Face à face, dans la salle d'attente du cabinet, Jane et William n'avaient pas l'air en forme.
Jane fixait le tableau fleuri accroché au mur en face d'elle. Il n'avait rien de passionnant, mais c'était toujours mieux que d'affronter le regard perçant de son compagnon, à l'autre coin de la pièce.
Ils s'étaient donnés deux semaines pour faire cette liste. Et comme l'avait prévu le psychologue, ça n'avait pas été chose aisée. Donner les qualités de l'autre, c'est facile. Ce sont les choses qui font que nous tombons amoureux. Mais comment énumérer ses défauts sans être blessant ?
William avait tout de suite compris le but de cette liste et n'avait pas hésité à mettre sur papier tout ce qu'il pensait. Jane, de son côté, avait tenté de lui voler sa liste afin de savoir ce qu'il pensait réellement d'elle, et si elle, de son côté, pouvait se permettre de dire des choses qu'elle n'avait jamais osé dire auparavant. En vain, puisque William cachait précieusement son morceau de papier bleu.
Elle avait fini par le faire, mais ça lui faisait mal d'écrire les défauts de William. Elle avait l'impression de le trahir en faisant ça.
La porte du cabinet s'ouvrit, obligeant Jane à sortir de ses pensées. Le docteur Traves les invita à entrer, comme d'habitude. Ils étaient surpris de voir qu'aujourd'hui, ce n'était pas sur l'habituel sofa rose qu'ils allaient s'asseoir. C'étaient sur deux fauteuils, positionnés l'un à côté de l'autre mais légèrement inclinés afin que le couple puisse tout de même se regarder sans se tordre le cou. Tout ça faisait très peur à Jane. Qu'est-ce que John avait encore préparé ?
- Je vous en prie, asseyez-vous.
Ils obéirent.
- Avant que vous ne dévoiliez votre petite liste, j'aimerais savoir comment vous vous sentez, tous les deux. Nous voilà à la septième séance en comptant les séances individuelles. Nous sommes encore loin de la fin, mais vos impressions sont très importantes.
Le couple se regardait silencieusement pour savoir qui allait commencer à parler. Et c'est William qui se lança le premier. Il avait remarqué que Jane était très stressée à propos de cette séance, lui mettre encore plus de pression n'était vraiment pas nécessaire.
- J'ai l'impression qu'on avance. Doucement, certes, mais c'est mieux que rien. Je vois les choses sous un autre angle, et ça me fait beaucoup réfléchir. Je me sens vraiment confiant pour la suite de la thérapie.
Il souriait. Jane avait bu ses paroles et avait réfléchi à ce qu'elle ressentait.
- Et vous, Jane ? demandait John. Que pensez-vous de tout ça ?
- Des tas de choses. Je suis passée par toutes les émotions depuis que nous avons commencé à venir ici, mais malheureusement, pas dans le bon ordre. J'ai d'abord été très heureuse parce que j'avais l'impression que ça marchait. Dès la deuxième séance, je me sentais mieux, en confiance à propos de William et moi. Mais à force de déterrer nos vieux souvenirs.. on devient encore plus distant qu'avant, John ! Comment vous expliquez cela ?
- Quand vous allez à l'hôpital parce que vous êtes blessée, on vous soigne, n'est-ce pas ? Et pendant votre période de guérison, il vous arrive d'avoir mal ? Mais à la fin, quand vous sortez de là, vous vous sentez mieux. La comparaison n'est pas la meilleure, mais c'est, en gros, ce qui vous attend. Vous allez encore avoir mal, vous allez vous blesser, mais à la fin, si vous vous impliquez dans ce processus de guérison, alors il y a des chances pour que vous finissiez par guérir.
Jane hocha la tête. Elle comprenait maintenant. Pas totalement, évidemment, mais ça allait déjà mieux.
- Et si on abordait le sujet difficile ? reprit John. Vos listes.
Jane et William sortirent leurs petits morceaux de papier. L'un jaune, l'autre bleu. Celui de Jane était froissé à force de l'avoir mis en boule, tandis que celui de William était parfaitement lisse. Il l'avait fait d'une traite, le lendemain de la séance. Toutes ses pensées qui s'étalaient sous forme d'une énumération de mots, et ça lui avait fait beaucoup de bien de les noter.
- Je peux les voir ?
Jane et William tendirent leur liste au psychologue.
- Très bien.
Il déchira les papiers et les jeta à la poubelle, sous les yeux ahuris de ses patients.
- Commençons l'exercice. Le vrai.
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Dernière chance
RomanceLe docteur Traves a vu des tas de couples passer dans son cabinet. Il pensait avoir tout vu, tout entendu. Mais Jane et William ne sont pas comme les autres. Rien n'explique réellement pourquoi les baisers et les caresses ont été remplacés par les c...