Chapitre 2 : Les épousailles

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Contrairement à ce qu'elle aurait cru, Elizabeth avait réussi à dormir la plus grande partie de la nuit, quoique d'un sommeil plutôt agité. Elle n'eut toutefois pas de difficulté à se réveiller avant l'aube, bien avant que la maisonnée commence à s'activer.

Sans bruit, elle passa un manteau sur sa chemise de nuit et descendit l'escalier, ne posant les pieds qu'aux endroits stratégiques qui ne faisaient pas grincer les marches. Une habitude qu'elle avait prise toute petite, lorsqu'elle s'échappait, la nuit, pour aller observer le vol silencieux des hiboux qui nichaient dans la grange.

Elle sortit par la porte qui donnait sur la basse-cour. Dehors, le froid humide la saisit aussitôt. Le ciel s'éclaircissait peu à peu, mais aucun rayon de soleil ne parvenait encore à percer le brouillard épais qui recouvrait la campagne. Partout régnaient des parfums de terres mouillées et de mousses.

Elle franchit le petit pont qui enjambait la mare et ne put s'empêcher de regarder vers l'est. Elle se souvenait avec précision de ce fameux matin, presque identique à celui-ci, où Mr Darcy était venu la retrouver pour lui avouer une seconde fois son amour. C'était alors le début de ses fiançailles, tandis qu'elle en vivait aujourd'hui la fin. Dans quelques heures, ils seraient enfin unis et elle quitterait Longbourn pour ne plus y revenir autrement qu'en invitée, abandonnant son statut de jeune fille pour devenir une femme mariée.

Mariée.

Mis à part le fait qu'elle aurait désormais pour elle seule la présence quotidienne de Mr Darcy, elle ne se rendait pas encore bien compte de ce que cela allait représenter dans sa vie de tous les jours. Pemberley était une maison immense, elle ignorait encore ce que l'on attendrait d'elle là-bas, et surtout elle ignorait si elle aurait autant de liberté qu'elle pouvait en avoir ici.

Le vieux pont grinça sous son poids, effrayant deux ou trois grenouilles qu'elle entendit plonger aussitôt et disparaître dans les profondeurs, en éclaboussant au passage la large toile qu'une araignée avait tissée entre deux piliers et que le brouillard matinal avait recouvert d'un film de givre pour en révéler toute la délicatesse. Elizabeth poussa un nouveau soupir et jeta un regard vers la maison, qui se dressait dans la brume, puis vers la basse-cour et sa vieille balançoire, avec un peu plus loin la grille du domaine et le sous-bois... Elle regardait son environnement familier comme si elle le voyait pour la première fois, essayant d'en mémoriser chaque détail. Elle savait qu'elle devrait bientôt quitter toutes ces choses qu'elle aimait et qu'elle allait devoir apprendre à en aimer d'autres.

Cela lui laissait dans la bouche une sensation douce-amère.

Une lumière se mit à luire faiblement à l'une des fenêtres de l'étage, et l'instant d'après une autre s'alluma au rez-de-chaussée. Frissonnante, sous le froid qui s'insinuait de plus en plus sournoisement malgré l'épais manteau, Elizabeth tourna alors les talons et revint, sans hâte, vers la maison.

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_ Ne bougez donc pas tant, Lizzie, sinon comment voulez-vous que l'on puisse dompter votre vilaine crinière ! Seigneur, a-t-on jamais vu chevelure plus épaisse et sauvage !

Depuis maintenant une heure, Mrs Bennet veillait à ce qu'aucun détail de la toilette de sa fille ne soit épargné, allant et venant sans cesse dans la chambre, et abreuvant copieusement de recommandations la domestique qui coiffait Elizabeth.

_ Hé bien, comment se porte la future Mrs Darcy ? fit une voix joyeuse.

_ Jane !

Elizabeth bondit de sa chaise, où elle ne parvenait de toute façon pas à tenir en place, et se précipita dans les bras de sa sœur, qui venait d'entrer.

La renaissance de Pemberley (fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant