[PDV : 3e personne]

Visions brouillées, hâte, fuite.

Les deux jeunes gens étaient en fuite.

Après avoir entendu, et en l'occurence vu ces fameuses créatures, celles ci avaient commencé à leur courir après, délogeant les compagnons de leur matinée en quelque sorte paisible. Ils avaient fait comme tout autre survivant aurait fait, ils ont couru.

Longtemps. Très longtemps.

Si longtemps qu'à la fin, elle avait du mal à tenir sur ses jambes. Les créatures étaient hors de vue depuis au moins 10 minutes, et c'est seulement à ce moment là qu'ils décidèrent de faire une halte. Également parce qu'un bâtiment se trouvait à proximité. La fin de l'après midi pointait son nez, le soleil devenant peu à peu orangé, commençait à disparaître pour laisser plus tard place à l'obscurité complète piquée de petits points blancs.

C'était un hangar, une usine peut-être ? Elle était bien évidemment abandonnée, bien que cela ne se voie pas, étant donné que la cause de sa désaffection n'était que trop récente. Les deux amis eurent la crainte qu'ils ne puissent pas y entrer, une sécurité et des serrures probablement encore actives et efficaces. Peut-être même des gens, qui sait ?

Il ne fallait pas poireauter ici, pensa t-il, et elle était du même avis.

Elle fût la première à se prononcer :

"On va finir par s'enraciner, ou plutôt par se faire bouffer par des trucs si on reste ici. On a intérêt à se décider vite fait, on y va, ou on y va pas, la question n'est pas plus compliquée."

Suite à cette réplique cinglante mais juste, le jeune homme se gratta la nuque, signe d'indécision, ou bien de gêne. C'est sûr que s'ils restaient là, ils allaient pour sur finir dans un sale état, sachant qu'ils se trouvaient sur une route nationale assez fréquentée. Il se résigna enfin et après avoir esquissé une moue désapprobatrice, commença à marcher vers l'usine d'un pas lourd, tout en rétorquant :

"On y va, même si j'ai peur de ce qu'on va trouver là-dedans, t'as raison, si on reste là, on va sûrement se faire éclater d'une quelconque manière. Le monde est devenu hostile et va falloir qu'on s'y fasse. Moi le premier."

Les deux compères engagèrent donc le pas vers le hangar qui semblait immense se dressant devant eux. Il faisait chaud, et le soleil tapait fort sur les têtes. Ils finirent par atteindre la porte les séparant d'un potentiel havre de paix, oui rien que ça.

La chance était avec eux.

Tout était ouvert.

Ils s'avancèrent dans le hangar désert, il menait la marche, lampe de poche en main.

Il n'y avait apparemment personne.

Elle se détendit après qu'ils aient fait le tour du hangar, ils étaient a l'abri, au moins.
Une porte se trouvait dans le fond du bâtiment, il s'avança prudemment, pendant qu'elle allumait la lumière de l'entrepôt.

Il y avait encore de l'électricité, mais le compteur avait fait un bruit monstre.

Il ouvrit la porte et le saint graal se dévoila devant ses yeux. Des bureaux, des dortoirs. Mais quel genre d'usine c'était, cet endroit ? Tout était en bon état, et le jeune homme était ravi malgré l'aspect plutôt morne de l'endroit. Tout était blanc, triste, formel, on se serait limite cru dans un hôpital psychatrique. La jeune femme le rejoint rapidement et marcha derrière lui, regardant dans toutes les pièces, visiblement dérangées. Les personnes occupant ces locaux ont dû partir en hâte. Ils continuèrent leur exploration sans un mot, un espèce de vestiaire avec des douches, plus de bureaux, des toilettes, et la plus grande aubaine : une cantine.

Alors qu'ils pénétraient dans l'immense réfectoire vide, elle sauta de joie, se ruant vers les cuisines, plus de soucis à se faire du côté de la nourriture ! Elle ouvrit les frigos, examina les étagères avant de crier à son compagnon qui se trouvait toujours dans la salle commune

"Wow ! Il y a manger pour un régiment là-dedans ! C'est ouf ! Je suis sûre que le gaz fonctionne encore, viens voir, on va pouvoir bien manger ce soir !"

Le jeune homme haussa les sourcils et lâcha un soupir de fausse exaspération avant de se rendre calmement dans la fameuse cuisine, ou elle, au contraire, était comme une tornade. Il scruta les étagères, et regarda les frigos. Ça, pour être une quantité astronomique, c'était astronomique. Il y avait à manger pour un régiment entier ! Alors pour eux, les réserves étaient faites pour au moins 4 mois... il se résigna, et déclara d'un air perturbé :

"Mais c'est quoi cet endroit... comment peut on stocker autant de nourriture et partir sans rien emporter ? C'est quand même super plein, tout est intact, on se croirait à la maison... il y a même encore les voitures de fonction dehors !"

Elle continuait de fouiller chaque recoin de la cuisine tout en rétorquant, toute guillerette :

"Ah ça je sais pas, mais ce que je sais c'est qu'on a trouvé notre nouvelle maison ! On a à manger pour une décennie entière ! Bon, c'est peut-être que des boites de conserves de cantine, mais c'est déjà un luxe ! Quand je pense que certains vont devoir chasser !"

"Tu n'en sais rien, peut-être que le gouvernement va mettre des programmes de rations en place..."

"Le gouvernement est mort... il a été tué avec la lune, maintenant on doit se débrouiller seuls, on a plus personne pour nous épauler."

"Si tu le dis... moi j'ai foi au gouvernement."

Leur discussion se finit comme ça, et les deux jeunes gens se retirèrent du réfectoire, prirent une douche, et prirent leur tant attendu dîner. Tout cela seuls, et dans une ambiance assez tranquille. Ils ne seraient pas dans une usine faite pour 200 personnes alors qu'ils étaient deux, ils se seraient limite sentis chez eux.

Les étoiles avaient pris toute la place dans le ciel.

Il faisait nuit, et ils étaient allongés sur un matelas qu'ils avaient récupérés dans un dortoir. Elle posa sa tête sur son ventre, ce qui le fit se sentir légèrement mal à l'aise. Malaise qui passa rapidement.

Les étoiles resplendissaient. Ça leur était désormais si évident, encore plus que lorsque la lune était encore là.
Elles brillaient, comme ayant enfin acquis le rôle qu'elles demandaient depuis le début. Guider les esprits nocturnes, les âmes perdues, prédire l'avenir. Elles avaient même une influence directe sur les gens, elles et les autres planètes du système solaire.

Mais elles avaient désormais totalement pris le territoire immense qu'était le ciel. Elles avaient gagné le rôle de lumière dans l'obscurité.

Elles avaient gagné le rôle de guides.

"J'ai toujours préféré les étoiles, pas toi ?"

_______

Ça fait un bout de temps n'est-ce pas ? Quarantaine oblige, on reprend les projets mis en Hiatus. J'espere que ce long chapitre vous satisfera :) (qui lit encore cette fic déjà).

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⏰ Last updated: May 09, 2020 ⏰

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