Je m'engouffrai dans la voiture sans demander mon reste. Non mais qu'est-ce qui m'avait pris d'essayer de faire la maligne comme ça. Il avait raison, à quoi étais-je en train de jouer ? Qu'est-ce que j'essayais de me prouver ? Allais-je grandir un jour et devenir responsable ? Je tournai la clé dans le moteur, et démarrai pour rentrer chez Luce.
Sur tout le trajet, je repensais à cette journée. A ma rencontre fortuite avec Benoit devant le cabinet quelques jours avant. A ma surprise quand il avait ouvert porte de la ferme. A sa manière de me regarder. Elle me donnait le sentiment d'être unique. Puis je pensais à Gabriel, à son départ, aux cinq jours magiques que nous avions passés ensemble. A la première fois où il m'avait dit je t'aime. Mon cœur se serra. Merde, ce qu'il me manquait. Je continuai à conduire jusqu'à Carhaix me demandant ce qu'il était en train de faire en ce moment. Il devait probablement être en train de lire ou dormir. Là-bas, Il était plus de minuit trente avec les cinq heures de décalage. Mon esprit essayait d'imaginer le lieu où il était allongé.
Un fois arrivée dans la rue de l'appartement de la Tante Luce, j'activai le bip pour que la porte du garage s'ouvre. Elle avait acheté un T2 avec une belle terrasse dans une résidence fraichement construite. Cela lui permettait de recevoir sa fille Victorine une semaine sur deux. Daniel son ex-mari avait eu la bonne idée de s'acoquiner avec sa secrétaire, puis avec la prof de yoga de Luce, ou encore avec une copine de tante Luce, qui évidemment ne faisait plus partie de son cercle d'ami. C'était un coureur de jupons invétérés qui « sautait sur tout ce qui pouvait bouger et/ou était baisable ». C'étaient les propos de Luce lorsqu'elle se lâchait sur son ex.
Ma tante n'était pas toute jeune lorsqu'elle avait eu Vic et elle était un peu la seule famille proche qu'il me restait. Mère morte, père très occupé par le travail. J'avais grandi dans la maladie de l'une et l'absence de l'autre. Luce avait souvent sermonné son frère pour ça, mais elle ne pouvait pas plus que lui changer son métier qui l'amenait à voyager régulièrement. Il était photographe. Il avait commencé sa carrière comme reporter photographe international, mais ma mère avait réussi à la convaincre à prendre moins de risque. Il avait alors réorienté sa carrière en tant que photographe de voyage.
Je me garai sur la place qui m'était réservée et pris l'ascenseur pour arriver au quatrième étage. En ouvrant la porte je sentis un délicieuse odeur de cuisine qui me donna l'eau à la bouche. Je retirai mes chaussures, j'eus à peine le temps d'accrocher mon manteau qu'Ulysse me sauta dessus. Je le caressai avant de me faire obéir pour qu'il reparte se coucher dans son panier. Je le sortirais tout à l'heure. D'abord j'allai retrouver ma tante sur le canapé. Elle était en train de faire des mots fléchés. Dès qu'elle me vit arriver, elle me regarda avec une moue désolée.
– Tu m'en veux encore de ne pas t'avoir dit que Chantal était en fauteuil roulant.
A cet instant je n'étais plus vraiment en colère contre elle, mais plutôt contre moi. Mon comportement avec Benoit était loin d'être irréprochable. Sincèrement je m'agaçais d'avoir été si soupe au lait et de l'avoir défié de la sorte. Je lui souris
– Non, ne t'inquiète pas. Tu sais comme je suis, je cris plus que je ne mords. Et puis elle a l'air gentille, la rassurai-je.
Elle me regarda attendri.
– Eva, tu ne peux pas éviter la maladie toute ta vie.
Je me mis à rire.
– Dois-je te rappeler mon métier, chère tante : Je soigne à longueur de journée.
Elle acquiesça avant d'ajouter.
– Des animaux, ma chérie.
– Hum, il n'empêche que des humains sont bien contents que je sauve leurs animaux.
Elle me fit simplement un sourire.
– Mais, je sais au fond de moi que tu as raison, lâchai-je en soupirant.
Elle opina du chef en guise d'assentiment.
– Tu vois, j'y travaille, ajoutai-je en lui faisant un clin d'œil.
– Je suis fière de toi, je pense que cela ne peut que te faire du bien. Chantal est une femme exceptionnelle. Et tu verras Benoit et un fils très gentil et très compréhensif.
Je manquai de m'étouffer à ses paroles. Benoit était bien loin d'être ce qu'elle décrivait et pourtant le métier de psychologue de Luce lui permettait de bien cerner les gens. On ne devait pas parler du même. Pour moi, il était sauvage, chasseur dans l'âme et probablement coureur de jupon. L'antithèse de la personne avec qui démarrer une histoire de cœur. Et d'ailleurs pourquoi démarrer quelque chose. Mon cerveau déraillait totalement.
– Ce n'est pas du tout comme cela qu'il m'est apparu, répondis-je en essayant de cacher le trouble que mes dernières pensées avaient provoquées en moi.
– C'est vrai qu'il peut être un peu difficile d'accès mais il mérite à être connu. Tu verras.
J'étais beaucoup moins sûre qu'elle mais je ne voulais pas la vexer.
– Hum, on verra. Dis-moi qu'est-ce qui sent aussi bon. On dirait la soupe de grand-mère Adèle.
– Tu as du nez ma petite mais c'est la soupe de la grand-mère Adèle façon Luce. Aller va sortir Ulysse et nous passerons à table ensuite.
Après avoir mangé un délicieux repas, discuté encore avec ma tante sur mon nouveau travail, nous nous souhaitâmes bonne nuit. J'allai dans ma chambre et m'allongeai sur le lit. Je repensais à ce que Luce avait dit de Benoit. Il était beau gosse, ça je ne pouvais que le constater. Même avec une cagoule, il aurait pu faire se retourner les filles sur son passage. A mon avis, il le savait tout autant que moi et cela le rendait encore plus sûr de son charme. Si en plus, il était réellement attentionné, empathique et rieur. Cette combinaison s'avérait un cocktail explosif. Aucune n'aurait pu y résister. Même moi tout à l'heure j'avais été à deux doigt de l'embrasser tellement son sexappeal me donnait envie de gouter sa bouche. Mais par bonheur, il n'était pas comme pas tante l'avait décrit.
Me mettre sur la pointe des pieds dans la stabule pour murmurer je ne sais plus quoi à son oreille. Sentir les muscles de ses bras se bander alors que je soufflais sur sa nuque. Presque coller mes seins sur le bas de son torse. Sentir la chaleur de son avant-bras à côté de mon oreille lorsqu'il m'avait coincé contre la porte. Sa masculinité, sa puissance, son assurance. Mon cerveau déraillait. Ses yeux sombres, ses lèvres charnues, son regard viril. Je me sentais à présent émoustillée en tous cas c'est ce que ma culotte me faisait sentir. Mon clitoris était en train de se gonfler d'envie, le visage de Benoit comme hydrogène. Je faisais glisser mes cuisses l'une contre l'autre. Ma gorge se serrait de plaisir. Je fermai les yeux. Culpabilité et euphorie s'entretuaient intérieurement.
Des visages se succédaient. Benoit, Gabriel, Ryan Gosling. Ma main se déplaçait lascivement au gré de chaque apparition. Ma poitrine, mes tétons, mon ventre. « Plaisirs solitaires... » Je glissai mes doigts entre les cuisses. « ...Plaisirs coupables. » Une douce chaleur m'envahit. Mon index dessinait des huit. Mes cuisses se contractait. Ma main se faisait plus pressante. Je m'électrisais de plaisir, faisant coulisser mes doigts sur l'interrupteur. Robert Pattinson. Tom Cruise. Zac Efron. Dieu ce que c'était bon. Mes yeux toujours clos, dérivant d'une belle gueule à l'autre, je m'évertuais à atteindre ce plaisir perdu depuis peu. Brad Pitt. Benoit. Mes doigts s'activaient. Gabrieeeeelllll. Mon souffle s'accéléra. Mon pouce se contracta. Ma respiration se bloqua. Benoit. Ma vue se troubla. Gabriel. Un plaisir provoqué m'emporta vers ... lui ... je me cambrai essayant de le faire raisonner au plus profond de mon être. Puis plus rien. Je reprenais mon souffle. La main posée sur mon entrejambe, j'ouvrai les yeux, aussi fiévreuse qu'honteuse. Des secondes, des minutes se passèrent avant que je ne refasse surface. J'avais dans la gorge le plaisir de la sauce aigre douce : Sucré mais acidulé. Celui qui laissait un gout de frustration.
Ce que j'avais envie de lui
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Merci à vous tous pour votre lecture et vos commentaires. Les deux prochains chapitres seront publié la semaine prochaine.
Définitivement, pour l'un comme l'autre la température risque de très vite monter
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Des Glaces aux Saveurs interdites
RomanceLeur vie aurait été si simple s'ils ne s'étaient pas rencontrés. Tous les deux auraient continué à faire semblant. Eva a dit au revoir à sa vie de célibataire en plaquant tout pour s'installer avec Gabriel. Ils filent le parfait amour et pourtant...