Chapitre 42 - Mauvais présage

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Le bateau s'éloignait de la rive, le vent faisait tanguer le bateau sur les vagues qui allaient s'écraser sur la rive. Le ciel était couvert et j'espérais qu'une tempête n'allait pas éclater.  Le bateau était imposant et il avait fait de nombreuse fois la traverser entre la France et l'Amérique mais une tempête était imprévisible et il était difficile de savoir à quel point elle pourrait être désastreuse. 

Andek avait récité quelque chose dans sa langue, je n'arrivais pas à tout comprendre. Il devait s'agir d'une prière, les mots sortait de sa bouche comme un souffle s'envolant dans les aires, portés jusqu'à la personne à qui il adressait ses paroles. Je regardais le bateau s'éloigner avec ma famille à son bord, sans doute étais-ce la dernière fois que je les voyais. Chayton qui jusque la était resté en retrait était venu passer un bras autour de ma taille, sans rien dire lui aussi regardait le navire disparaître à l'horizon. 

J'avais décidé de rester parmi les amérindiens. Même si j'aimais ma famille par dessus tout, je savais que ma place était ici. 

   — Les chevaux sont prêt. Avait annoncé Wakiza en revenant vers nous.

Il était à présent temps de prendre la route du retour et d'annoncer au chef les décisions prise durant ce court séjour. Les français nous avaient donnés des vêtements et des ustensile en guise d'avance afin de prouver leur bonne fois.  

J'avais aussi eu le droit d'avoir un cheval ainsi que tous son harnachement. 

   — Êtes-vous certaines de vouloir repartir avec eux ? Si vous le souhaitez, vous avez votre place parmi nous. Avait proposé l'adjudant Taylor qui venait d'arriver derrière moi.  

Je m'étais retourné afin de lui faire face, ça n'était pas la première fois qu'il me le proposait et ma réponse restait la même. J'avais refusé de partir avec ma famille alors il était encore moins question de rester avec un inconnu. 

   — Bien, mais si à votre retour, vous avez changé d'avis, je vous trouverais un endroit pour vous installer, quelque chose de plus confortable qu'un amas de peaux de bête.    

J'étais monté sur le dos de ma monture sans adresser le moindre regard à l'adjudant. Voilà qu'il devenait aussi ingrat que le reste de ses hommes. Moi qui avais pensé qu'il s'agissait d'un homme respectable, me voilà une nouvelle fois bien déçut. J'avais salué le soldat d'un bref signe de tête avant de me joindre au groupe de natif qui s'était déjà mis en route. 

A notre retour au village, Andek et Chayton avaient été à la rencontre du chef, enfermé dans le tipi en compagnie du chaman et d'autres hommes. En attendant, j'avais été rejoindre quelques femmes qui étaient en train de tisser des perles sur de nouveaux vêtements. 

Plus tard dans la journée, alors que le soleil déclinait à l'horizon, je m'apprêtais à rejoindre le tipi afin de réchauffer le repas. Chayton était arrivé que bien plus tard dans la soirée. J'étais sur le point de m'endormir lorsqu'il était entrée, mais lorsque je remarquais son air crispé, ma fatigue s'était envolé.  

   — Est-ce que ça va ?

Chayton s'était assis au sol, je m'étais rapproché de lui, à genoux je l'observais attendant une réponse de sa par. Je savais qu'il n'était pas du genre à se confier mais je n'allais pas céder si facilement et il le savait.    

   — Les présages sont mauvais. Se contentait-il seulement de répondre. 

Je comprenais qu'il parlait du chaman. Les natifs accordaient beaucoup d'importance aux paroles du sorcier et je les comprenais, ce qu'il disait était souvent sage et s'avérait réel la plupart du temps.  

J'avais passé ma main autour du bras de Chayton. Nous étions restés silencieux, observant les flammes danser au milieu de la pièce. Depuis le début, j'avais eu des doutes sur cet accord passé avec les Français et cette annonce ne me rassurait guère. 

[ ... ]

Lorsque l'annonce de l'accord avait fait le tour du village, les choses avaient évolué d'une manière bien étrange. L'ambiance était tendue, des hommes menaçaient de quitter le village et refusait catégoriquement de vivre parmi les blancs. De nombreuses bagarres éclataient à tout instant. 

Les jours avant le départ, de nombreuses familles avaient décidé de quitter le groupe pour se joindre à d'autres bien plus au sud et puis le jour même ou nous allions rejoindre le fort français encore plus d'hommes étaient partie et le nombre de personnes avaient pratiquement réduis de moitié ce qui n'avait pas aider à calmer la pression qui montait même dans l'esprit de ceux qui semblait le plus convaincu que cet accord serait bon. 

Mon estomac était noué depuis la veille. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit et à plusieurs reprises j'avais eu envie de secouer Chayton afin de le réveiller, bien que je le soupçonnais de ne pas vraiment dormir. J'avais eu envie de rassembler nos affaires et de prendre nos chevaux afin de partir aussi loin que possible et échapper à toute cette folie. 

Je poussais un énième soupire. Assise sur le bord de la rivière, j'essorais mes cheveux en observant l'horizon m'imprégnant une dernière fois des paysages sauvages que je ne reverrais sans doute pas de si tôt. 

Derrière moi, j'avais entendu des pas, je n'avais pas eu besoin de me retourner pour savoir qu'il s'agissait de Chayton. 

   — C'est l'heure ? Demandais-je sans décrocher mon regard du paysage. 

   — Bientôt.

Je m'étais levé, presque à contre cœur et puis je m'étais blottie contre Chayton, il avait aussitôt passé ses bras autour de ma taille me tenant un peu plus fort contre lui. Son étreinte avait quelque chose de rassurant.    

   — J'espère que rien ne changera ... Soupirais-je.     

   — Je ne laisserais rien t'arriver.  

J'avais été étonné d'entendre sortir ces mots de la bouche du natif pourtant si pudique habituellement au sujet de ses sentiments. Pour autant je n'ajoutais rien, ne voulant pas briser ce moment bien trop précieux. 

Bientôt, rien ne serait plus pareil. 

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant