Chapitre 26

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Que l'on jette la pierre à l'étudiant qui n'a jamais dormi en amphithéâtre en plein cours. J'aimerais dire que mon manque de sommeil est dû aux nombreux travaux à faire, à rendre, à l'approche des examens, mais même pas. Mon manque de sommeil est uniquement dû aux fantômes du passé et à cette quête de vérité qui commence à me sortir par les trous de nez.

« Alex... Alex... ALEXANDRE ! »

Un sursaut tandis que Théo me fusille du regard sous l'amphi se vidant.

« Quoi ? Quoi ?!

— Le cours est fini. Tu veux prendre racine ici ?

— Déjà ?

— Ça fait quand même trois heures.

— Seigneur... Je n'ai rien écouté. Je suis dans la merde.

— Pour les examens ? Certainement. »

Soudain, je lui agrippe les mains, voyant en Théo mon sauveur providentiel.

« Tu me passeras tes notes ?

— Et tu ne veux pas cent balles et un mars aussi ?

— Allez, Théo ! Soit sympa. Tu m'aimes ou pas ? Si oui, tu tiens un minimum à ma réussite.

— Pourquoi je serais le seul à me taper les heures de cours tandis que toi, tu roupilles comme un loir ?

— Le prochain cours, je te couvre si tu veux. Tu dors, et moi je bosse.

— On n'a pas cours après. Triple idiot. »

Je le vois attraper son sac et descendre les escaliers progressivement, sans un mot de plus.

« Attends-moi !

— Tu n'as qu'à me rattraper. »

Je n'ai même pas rangé mes affaires encore.

« Argh ! La lumière du soleil.

— Vampire va... Je ne sais pas si t'es juste crevé ou si t'as la gueule de bois.

— Un peu des deux je dirais. »

Mettant mes lunettes de soleil sur le nez, je me jette sur le premier banc qui croise mon chemin, me vautrant de long en large.

« Pousse-toi. »

Théo s'assoit à côté de moi et s'amuse à regarder chaque étudiant passant sous notre nez.

« Qui aurait cru qu'un jour on donnerait des cours dans des amphithéâtres ? C'est fou comme le monde a changé.

— Il n'a pas changé... Il a évolué, c'est tout.

— Tu n'es pas censé finir ta nuit, toi ?

— Si... Mais le banc, ce n'est pas hyper confort. Me manque un oreiller. »

Tiens, je te tends une perche, prends-la.

« Utilise ton sac. »

Vent frais... Vent du matin... Vent qui souffle le long du chemin.

« Théo.

— Quoi ?

— Prête-moi tes jambes.

— Rêve. Je vais avoir des crampes après et je devrais faire attention de ne pas bouger. Imagine si tu te couches sur moi et que j'ai envie de faire pipi.

— Retiens-toi.

— Et puis quoi encore ?

— Allez ! Fais un geste. T'étais pas aussi dur avant.

— Parce que j'étais une femme ?

— Entre autres...

— Alexandre... Regarde autour de nous. Il y a des gens de partout. Qu'est-ce qu'ils vont penser de deux gars couchés l'un sur l'autre ?

— On emmerde ce qu'ils pensent. L'homosexualité était pratique courante à notre époque. On en avait pas honte. Pourquoi on commencerait maintenant ?

— Toi et moi on vient d'un autre temps... Ne commence pas.

— C'est toi qui m'as lancé sur ça. Bref... Prête-moi tes jambes.

— T'es irrécupérable. »

Dans un long soupir, Théo décroise finalement ses jambes et me laisse m'installer.

Victoire pour le peuple !

« T'es quand même chiant par moment.

— Mais c'est pour ça que tu m'aimes, non ?

— Je t'aime pour plein de choses, mais là... Tu dépasses les bornes des limites. »

Je me redresse et le dévisage dans une vitesse que je ne me connaissais pas.

« Quoi ?

— Tu as dit... Enfin... tu viens de dire que...

— Que je t'aimais ? Oui, je l'ai dit. Tu veux que je te l'écrive au marqueur indélébile sur ton bras aussi ?

— Oh !

— Tu avais raison sur un point... Il y a des choses contre lesquelles on ne peut pas lutter et auxquelles il serait vain de trop réfléchir.

— Donc... ça fait de toi et moi...

— Mais je te préviens... À l'époque, je t'ai rendu les choses trop faciles. Maintenant, ça sera différent. Tu vas devoir faire tes preuves.

— Tu veux me tester ? Après tout ce que j'ai fait pour toi ?

— Qu'est-ce qu'Alexandre a fait pour Théo ?

— Hmm... Attends... Je réfléchis...

— Ne réfléchis pas trop, ça ne te va pas.

— Enfoiré.

— Oui, mais c'est pour ça que tu m'aimes non ?

— Hé ! C'est ma réplique ça. Et oui, moi, je t'aime. »

Plaquant ma tête contre ses jambes, il garde sa main contre mes yeux et m'embrasse sur le front.

« C'est le plus important. »

Remember (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant