Chapitre 3 Chez les Blackwell

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Londres, Angleterre

Lala

— C'est quoi cette histoire, maman ?

Je me sens emportée par une vague d'angoisse, mon estomac se tord dans tous les sens, et la bile remonte dans ma gorge, me provoquant des nausées.

— Lala, ne crie pas s'il-te-plait, tes frères dorment.
— En quoi c'est important, maintenant puisque tu me dis qu'on va être à la rue !

Je suis à la limite de l'égosillement, même si mes mots peinent à sortir correctement à cause des émotions fortes qui me submergent. Ma mère me lance un regard si triste, que cela me fend le cœur que je tente chaque jour de réchauffer pour mes proches. Je la vois qui semble très fatiguée, mal en point. Elle se tient à peine debout, donc je la fais s'asseoir sur le canapé.

— Explique-moi tout.
— Il n'y a rien à dire, ce sont les dettes de ton père qui nous ont conduits là. Nous n'avons pas payé à l'heure convenue et les créanciers veulent saisir la maison comme gage. On a jusqu'à ce soir pour trouver une solution ou vider les lieux. Nous n'avons étrangement pas reçu les premiers courriers de notification d'éviction et aujourd'hui le dernier délai est à notre porte.

Je sens mon coeur se serrer un peu plus dans ma poitrine, et mon pouls s'accélérer en réaction aux mots de ma mère. J'ai l'impression que mon coeur tente de s'échapper de ma poitrine, à cause de ses battements incessants.
Ma famille est pauvre depuis aussi longtemps que je m'en souviens, on a toujours eu du mal à joindre les deux bouts, mais on le faisait. Je ne m'attendais pas à ce qu'un drame de cette ampleur vienne détruire notre semblant de vie tranquille.

— Où est-ce qu'on va aller ? je demande d'une voix plus angoissé que je ne voulais le montrer.
— Je ne sais pas chérie, j'y ai réfléchi toute la nuit et je...
— J'ai des économies qui peuvent nous permettre d'aller dans un motel pour quelques nuits.

Je l'ai interrompu, car je me suis souvenu que je gardais des sous pour les recherches sur mon père, mais sa disparition est bien moins grave que la situation dans laquelle il nous a mise avant qu'il parte.

— Non, non, garde ton argent. Je vais passer quelques coups de fil, pour voir si des cousines peuvent nous héberger quelque temps où...
— Tes cousines sont des garces, maman, et tu sais que je ne dis pas souvent du mal des gens.

Rien que le fait de m'imaginer dormir chez l'une des cousines à la langue de vipère de ma mère, me renfrogne. Sa famille ne nous a jamais soutenu dans les difficultés que nous avons rencontrées, pire elle a toujours été moqueuse de notre vie, et surtout du choix de ma mère d'épouser mon père. Pourtant un homme célèbre et de bonne famille. Peu après ma naissance, à cause d'un accident il n'a pas pu continuer à travailler, a perdu beaucoup d'argents dans des placements douteux et n'a pas réussi à se remettre à flot par la suite. Donc, je n'ai jamais connu l'aisance financière, mais je n'étais pas la gamine la plus à plaindre car nous avons une belle maison, de quoi nous nourrir et nous vêtir, sans pour autant avoir besoin d'emprunter à qui que ce soit. Néanmoins, après la leucémie de mon petit frère Devon, mon père a du contracter des dettes, et cela aurait pu se résoudre en quelques mois en se serrant la ceinture, mais il est entrée dans une spirale qui l'a rendu accro à certains vices, nous conduisant à l'hypothèque de notre maison et probablement son départ précipité.

  — Lala ton langage et... a-t-on vraiment le choix ?

Je resserre mes mains sur les siennes, elles sont froides et peinent à se réchauffer dans cette maison démunie de chauffage électrique. Le pauvre feu de cheminée que j'ai allumé n'est malheureusement pas assez puissant.

  — On va s'en sortir, maman. Je vais tout faire pour, lui dis-je avant de la prendre dans mes bras.

Elle se desserre de mon emprise, me dépose un baiser sur le front puis se lève. Je la regarde faire des tâches dans la maison sans vraiment être présente. Mes pensées sont perdues dans le tréfonds de mon esprit, trifouillant à la recherche d'une solution pour éviter à ma famille d'être à la rue en plein mois de septembre à l'approche de la rentrée scolaire. Me préparer pour l'université n'était pas notre priorité, mais ça rend le tout un peu plus dramatique.

The Dark Knight, Rose Academy - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant