[Womanizer de Britney Spears]
Un brushing parfait. Un regard de braise, les iris brunes surmontées par de longs cils. Un sourire assuré, au bord de la prétention. Il adresse un clin d'œil à la caméra ainsi qu'un signe de paix et poursuit son chemin d'un pas de propriétaire.
Il toque une fois et entre sans attendre la réponse, rejetant le menton en arrière pour ajuster ses mèches, rivant ses yeux sur Kageyama pour déclarer de sa voix la plus suave :
-Hoya, Tobio-chan.
[Portrait du sixième prétendant : Oikawa Tooru]
Oikawa, une main sur la hanche, le menton levé, fixant la caméra d'un regard hautain :
-Salut les moches. Je me présenterais bien, mais vous me connaissez déjà.
Il s'assied gracieusement dans le fauteuil, croise les jambes et pose ses mains jointes sur un de ses genoux d'un air professionnel :
-C'est bien mon meilleur profil, oui ? Parfait. Allons-y.
Il effleure sa joue d'une main pour remettre une mèche de cheveux en place.
-Passeur de l'équipe nationale d'Argentine et citoyen argentin depuis quelques années maintenant. Oui, mon bronzage est parfait et UV-free, garde tes yeux derrière ta caméra s'il te plaît. Je suis actuellement un des meilleurs joueurs du monde, sans vouloir avoir l'air arrogant, et même si aucun classement ne vient l'attester, je le sais et vous le savez, c'est le principal.
Il bat des cils un moment et reprend :
-Tobio-chan ? Je suis tout pour lui. Son modèle. Son inspiration. Son aîné, son rival, et indéniablement son premier crush. Sûrement le seul, d'ailleurs, puisque je suis inégalable. Cette émission, ce n'est qu'une formalité pour venir récupérer ce qui m'a toujours appartenu. Son petit cœur empli de volley-ball.
Il lève une main maniérée, puis la tourne de nouveau en signe de paix :
-Il est déjà fou de moi, je trouve presque ça illégal de me laisser participer. Ma stratégie ? Lui dire que je veux bien lui apprendre à servir et le ramener dans mon château argentin vite fait bien fait. Désolé les gars !
*
Oikawa s'installe confortablement dans le canapé qui fait face au senpai et au kouhai, s'appuyant sur l'accoudoir d'un air royal :
-Yo, monsieur Rafraîchissant.
-Oikawa, répond Suga d'un air un peu vif.
La précédente rencontre avec Atsumu le laisse visiblement sur ses gardes, et il toise Oikawa de haut en bas.
-Tu sors du toaster ?
-De San Juan, en fait, répond Tooru, puis, se tournant vers Tobio avec un clin d'œil : l'aventure argentine te tente, Tobio-chan ? Je suis sûr que tu passes dans ma valise, vendrás conmigo ?
-C'est bon, souffle Suga, pas besoin de faire des démonstrations d'espagnol.
-Suga-san, c'est pas de l'espagnol, c'est de l'argentin, il vient de le dire, fait remarquer Tobio d'un air sérieux.
Oikawa se penche légèrement en avant, battant des cils :
-Tu as regardé mes matchs, Tobio-chan ? Dis, est-ce que tu as vu que j'ai amélioré mon service ?
Le visage de Kageyama se contorsionne. La réponse est oui, de toute évidence, mais il mâchonne vaguement ses mots avant de lâcher, enterré dans le déni jusqu'au cou :
-Nion.
-Cool, moi non plus, sourit Oikawa en se laissant retomber contre le dossier.
-Super, vous ne vous intéressez pas, tu peux partir, déclare Suga.
-Hep hep ! J'ai pas fait tout ce voyage pour renoncer tout de suite, contredit Oikawa en levant un doigt. Tobio-chan, je suis venu juste pour toi.
-Juste... pour moi ? répète Tobio en rougissant légèrement.
-Juste pour toi, répète Tooru. Est-ce qu'il y a une personne mieux placée que moi en ce monde pour être avec toi ? J'ai été ton aîné, ton rival, ton modèle... et si on passait à l'étape supérieure, toi et moi, mon petit foie gras ?
-Ah non hein ! s'écrie Suga. Arrêtez de le comparer à de la bouffe ! Biscotte ! Maintenant foie gras ! Vous voulez le bouffer ou quoi ? Non, ne réponds pas !
-Je trouve que ce surnom lui va à merveille, susurre Oikawa. Je l'ai toujours comparé à du foie gras, dans ma tête. Quelque chose de travaillé, de raffiné, de cher. Et... ma nourriture préférée.
-C'est gay.
-Je suis l'incarnation du gay, tu t'attendais à quoi ?
Suga soupire, et jette un coup d'œil à Tobio, qui a l'air plutôt heureux de voir Oikawa, même si son expression crie toujours au déni.
-En quoi tu ferais un bon mari pour lui ? demande-t-il enfin. Kageyama et toi, vous vivez sur deux continents différents.
-Je peux tout à fait jouer dans une ligue japonaise, souligne Oikawa. Ce ne sont que les compétitions internationales que je dois faire avec mon équipe. Même si je suis bien à San Juan... C'est un sacrifice que je ferais peut-être. Tobio-chan, regarde-moi, regarde-nous, nous sommes magnifiques. Imagine à quoi ressembleraient nos bébés.
-Ils seraient très forts au volley, murmure Tobio d'un air rêveur.
-Ouh là là ! stop ! s'écrie Suga. Vous allez un peu vite, là, c'est pas un omegaverse non plus ! J'apprécie ton sens du sacrifice, Oikawa, mais... Je croyais que tu n'appréciais pas Kageyama ?
-Je lui déclare ma flamme depuis tout à l'heure, fais un peu attention, s'agace Oikawa. Tobio-chan, choisis-moi. Tu sais que toi et moi c'est à la vie, à la mort. Aussi longtemps que verront m-
-Oui, c'est bien, c'est bien, l'interrompt Suga. On a toute une émission pour ça, tu peux laisser la place au suivant si tu n'as rien à ajouter.
-Il n'y avait rien à dire de toute façon, sourit Oikawa en se levant, rien qu'un choix évident à faire.
Il envoie un baiser volant à Tobio, puis quitte la pièce, non sans adresser un dernier signe de paix à la caméra.
[Débriefing du candidat]
-Comme je m'y attendais, ça s'est très bien passé. Tobio ne me quittait pas des yeux, comme d'habitude, le charme n'a pas cessé d'opérer malgré la distance entre nous, ce lien est encore là. De toute évidence, j'ai pris la tête du classement dans son cœur. Plus qu'à convaincre monsieur Rafraîchissant que je le vaux bien, et le tour sera joué, on pourra passer à autre chose. Je ne crois pas qu'il y ait de candidats qui puissent me tenir tête, si ?
[Débriefing du kouhai et du senpai]
Silence songeur. Suga finit par demander, les lèvres pincées :
-Kageyama, réponds-moi franchement. Tu l'aimes bien ?
Kageyama regarde au loin.
-...
-Tobio.
Kageyama regarde ses pieds.
-...
Suga le fixe avec insistance.
-... Peut-être, marmonne finalement Kageyama. Je -je l'admire beaucoup. Mais après, sa personnalité est... gnh...
-Je vois, dit lentement Suga. A prouver, donc. En tout cas, il a l'air sûr d'être ton favori.
Kageyama hausse vaguement les épaules.
-Mais j'aime bien Atsumu-san, aussi, murmure Tobio.
Suga fronce les sourcils.
-Poussin, désolé de te le dire, mais il faudra revoir tes goûts en matière d'homme.
*
[une limousine s'arrête devant la villa]
[tapis rouge]
[musique brésilienne]