Chapitre 29.2

                                    

                                          


{Face down-The red Jumpsuit Apparatus}
Il se retourne instantanément et la repère aussitôt, ses cheveux châtains parfaitement coiffés et son même rouge à lèvres rosé, elle n'a presque pas changé. 
J'ai une petite voix au fond de ma tête qui me dit de partir en courant et de fuir comme j'ai l'habitude de le faire. Mais l'adrénaline me tient et je commence à m'avancer vers elle dangereusement. 
Un bras puissant me retient, je cherche violemment à savoir à qui il appartient. Mon regard meurtrier s'apaise et mon pouls ralentit lorsque Adan m'arrête dans ma course. 
-Ne te précipite pas comme ça, tu sais que ça va mal tourner. 
Je n'en reviens pas qu'il veuille m'empêcher d'aller la voir et de lui montrer que je n'ai plus peur d'elle aujourd'hui. Il est pourtant si impulsif d'habitude. 
-Écoute, elle a ruiné une partie de ma vie, j'ai accumulé pendant un an et j'ai la chance de la retrouver aujourd'hui alors je ne vais pas me gêner pour ta soudaine prise de conscience. 
Je ne reconnais pas ces mots que je regrette déjà, ce n'est pas contre lui que je devrais m'énerver. Cela n'a pourtant pas l'air de l'atteindre. 
-Je ne vais pas te retenir, je te soutiendrai quoi que tu fasses mais je te conseille sincèrement d'attendre un peu et de voir ce qui se passe ensuite. 
Je me calme et décide de l'écouter, c'est le seul dans cette pièce à qui je fais pleinement confiance. Mais je ne renonce pas pour autant, je me dirige vers mes parents dans le fond de la salle, histoire qu'elle ne me voit pas encore. Adan emboitant mes pas, je me tiens désormais devant ma mère à la recherche d'explications. 
-Comment tu as pu les inviter, tu me détestes à ce point-là.
-Si tu parles d'Ellie et sa famille, ils sont influents dans cette ville donc je n'avais pas vraiment le choix. Et nous sommes amis avec leurs parents, que ça te plaise ou non. 
Elle se fout de moi ce n'est pas possible, j'ai beau essayer de comprendre en la fusillant avec mon regard méprisant je ne vois pas comment elle peut prendre du plaisir à me faire endurer tout ça. Alors je balance tout. 
-Tu sais quoi, ça n'a plus d'importance je vais me barrer d'ici parce que vous êtes tous tarés. Alors merci bien de nous avoir invités, April était fantastique et je ne remettrai plus jamais les pieds à Cleveland. 
-Attends June ne t'en va pas encore une fois comme ça, s'il te plaît. 
C'est la voix de mon père qui m'interrompt, j'aurais envie de lui crier dessus aussi mais je suis tellement sous le choc qu'il accepte de me considérer. 
-On est désolés, même si ta mère ne te le dit pas on s'excuse pour tout. J'aurai vraiment aimé que tout se déroule d'une meilleure façon, je voulais que tu reviennes absolument mais aujourd'hui j'ai compris. Je suis tellement désolé. Je vois à quel point tu es heureuse maintenant même si c'est à Olympia qu'est ta vie. 
La seule larme qu'il laisse échapper et le regard si fort de ma mère qui se détourne de moi me perdent encore plus. Je suis rassurée mais tout n'est pas pardonné. 
-Je retourne chez moi ce soir mais sachez que je ne ferme pas la porte, si vous êtes vraiment sincères alors j'espère qu'un jour tout s'arrangera mais c'est trop tôt.
Je regarde une dernière fois leurs visages, je remarque que ma sœur se tient quelques mètres derrière mes parents. Elle sourit légèrement, heureuse de la tournure des évènements. 
En m'éloignant vers la sortie, Adan me prend la main et me répète à quel point il est fier de moi et surtout qu'il a autant envie de s'éloigner d'ici. Le destin inévitable me rattrape et je croise Ellie quelques mètres avant la sortie. 
Elle me regarde de haut en bas avec son sourire vicieux et ses yeux de vipères, elle paraît plus surprise en apercevant Adan derrière moi. 
-Eh bien eh bien, voyons qui refait surface un an après. Tu n'as pas assez de remords pour te pointer comme ça J'. 
J'essaie de contenir ma rage, je me rappelle des mots d'Adan, ça ne sert à rien de provoquer un scandale. La musique est encore forte et je canalise toute ma colère, je mets les mots en ordre dans mon esprit, ceux qui sont accumulés depuis plusieurs années. Je ne vaudrais pas mieux qu'elle en l'insultant, j'expose un sourire. 
-Ton petit jeu ne marche plus avec moi Ellie. Je te déteste, sûrement pour toujours mais j'ai bien tourné la page. Alors, continue à être obsédée par moi mais ne te sert à rien puisque je suis heureuse aujourd'hui. 
-Rassure-toi j'en ai plus rien à foutre de toi, tu peux...
-Si tu es obnubilée par moi...Je suis désolée que ce jour-là Weston m'ait préféré à toi mais on avait seize ans, putain et tu en fais tout un plat pour ça. 
Elle change et perd de son assurance, je l'ai enfin percée à jour. 
-Tu crois qu'être partie à Olympia, te refaire de nouveaux amis qui n'en ont rien à faire de toi ça va te redonner de l'importance d'un coup mais tu n'es plus rien. 
Je ne pleure pas, je ne m'énerve pas, je la regarde simplement. Elle me fait de la peine mais je suis différente aujourd'hui et je ne laisserai pas détruire à nouveau celle que j'ai réussie à construire.  
-Juste oublie-moi et passe à autre chose Ellie, j'espère que tu vas comprendre que ça ne sert à rien de continuer à te préoccuper de comment je me porte. 
Je la contourne et je grave pour la dernière fois les traits de son visage dans ma mémoire. Elle attrape le haut de mon bras et commence à serrer assez fort. Adan intervient arrachant sa poigne, il change d'attitude et je le reconnais à peine. 
-Si tu la touches ne serait-ce qu'une seule fois ou que je revois encore un de tes messages de merde sur son téléphone je te retrouve et je te le ferai regretter.
Elle reste bouche bée devant Adan et j'admets avoir la même réaction. Sans rien ajouter, je m'éloigne d'elle et sors de cette soirée pleine de révélations. 
✭✭✭
Je rejoins Madelyn dans un café quelques rues après ma chambre universitaire. Je lui avais promis de la revoir en rentrant de Cleveland. Elle est assise dans un coin à pianoter sur son portable et siroter son thé glacé. 
-Alors comment s'est passé cette journée d'hier, tu as pas l'air en si mauvais état. 
-Honnêtement tu ne préfères clairement pas savoir, au moins tout est réglé.
Elle rigole avec moi, je m'assois et commande à mon tour. 
-J'ai une bonne nouvelle. J'ai été retenue pour un stage l'année prochaine à Philadelphie. Je pars donc dans deux mois le temps de m'installer début juillet.
-Tu rigoles c'est génial je suis super heureuse pour toi. 
Un léger sentiment de tristesse me vient quand je pense qu'elle s'en ira dans très peu de temps. On s'est tellement rapprochées que j'ai du mal à l'imaginer là-bas.
-J'ai tellement hâte d'y être, mais je ne t'en parle pas seulement pour ça. Tu m'as déjà dit que tu voulais continuer tes études en psychologie et que ça te passionne. Et dans la même université il y a un programme spécial que tu adorerais. 
-Je suis très touchée mais ce serait peut-être un peu précipité non?
-Je sais mais promets-moi d'y réfléchir...
Suis-je prête à laisser ma vie d'Olympia pour une nouvelle chance à Philadelphie?