-POLICE OUVREZ!
J'entrouvre les yeux, encore abrutie de sommeil. Qu'est ce que c'est que ce b...
-OUVREZ OU ON ENFONCE LA PORTE.
Ouuuuh je crois que certains vont regretter d'avoir écourté mon habituelle grasse matinée. C'est sacré chez moi, la grasse matinée, c'est comme une religion. C'est ma prière de tous les jours pour garder le teint frais, en quelque sorte.
On frappe de nouveau à la porte.
-POLICE, OUV...
-OUAIS TAGUEULE J'ARRIVE.
Je suis un peu énervée. Juste un peu. Je me suis couchée tard pour pouvoir parachever mon œuvre avec Nico et ils sont déjà sur ma piste? C'est court. J'ouvre la porte d'un coup. Face à moi, un flic habillé de son uniforme. Vu le boucan qu'il faisait, je m'attendais presque à voir arriver une brigade anti émeute, ou la fameuse BAM, Brigade Anti Mafia, promise par le gouvernement. C'est un ptit jeune, la 20aine environ, qui écarquille les yeux en me voyant.
-Quoi? Je fais si peur que ça? Je lui lance sans ménagement. C'est vous qui m'avez réveillée, alors vous assumez ma sale gueule.
-Calmos, Shi.
Le commissaire. Évidemment! Qui d'autre?
-Tiens, le vieux! Dis-je en raillant. Quelle bonne surprise! Qu'est ce qui t'amènes de si bon matin? Encore une affaire à classer sans suite?
-Très drôle, Shi. Maintenant tu vas dégager le passage et nous laisser entrer. On a une perquisition à faire. Et mets des vêtements, pour l'amour du ciel! Tu vas faire tourner mon petit jeune de l'œil!
Je lève un sourcil intrigué et me rappelle que, en effet, je ne porte qu'un slip. Ma poitrine se balance à l'air libre, pointant joyeusement et profitant de ce court instant de liberté. Le petit jeune les fixe avec un air béat. Je lui saisit le menton et lui lève la tête pour qu'il me fixe droit dans les yeux. Et je lui fais mon regard le plus terrible. Celui qui fait trembler même les plus solides, celui que les grands mères racontent à leur môme pour les faire manger leur soupe.
-Mate moi encore une fois comme ça... et je t'arrache ce qui te sert de bite, d'accord? Cette vision là est réservée aux femmes. Aux plus belles, de préférence.
Il blêmit. Je suppose qu'il n'a pas l'habitude de menaces aussi frontales, surtout en présence du commissaire. Et puis mon regard à l'air d'avoir fait son effet. J'adore mes yeux. Ils sont parfaits. Je rentre à l'intérieur en laissant la porte ouverte, afin que les flics entrent chez moi. J'ai l'habitude des perquisitions. Ils en font environ une affaire sur quatre, histoire de vérifier que j'ai rien laissé trainer de compromettant. Mais il n'y a rien, ici. Je sépare parfaitement boulot et vie privée.
Mon appart est un peu miteux, comme quasiment tout ce qu'il y a dans 12e, mais je l'aime bien. Je m'y sens à l'aise. De toute façon, les gens que j'y ramène ne viennent que pour le lit, et c'est à peu près le seul meuble potable de l'ensemble. Il faudrait que je change tout, que je repeigne, que je sorte toutes les bouteilles de bières qui trainent au sol et les mégots de cigarette ou de pètes. Mais... la flemme. Toujours, la flemme. Je suis de toute façon pas souvent chez moi. J'aime me balader et observer. Traquer. Et j'ai au moins deux autres appart que je peux utiliser comme planque ou base d'opération si ça tourne mal. Un appart luxueux mis à disposition par l'un de mes anciens employeurs, dans le 3e. Et celui de Ambre, son "cocon", comme elle aime l'appeler. Bien plus spacieux et propre que le mien. Elle sait recevoir, il faut dire.
J'attrape rapidement un soutif qui traine par terre et l'enfile sans me soucier de l'escouade qui pénètre dans mon terrier et commence à tout mettre sans dessus dessous.
-Si vous pouviez me sortir les poubelles, ce serait sympa. Dis-je tout en me sortant un verre, avant d'y verser une belle lampée de vodka.
Rien de mieux pour se réveiller le matin, surtout après une nuit un peu courte.
-Très drôle, gamine. Alors, quels exploits t'as réalisé la nuit dernière?
Je joue la carte de l'ignorance.
-J'ai... dormi? Je suis déjà passé par le poste après ma dernière commande, je vois mal ce qu'on peut me reprocher.
-Pitié, Shi, ne me prends pas pour un imbécile. Rétorque-t-il, lassé. T'as pas besoin d'avoir un contrat pour tuer quelqu'un.
Je lui fait mon plus beau sourire, et tend mon verre dans sa direction.
-Ça, c'est toi qui le dit! Tchin, le vieux!
Il grommelle et se dirige déjà vers la sortie, tandis que son équipe continue sa fouille pour la forme. Je vois bien qu'ils n'y mettent pas du leur. Soit ils savent qu'ils ne vont rien trouver, soit ils savent qu'il vaudrait mieux pour eux qu'ils ne trouvent rien. Sûrement un peu des deux.
-Désolé mademoiselle, mais je ne pense pas que l'on va trouver quoi que ce soit ici.
La voix du commissaire s'adresse à quelqu'un à l'extérieur. Intriguée, je m'approche de la porte et aperçoit la petite brune du commissariat. La copine de ce bon vieux Nico. Ma petite imbécile trouillarde.
-On dirait que t'as trouvé un oisillon sur la route, le vieux. Attention à ce qu'elle ne tombe pas encore dans les escaliers!
-Franchement, ferme la, Shi.
La gamine me lance un regard intrigué. Pas apeuré. Intrigué. Cela m'étonne assez fort. Est elle assez naïve pour croire que je ne suis pas à l'origine de la disparition de son mec... ou son mari, pour ce que j'en sais. Je n'ai pas l'habitude d'être regardée avec autre chose que de la crainte, de la haine ou du dégout par les proches de mes victimes. C'est une grande première. Et c'est pas désagréable. Je lui fais un petit sourire enjôleur pour répondre à sa curiosité, et elle se détourne en rougissant légèrement.
Ah. J'ai peut être une touche.
-Allons y, commissaire. Si on ne trouvera rien ici, il ne sert à rien de s'attarder. Chaque seconde que nous perdons est une seconde où Nico risque peut être sa vie. Supplie-t-elle.
Bordel qu'elle est stupide. Sacrément mignonne et innocente. Mais d'une stupidité! C'est déconcertant. Elle vient d'un monde de putains de bisounours, c'est pas possible. Ou alors elle a grandi dans une cage dorée. Ce bon vieux Nico avait bien choisi sa cible, une gamine comme ça s'attache à vous en deux secondes et est impossible à détacher après.
-On y va, les gars. Grommela le commissaire.
Je ne peux m'empêcher de lancer dans le couloir:
-Il fait chaud en cette période! C'est probable qu'il soit déjà mort d'une insolation!
La petite tressaillit à ces mots et me jette un regard... vexé, cette fois? Mais quel âge elle a, au juste, celle là? 12 ans? Elle agit comme une vraie enfant.
-Laisse la, Shi. Me dit le commissaire, en aparté. Celle la, je la laisse couler.
-La gamine?
-Non, l'affaire. Ce mec... lui pourrissait la vie, et elle était incapable de le quitter. Jpensais pas te dire ça un jour, mais cette fois ci... tu nous a peut être épargné un scénario bien pire, Shi.
-Du type son cadavre à elle?
-Ouais.
Son air s'assombrit à cette évocation, puis il me fait un grand sourire.
-J'espère juste que t'as pas trop fait la conne avec lui, gamine.
-Moi? Jamais. Rho tu me connais mal, voyons. Je suis sûre qu'il se porte comme un charme. Évidemment, ce serait dommage qu'il se fasse battre à mort par les gamins du douzième à cause de sa sale gueule. Remarque... ça lui ferait peut être changer de point de vue sur les violences domestiques.
Le vieux grimace en comprenant mon message. Il ne me dit rien sur ce coup là, je peux bien lui faire comprendre ce qui est arrivé à ce cher Nico. Oh, pas dans les détails, bien sûr. Pas dans les détails...
Ça, ça reste entre Nico et moi. Notre petit moment rien qu'à nous.
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La Prédatrice
RomancePersonne ne connaît son vrai prénom, mais elle se fait simplement appeler Shi pour le travail. Ça signifie mort, et c'est une excellent pseudonyme, puisque c'est ce en quoi consiste son travail. Elle est une prédatrice, et elle méprise les proies. J...