• Plume n°25 •

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(Avant toutes choses : sachez que je suis désolée de ne pas avoir répondu à vos commentaires, mais comme je l'ai expliqué sur mon compte : je ne voyais plus AUCUN commentaire jusqu'à y'a encore quelques minutes. (J'ai réglé le soucis désormais))

Coucou los cariños ! Ça va ? Votre week end c'est bien passé ? Très bien pour ma part, puisque je vais enfin pouvoir vous parler d'un nouveau projet hehe !

Enfin bref, on se voit en bas et surtout : soyez indulgents avec Max ! 😉





Maxine




                   

La tuyauterie du robinet grinçait dans la cuisine tandis que le bruit des gouttes d'eau s'éclatant dans le centre de l'évier résonnait jusqu'à notre salon. Le bruit des secondes de la montre de ma sœur tintait dans les airs comme un compte à rebours, il dictait ma respiration, puis mes expirations. A chaque seconde qui s'écoulait, je continuais de la fixer manger comme si de rien n'était, comme si elle ne sentait mon regard sur sa peau, sur son visage usé par la fatigue.

Lentement, le dos toujours aussi droit, une serviette élégamment déposée sur ses genoux serrés sous la tables, elle apportait une autre cuillérée à sa bouche peinte en rose. Elle toussota légèrement, puis me lança un coup d'œil aussi indiscret que furtif. Dans un geste nerveux, elle redéposa ses couverts dans son assiette et se mit à trifouiller les pans de sa jupe moulante. Sa tête était rivée au sol, regardant tout sauf mes yeux qui ne cessaient de la dévisager comme depuis une bonne quinzaine de minutes.

Mon dîner avait cessé de fumer ; il avait refroidi et je ne l'avais pas touché. J'avais préféré fumer. Une, puis deux, je les avais enchainées pour détendre mes muscles noués et pour désankyloser mes pensées ralenties par ma gueule de bois. J'avais impatiemment attendu qu'elle réagisse, qu'elle hurle au scandale et qu'elle me pousse jusqu'à la terrasse pour j'aille niquer mes poumons ailleurs, mais elle n'avait même pas répondu à ma provocation. Elle avait simplement continué de manger, lentement, toujours plus lentement, toujours aussi impeccablement assisse dans le fond de sa chaise.

Elle l'avait fait, parce qu'elle était terrifiée. Elle était horrifiée car elle savait que je savais des choses. Elle savait que d'ici la fin du repas, je saurai davantage de choses encore. Elle redoutait le moment où j'exploserai enfin, même si elle ne savait pas réellement le pourquoi.





"Tu ... " Commença-t-elle, mais elle s'arrêta immédiatement de parler quand ses yeux bleus croisèrent les miens surement rougis par le joint que j'avais fumé un peu plus tôt, seule sur ma terrasse. Nerveusement, ses doigts s'emmêlèrent et se posèrent fébrilement sur le bord de la table. Elle papillonna furieusement des cils et murmura de nouveau : " Tu veux de l'eau ? "





Je ne répondais pas, concentrée sur sa façon ridicule qu'elle avait d'éviter mon visage impassible. Je laissais le silence, mon allié depuis des années, s'immiscer autour de nous, s'accaparant tout l'espace. Je savais ô combien elle était terrifiée par mon mutisme, elle l'avait toujours haï. Depuis mon réveil à l'hôpital, depuis l'instant où j'avais posé mes yeux sur elle après que je me sois réveillée et que mes parents, des médecins et deux putains de flics aient commencé à crier autour de nous. Je me souviens de son expression, de chaque recoin de son visage souillé par les larmes. Elle n'avait pas bougé pendant un long moment, tétanisée à quelques mètres de moi, paralysée par le regard que je lui lançais et par le silence quasi morbide qui s'émanait de moi.

A partir de là, elle a eu peur de mes silences.





" Tu n'as pas faim ? T-Tu n'as pas touché à ton assiette. " Bégaya-t-elle, la voix si fébrile que je crus pendant un moment qu'elle allait fondre en larmes.





Mutique.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant