Chapitre 31 : Alwena.

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Point de vue d'Alwena
J'ai longuement regardée la pièce. C'était un grenier poussiéreux mais bien rangé. Je me suis avancée jusqu'au miroir et j'ai jetée un coup d'oeil à mon reflet. Cette fille que je pouvais voir... ce n'était pas moi... avant j'avais les cheveux longs... avant j'étais rousse... avant je n'étais pas belle alors que là, j'étais juste magnifique avec ma coupe au carré, mes cheveux de couleur noire et ma peau aussi blanche que les perles.
Il y avait un amoncellement incroyable de coffres et de caisses, ici. J'ai failli prendre un des coffrets, posés à même le sol, quand tout à coup, des bruits de pas se sont fait entendre. Quelqu'un venait ! Et j'avais beau examiner cette foutue mansarde, à la recherche d'une cachette, je ne trouvais rien.

Prise au dépourvu, je me suis faufilée derrière quelques caisses qui étaient entassées dans un coin des combles.
C'est alors que un jeune homme a fait son apparition. Enfin, à vrai dire, je ne savais pas vraiment si c'était un garçon ou une fille, à cause sans doute, de ses cheveux bruns qui descendaient jusqu'aux épaules. La créature arborait un air terrifiant. Ses yeux étaient cerclés de noir, le sourire qu'il avait, semblait gravé sur son visage pâle. Il était fascinant à observer mais en même temps, terrifiant. Il semblait ne porter aucun masque et j'essayais, tant bien que mal, de discerner la moindre trace de maquillage sur son faciès.

L'être étrange était vêtu d'un sweat blanc et d'un pantalon noir. Il portait aussi des converses de la même couleur. Cependant, après un temps d'observation, j'ai remarqué qu'il s'agissait d'un adolescent, de sexe masculin qui ressemblait à s'y méprendre à une espèce de version démoniaque de Blanche-Neige.
Le jeune homme a marché jusqu'au miroir et s'est admirer pendant de très longues minutes tout en marmonnant d'une voix sensuelle :
- Tu sais que tu es beau, toi ? Tu es la beauté incarnée. Même la déesse Aphrodite fait pâle figure à côté de toi... Oh Jeff... tu es trop flatteur, voyons... je ne suis pas si superbe que ça... Oh mais ne fais pas ton triste sire, Jeffrey Woods, tu es tout simplement splendide...

Je crois qu'on doit pas avoir la même définition du terme "splendide" parce que là, à moins d'être complètement aveugle, je ne sais pas ce que Jeffrey Woods peut se trouver... j'étais en train de réfléchir à la possibilité de me faufiler jusqu'à la trappe pour sortir discrètement quand soudain Jeffrey a prononçé une phrase qui m'a interpellée :
- Tu sais... toutes ces adolescentes qui t'aiment... toutes ces jolies fangirls... Elles auront beau être aussi sexy que Marylin Monroe, elles ne valent pas grand chose face à Mathilde Rykers...

Hormis le fait que je ne voyais ni comment, ni pourquoi, des jeunes filles tomberaient amoureuses de ce mec, ce qui m'a le plus surprise c'est que il connaisse Mathilde Rykers. Slenderman m'en avait parlé mais je ne l'avais jamais rencontré, en chair et en os.

Je me suis redressée brutalement mais au moment où j'allais partir, Jeff m'a considéré un instant avant de courir vers moi. Je n'ai pas été assez rapide pour l'éviter...Jeff m'a attrapé le poignet, avant même que je ne sorte. Je me suis débattu pendant plusieurs minutes avant que Jeff ne rapproche son visage du mien.

Point de vue de Mathilde
- Je pense qu'il n'a pas aimé ce que tu as fais, lors de la séance de torture, m'annonça Hoodie, sans détours.
- Je sais mais ce n'est pas trop de ma faute si Masky est coincé du cul, bordel !
J'étais encore énervée contre mon coéquipier qui, quelques jours plus tôt, avait jugé bon de m'engueler juste parce que j'avais eu l'audace de m'opposer, inconsciemment, à lui. Je détestais qu'on me dise ce que je devais faire ou pas. On me privait de ma liberté d'agir et de faire. Je me suis concentrée sur la vaisselle à faire et j'ai ignorée Hoodie.

Mes yeux me piquaient. J'aurais voulu pleurer de tout mon soûl mais quelque chose, ou plutôt quelqu'un m'en empêchait. La présence de Hoodie, tout près de moi sans doute. Je n'aurais pas pu décrire cette sensation.
Nous avons continué à laver les assiettes et les couverts pendant encore une ou deux minutes quand Jeff est arrivé dans la cuisine. Il était tout fier de lui. Il tenait, dans sa main gauche, le poignet d'une jeune femme brune. Elle se débattait tant bien que mal de l'emprise du tueur. Celui-ci a saisi son menton entre ses doigts avant d'inspirer et de souffler sur son visage. Jeff agissait, comme si il réprimandait un chat en colère. Pour lui, la jeune femme n'était qu'une bête sauvage.

La fille a hurlé et s'est débattue, avec un nouvel élan d'acharnement. Jeff a essayé de caresser sa poitrine quand Hoodie l'a saisi par l'épaule et lui a ordonné, d'une voix ferme de lâcher la fille, ce que Jeff s'est empressé de faire, après avoir caressé la joue de la jeune demoiselle. Un vrai Don Juan, celui-là.

- ESPÈCE DE SALAUD ! SALE MISOGYNE ! s'est-elle écriée.
- C'est à moi que tu dis ça, petite gourgandine ? a demandé Jeff avec sarcasme.
Hoodie est intervenu avant que la situation ne dégénère. Il s'est interposé entre le tueur et la jeune fille, qui était en larmes, à présent.
Mon coéquipier s'est éclaircie la voix avant de s'adresser à la fille qui pleurait sur le carrelage :
- Qui es-tu ?
- Je m'appelle... Alwena O'Lowenn... je... je... Slenderman m'a dit qu'il fallait que je vous rencontre et que je fasse connaissance surtout avec Mathilde Rykers et... Daisy MacAllister.
Daisy entre et fixa, sans voix, Alwena qui continue de se lamenter avant de se reprendre et de se calmer.

Je l'ai aidée à se relever. Cette femme aurait été très belle si ses yeux n'étaient pas bouffis par les larmes. Je lui ai donné un mouchoir avant de lui poser la question qui me taraudait depuis quelques minutes :
- Où sont tes armes ?
- Dans mon sac.
J'avais encore d'autres questions à lui poser mais je fus interrompue par Masky qui fit irruption dans la cuisine :
- Es-tu une creepyhunter ? Il n'est pas normal que tu connaisse Slenderman sans même qu'il nous ait parlé de toi... tu ne crois pas ?
Alwena a baissé la tête et a conservé son air buté.

- Arrêtes Masky s'il te plaît. Si ça se trouve, Slenderman a de bonnes raisons pour ne pas nous en avoir parlé plus tôt...
J'aurais du trouvé cela bizarre, en effet, que Slenderman ne nous ait pas parlé d'Alwena ni que les proxies ne la reconnaisse, comme ils l'avaient fait avec Daisy, quand elle est arrivée, mais je restais persuadée que Alwena n'avait aucun rapport avec les creepyhunters...

Bad Creepyhunter [ INACHEVÉ ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant