Chapitre 38 : Le désespoir n'est que ruine de l'âme...

12 2 0
                                    

Le creepyhunter me toise, mécontent. Il grogne quelques mots inaudibles avant de brandir, de nouveau, son arme de poing, un revolver Smith & Wesson. Il tire et c'est avant que la balle ne m'atteigne que je m'éloigne de sa trajectoire. J'inspire et j'expire. Il faut que je reprenne ma contenance même si depuis que je suis arrivée dans cet endroit, je ne ressens aucune peur ni tristesse ni colère. Je ne me pose plus de questions. Tout ce que j'ai éprouvé jusqu'à là, c'est l'adrénaline. J'ai presque aimé m'infiltrer dans cette base sombre aux couloirs obscures. J'ai aimé me battre avec Masky contre une dizaine de chasseurs expérimentés qui pouvaient manier toutes les armes possibles, du simple révolver à la kalashnikov la plus bruyante. J'ai aimé voir Masky lutter contre ces creepyhunters surentraînés. J'affrontais moi aussi tous ces hommes et ces femmes qui nous attaquait sans se poser de questions. Je crois que cela m'avait manqué. Le danger, la peur de mourir, l'énergie du désespoir qui me faisait, étrangement, sentir plus forte. Je tirais sur mes ennemis avec la précision mortelle d'un tireur d'élite. J'étais rapide, mortelle, et assez intelligente pour prévoir tous les coups de mes ennemis. À force d'affrontements et de batailles, j'étais devenu plus alerte et plus concise dans mes tirs qui étaient devenus d'une brutalité efficace et nette. Je savais sur quelle partie du corps humain il fallait que je tire pour tuer d'un seul coup mon ennemi. Les creepyhunters étaient eux aussi assez intelligents pour esquiver mes tirs mais je ne me laissais pas intimider par leur rapidité. Peu importe le nombre de balles perdues, j'arriver toujours à mon compte. Je parvenais toujours à leur tirer entre les deux yeux. C'était devenu un jeu d'enfant auxquel je m'adonnais quand j'attaquais un chasseur ou une chasseuse. Généralement une balle dans l'abdomen ou dans le crâne. Il fallait que la balle touche les parties temporales, occipitales, pariétales et frontales pour que cela tue l'ennemi en un coup. Hoodie, Masky et moi connaisions tous les points faibles du corps humain. Un bon tueur se devait de les connaître pour redoubler en efficacité.

Peu de temps après nous être enfuis vers l'infirmerie étant donné le nombre croissant de creepyhunters qui arrivaient, Masky et moi nous nous sommes séparés, il voulait que j'aille dans une salle appelée "la salle deux" il avait dessiné un plan selon les instructions de BEN et s'est dépêché de me le donner pour que je ne me perde pas dans les corridors de l'endroit. Selon BEN, il y avait de grandes chances pour que la septième clé soit dans la salle deux, protégée dans un petit coffre-fort. Il me fallait plusieurs codes pour franchir les salles qui y conduisait car oui, la salle deux n'était pas une unique pièce mais une enfilades de pièces dotées de pièges plus mortels les uns que les autres dont les portes en acier inoxydable ne s'ouvraient que grâce à un code. BEN allait m'aider en m'envoyant des messages sur mon téléphone portable que je me devais de consulter fréquemment. Je ne pouvais assez remercier ce petit garçon que je considérais comme le messie. Ce garçon possèdait des millions d'informations et pas que sur les creepyhunters, mais sur le monde humain en général. Même Edward Snowden n'aurait pu rivaliser avec lui. Les plus puissants pirates informatiques faisaient pâle figure à côté de cet étrange petit creepypasta au teint pâle et aux yeux rouges sang.

Je me suis hâtée vers le seuil de la porte appelée communément "salle deux" et j'ai attendu pendant un petit moment. Pour ouvrir ces portes en acier blindé, il fallait taper des codes composés soit de chiffres, soit de lettres, soit d'un mélange des deux. Il y avait aussi un détecteur d'empreinte, mais BEN avait trafiqué les circuits de tous les détecteurs de la base pour qu'ils ne soient plus en état de marche. Les creepyhunters s'en étaient aperçus et avaient tenté de réparer le matériel défectueux, sans résultat. Je ne sais si nous étions tombés sous le signe de la malchance mais en tout cas, les creepyhunters étaient restés sur leurs gardes. Ils s'étaient entraînés et préparés pour essuyer une nouvelle attaque des creepypastas. Cela ne me surprenait guère, avec le temps, ils avaient pris conscience du danger qu'ils encouraient. Ils savaient qui j'étais, ils savaient qui étaient Alwena et Daisy, ils savaient que les creepypastas, Slenderman et ses proxies étaient de retour. Ils étaient plus nombreux et plus puissants. Nous avons affronté les chasseurs sur trois fronts. Le premier groupe occupait le premier front et étaient au rez-de-chaussée, près des salles d'entraînement. Il était composé de Daisy, Jeff et Toby qui étaient d'une redoutable efficacité. Ils repoussaient les creepyhunters sans se laisser demonter par leur supériorité numérique. Mais hélas, la quantité ne faisant pas la qualité, les creepyhunters s'étaient fait décimer par le groupuscule.
Le deuxième groupe était composé de Alwena et Hoodie. Ils étaient deux mais ils étaient des tueurs discrets. Leurs victimes mourraient sans émettre le moindre bruit. Ils se déplacaient furtivement et étaient constamment sur leurs gardes mais leur travail était irréprochable. C'est cette stratégie que Masky et moi avions adopté mais malencontresement, nous nous sommes fait surprendre par un groupe de creepyhunters. Ils étaient trop nombreux et nous avons dû nous cacher dans les moindres recoins du troisième étage pour les éliminer rapidement. Mais ils avaient déjà tirer l'alarme et d'autres creepyhunters s'étaient chargés de nous debusquer et de nous tuer.

"A1v771893"
BEN m'avait envoyé le code que j'ai tapé sur le pavé numérique avant de m'engouffrer dans la pièce.
La salle était vide mais il y avait, parsemées au sol, d'étranges petites boules rouges qui exhalaient un gaz couleur cramoisie. Heuresement que j'avais mon masque d'Hannya et que je ne m'en suis pas approchée, restant dos à la porte, mon instinct m'indiquait que ces boules n'étaient pas ici pour faire joli dans la pièce.

"Attention aux pièges mortels. Le gaz des boules cause des dégâts sur ton système pulmonaire, ton système cardiaque, et ton système respiratoire. Ce gaz possède des particules pouvants détruire les tissus de tes organes et pouvant bloquer la circulation du sang. Retiens ta respiration pendant trois minutes, le temps qu'il faut pour parvenir à la prochaine issue"
BEN pouvait me voir à travers les caméras de surveillance placées dans chaque recoin de la pièce. Il avait accès à toutes les caméras de la base secrète. Il connaissait tous les pièges et connaissait tous les moyens pour les déjouer. Selon lui, les pièges avaient été placés pour limiter les risques de vol, sachant que la septième clé possédait des renseignements de la plus haute importance. Les creepyhunters ne voulaient pas la détruire, ce qui restait particulier sachant que les creepypastas n'hésiteraient pas à mettre la main dessus.
J'ai difficilement retenu ma respiration et j'ai couru vers la prochaine étape. J'ai franchi la deuxième porte et j'ai vu les murs percés de petits trous d'où sortait un liquide vert exhalant une fumée verdâtre, elle aussi.

"Ce liquide est composé d'acide sulfurique et d'acide chlorhydique ainsi que d'autres substances nocives pour l'organismes humains, si tu passes entre ces murs, le liquide t'asperge et tu meurs en deux minutes. Allonges-toi par terre"
J'ai obéi à son ordre et je me suis retrouvée à terre. BEN ne m'a pas donné d'ordres à partir de là, et j'étais désemparée, il fallait ue je trouve une solution par moi-même. Cela m'arrangeait car j'étais un peu fatiguée de dépendre des autres.
J'ai remarqué il n'y avait pas de petits orifices au pieds des murs, j'ai donc rampé jusqu'à la sortie, sans le moindre mal.
Au fil des pièces que j'arpentais, les pièges étaient de plus en plus compliqués et les codes à taper de plus en plus complexes. J'ai failli mourrir à plusieurs reprises mais j'ai quand même continué contre vents et marée jusqu'à la dernière porte de la dernière salle. Celle qui abritait le coffre-fort et la septième clé, objet de tant de convoitises.

Le creepyhunter tire de nouveau. J'esquive. Je n'ai pas fourni autant d'efforts juste pour qu'un simple creepyhunter, aussi fort soit-il, me barre le passage. Il a continué, sans répit, à me viser et à tirer sur moi. Une balle m'a effleurée l'épaule. La douleur m'a percuté de plein fouet. Quand son chargeur s'est vidé, il s'est rué vers moi, m'a empoigné par les épaules en appuyant sur ma blessure, ce qui m'a fait hurler de douleur et m'a projeté vers le mur le plus proche. Mal. Le mot "douleur" est faible pour qualifier ce que je ressens. Je veux abandonner. J'ai mal. Trop mal. Mes muscles me font souffrir et j'ai trop chaud. Je veux abandonner. Abandonner ma vengeance, les creepypastas, Slenderman, mon père, ma mère, Aïcha, Daisy, Alwena, Toby, Hoodie, Jeff, BEN...

Et Masky.

Je vais bientôt perdre conscience. Le creepyhunter s'approche tel un loup s'approchant d'une biche blessée. Il se tient près de moi, prêt à bondir comme un prédateur. Je m'offre à lui. J'abandonne. Je n'ose pas esquisser un seul mouvement. Pourtant, je pourrais le tuer. Une balle, dans l'occipit.
Il murmure d'une voix douce où je décèle une trace de mépris :
- Croyais-tu réellement que j'allais laisser une suppôt de Slenderman s'emparer de la clé ?
Il sourit. Son sourire est sadique, cruelle. Il dévoile ses canines d'une blancheur immaculée. Il approche son visage du mien, et chuchote d'une voix glaciale, près de mon oreille :
- Tu es naïve. J'aime cela. Les femmes le sont toutes... elles sont...
Il ne finit pas sa phrase. Jamais, je ne saurais quelle était la fin de sa phrase. Je me suis emparée de mon Beretta et j'ai tiré. La balle a atteint son crâne, le tuant d'un coup. J'ai vu ses yeux exhorbités, son souffle se bloquer et son sourire toujours présent. Son corps s'est affaisé près de moi et je me suis levée difficilement. Je n'allais pas abandonner. Je n'allais pas échouer. J'allais vivre. Vivre pour voir la leur du desespoir s'allumer dans les yeux de chaque creepyhunter que je croisais. Vivre pour les creepypastas, vivre pour Slenderman, vivre pour mon père, vivre pour ma mère, vivre pour Aïcha, vivre pour Daisy et Alwena, vivre pour BEN, Toby, Jeff et Hoodie.

Vivre pour Masky.

J'ai tapé le code, ouvert le coffre-fort, et c'est là que j'ai ressentie l'envie de mourir, j'ai voulu éclater en sanglot, crier toute la haine que j'avais pour ce monde.

Dans ce coffre, il n'y avait pas de septième clé.
Dans ce coffre, il n'y avait rien...

À suivre.

Bad Creepyhunter [ INACHEVÉ ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant