Chapitre 14

                                    

                                          
Soudainement, deux bras m'entourent et me réconfortent. D'intenses sanglots parviennent à mes oreilles. Je sens le souffle de ma soeur dans mon cou. Elle m'enlace le plus fort qu'elle peut, comme si elle craignait que je me volatilise pendant la nuit. Qui aurait cru qu'un jour, nous nous retrouverions dans une telle situation? Je me rappelle comme si c'était hier de toutes nos chicanes, de tous nos projets d'avenir majestueux, de nos peines, nos colères, nos rébellions... Et maintenant, devenues bien plus adultes qu'auparavant, nous pleurons ma fille, une dans les bras de l'autre.  Nous restons ainsi longtemps. Je ne puis dire combien de temps. Lorsqu'elle me relâche, elle se tourne vers moi, et me lance un regard infiniment triste et compatissant. Je vois toute sa peine et sa compassion. Elle se lève, et s'éloigne vers sa chambre à pas feutrés. Moi, je gagne la mienne d'un poids lourd. J'ai besoin de réfléchir, et je suis exténuée. J'espère que ce qu'on dit est vrai! J'espère que la nuit porte conseil... 
                          
Ce matin, je me sens d'attaque. Je suis prête à élucider cette affaire, une bonne fois pour toutes. Après avoir discuté autour d'un déjeuner délicieux, nous avons convenu d'aller interroger Isabella, puis tenter de dénicher Jake. 
                          
Après un court trajet en voiture, nous sommes arrivées au domicile de l'ennemie jurée, de l'intimidatrice d'Emmalee. Isabella Wilson vivait dans un tout mignon cottage ancien. La porte était couleur bordeaux, et les balcons, comme les colonnes, avaient un charme tout droit sorti de l'histoire. Dans ce havre de paix, tout semblait zen et contrôlé. Malgré tout, nous ne nous détournons pas de notre but: interroger la fille Wilson, suspectée de meurtre. Nous cognons trois coups secs à la porte de la maison. TOC, TOC, TOC! Une dame, très jolie et raffinée nous ouvrit la porte. À son allure, je devine immédiatement qu'elle est la mère d'Isabella. Constatant qu'elle n'avait pas l'intention d'entamer la conversation, je prends la parole:
                          
Bonjour Mme Wilson. Je suis Irina Walker, et voici ma co-équipière, Stella Walker. Nous sommes du NYCP. Nous souhaitons nous entretenir avec Isabella.
                          
Et que lui voulez-vous? demanda Mme Wilson, d'une voix ingrate et tout-à-fait détestable
                          
Eh bien... Je ne passerai pas par quatre chemins, nous la suspectons de meurtre, annonçai-je d'une voix mielleuse, heureuse de voir son visage se décomposer à chaque fois que j'ouvrais la bouche.
                          
Isabella? appela la mère d'une voix anxieuse
                          
Oui? demanda cette dernière d'une voix irritée, probablement contrariée d'avoir été dérangée dans ses «tâches importantes», qui consistaient sûrement à parler du bal avec sa meilleure amie, ou de stalker  tous les profils instagram qui lui tombaient sous la main. Des choses qu'Emmalee faisait à l'époque...
                          
Des gens veulent discuter avec toi, ma chérie... dit la mère
                          
Est-ce l'agence de mannequinat? demanda Isabella
                          
Non... avoua sa mère
                          
Eh bien qu'ils s'en aillent! explosa l'adolescente J'ai d'autres choses à faire que de répondre aux questions de tout le monde! Qu'ils me laissent tranquille!
                          
En fait, tu n'as pas le choix, l'informa sa mère, d'une voix plus dure. Descend immédiatement, où tu auras une punition, et tu ne peux même pas imaginer comment ça sera horrible! la menaça-t-elle
                          
D'accord, d'accord. dit Isabella, vaincue
                          
Nous entendons les marchés antiques craquer sous ses pas. Lorsqu'elle m'aperçoit, Isabella réagit immédiatement: 
                          
Mme Walker?
                          
Tu connais cette femme? s'étonna sa mère
                          
Oui, c'est la mère d'Emmalee Walker... avoua-t-elle, d'une voix blanche, tout comme son teint, d'ailleurs.