Chapitre 30 :

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Je donne le change, je rigole, je parle, mais je n'écoute qu'à peine ce que les autres disent.

Pourtant la fête foraine est censée être un endroit pour passer un un bon moment entre amis, en famille, en couple. Alors pourquoi aujourd'hui je me sens si étranger à tout cela ?
Mon regard se porte sur Shoto qui s'amuse devant avec Denki et Kirishima puis sur Kacchan qui a apparemment des envies de meurtres  et Kyoka qui rit à gorge déployée.

Moi qui pensait au début que mon Shoto était un piètre menteur, il est finalement peut-être le pire de nous deux. Encore que, le plus souvent ce ne sont même pas des mensonges mais des omissions, et il remplace la réalité des choses comme ça lui chante. Momo est juste sa meilleure amie mais après ça devient elle est ma fiancée, il s'invente une soeur...

- Izu tu attends quoi ? Prends ton ticket, on attend plus que toi !!
- Pardon ?
- Bah oui pour le manège, on a tous pris nos places.

Je les avais suivi sans même m'en rendre compte et j'étais devant un guichet. Je regarde le manège et définitivement non, je ne monte pas là dedans.

- C'est gentil mais je n'aime pas les manèges à sensation, je vais vous regarder et vous attendre.
- Mais nooon allez on le fait tous ensemble, fais pas ton fragile.
- Je ne fais pas mon fragile, juste c'est non, je n'aime pas ce type de manège Kirishima.
- Quel rabat joie...

- Je vais rester avec toi alors, me dit Shoto avec un sourire.
- Je te promet que ça ne me dérange pas de vous attendre, et puis tu as acheté ton ticket, ce serait débile de le gaspiller, tu as bien le droit de profiter un peu.

Je le vois grandement hésiter,
- Allez vas-y !
- Avec un peu de chance, l'un d'eux va gerber et on pourra rentrer. Bon par contre si c'est moi, là ce ne sera pas drôle du tout.
- Oui, peut-être.
- Je reviens alors, je garde un oeil sur toi.

Je lève les yeux au ciel, je ne suis pas un enfant qui a besoin de baby sitting.  Je suis en droit de faire ce que je veux.

Le manège étant sur le point de démarrer, les gens commencent à venir en masse pour regarder mais n'importe où je pose les yeux, je ne vois que des couples, pourquoi je ne vois que ça ? Alors que c'est la dernière chose que j'ai envie de voir.
Ils sont là tous à se tenir la main, à avoir des gestes tendres.

Je commence à étouffer, à me sentir seul au milieu de tous. Pourquoi ils sont tous à me narguer ? À me montrer ce que nous, nous n'avons pas le droit de faire.
J'ai besoin d'air, de m'éloigner maintenant, tout de suite.

Je me dégage de ces personnes et me met à courir sans même un regard derrière moi, je cours aussi vite que mes jambes peuvent me le permettre. Je sors de cet endroit et ne prends même pas la peine de m'inquiéter vers l'endroit où je me dirige. Juste courir, je commence à m'essouffler mais je ne m'arrête pas pour autant. La douleur de mon point de côté ne me paraît même pas suffisant comparé à ce que je ressens. Pourquoi la fuite ? Quand bien même qu'est-ce que je fuis ? Pourquoi je me sens si mal ? Alors que j'ai accepté cette situation. Shoto !!

Je finis par m'arrêter plié en deux à cause de l'essoufflement et de mon point de côté. Après quelques instants, je sors mon téléphone, lui envoie un sms lui disant de ne pas s'inquiéter pour moi et je le passe en mode avion.

J'erre un moment avant d'apercevoir une aire de jeu, j'entre à l'intérieur et j'aperçois une espèce de dôme où l'on peut se cacher à l'intérieur alors j'y prends place, je m'assied et ramène mes genoux vers moi.
Je sors une paire d'écouteurs de ma poche et les place dans mon téléphone et mes oreilles. Une seule chanson me vient en tête et la cherche, la trouve, appuie sur play, met en mode répétition et ferme les yeux. (Voir média).

Je te Sauverais Où les histoires vivent. Découvrez maintenant