dire.
Gabriel - Merde ! Allez Charles !
La bataille des arrêts aux stands commencent alors que la pluie semble se mettre à tomber mais ce n'est visiblement pas suffisant pour obliger les pilotes à chausser les pneus pluies. Pendant ce temps, je ne peux pas m'empêcher de m'enfoncer dans le canapé en gardant un cousin que je serre contre moi. J'ai le droit d'être stressée, non ? Je le suis autant que lors de la course à Silverstone la semaine dernière si ce n'est plus.
Livia - Il est investi pour son nouveau beau-frère, elle me chuchote à l'oreille. Regarde-le !
Je lâche l'écran un instant pour l'observer comme me le demande ma belle-sœur. Il est assit au bord de la méridienne du canapé d'angle, en train de fixer l'écran avec les mains jointes devant lui comme si sa vie en dépendait et je ne peux m'empêcher de sourire.
J'ai peut-être agis bêtement en choisissant de ne pas lui confier certaines choses mais de ce que je peux voir aujourd'hui, c'est qu'il a prit le temps de les digérer et finalement tout à l'air de se passer pour le mieux. Maintenant qu'il est au courant, j'imagine que je peux organiser des rencontres officiels... Le genre de choses que j'ai fait une fois dans ma vie auparavant alors si jamais j'en doutais encore, je crois que ça devient de plus en plus sérieux cette histoire.
Più che serio même.
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Hellooooo ! Je suis vraiment super motivée en ce moment, je prend énormément de plaisir à écrire cette histoire alors merci à ceux qui prennent le temps de laisser un petit mot à chaque fois. 🫶🏼
J'ai aussi changé la cover du livre ! Je ne sais pas si vous préférez celle-ci ou celle qu'il y avait avant ?
En tout cas, j'espère que le chapitre vous a plus ! J'attend vos avis.
À très vite,
Léna ♥️