— Ça va, ça va, répondit ce dernier d'une voix étrange tandis qu'il essayait de se redresser maladroitement. J'ai juste gliss...Sa voix mourut subitement et ses yeux s'écarquillèrent de surprise lorsqu'il m'aperçût. Stoppée brusquement dans mon élan, je me trouvais debout à l'extrême bord du vide et le regardais bouche-bée, n'en croyant toujours pas mes yeux. Je fermai volontairement mes paupières quelques secondes me demandant si toute cette scène était réelle ou si c'était la fatigue et la perte de sang qui me jouaient des tours. Mais lorsque je les rouvris, il était toujours là devant moi...à mon grand soulagement.
— Comment tu...
— Par où êtes-vous...
— Mon dieu Hayden...tu es vivante !
Nos trois phrases, prononcées quasi simultanément se télescopèrent, nous coupant tous dans notre élan. À l'entente de cette troisième voix, je me penchai avec prudence en avant et jetant rapidement un coup d'œil vers le haut, aperçut Connie, debout au bord d'une autre ouverture béante environ quatre mètres au-dessus de moi.
Je réalisai soudain, que ce que j'avais initialement pris pour une simple pièce, était en fait une sorte de grand puit carré. Ce dernier montait d'ailleurs tellement haut, que son sommet se perdait dans les ténèbres. Ce genre de construction me disait quelque chose, même si c'était la première fois que j'en voyais...mais je n'arrivais pas à me rappeler quoi. Quand d'un coup, cela me revint...c'était une cage d'ascenseur !
Ce genre d'installations n'existaient plus depuis longtemps à Last City. Jugées beaucoup trop couteuse en énergie et plus du tout en adéquation avec notre nouveau mode de vie (ou devrais-je dire de survie) actuel. Je me rappelais du nom, car j'adorais lire les livres de l'ancien monde, comme il l'appelait à l'E.E.V et que j'étais l'une des rares élèves qui s'y intéressaient encore.
— Comment êtes-vous arrivés là et...
— Ce n'est pas le moment de discuter, l'interrompit Lynch d'une voix pressante où l'on sentait même poindre une pointe d'inquiétude. Il faut traîner ici le moins possible. Vous êtes nombreux ? demanda-t-il à Connie, en élevant la voix afin d'être bien sûr qu'elle l'entende.
— Quatre, répondit cette dernière d'une voix sinistre. Justin est toujours avec nous, mais je ne suis pas sûre qu'il soit en état de descendre...
— Si on m'aide...j'y arriverai, dit ce dernier en apparaissant aux côtés de Connie.
Même à cette distance l'on pouvait voir que son teint était pâle et sa respiration laborieuse, même appuyé comme il l'était contre le mur, à droite de Connie.
— J'étais parti en éclaireur, intervint Connors qui avait enfin réussi à se stabiliser et s'apprêtait à continuer sa descente. Il y a une sortie en bas...ou ce n'est pas la peine de descendre ?
— Les seules sorties que je connaisse sont par-là, lui répondit Lynch en lui désignant le couloir sombre derrière lui, d'un signe de tête. Je me demande même comment vous avez fait pour arriver là-haut, continua-t-il d'un ton pensif que je dû être la seule à entendre.
Connors ne répondit pas et commença à tester les câbles auxquels ils se tenait, en essayant de les faire bouger. Je compris ce qu'il voulait faire quand il commença à mouvoir tout son corps, imprimant ainsi un mouvement de balancier à l'ensemble. Voyant qu'il touchait presque les murs de part et d'autre, il commença à se hisser et s'arrêta une fois à la hauteur de Connie. Puis, lorsqu'il fut proche du mur à nouveau, s'agrippa fermement des deux mains aux rebords de l'ouverture, ses jambes entremêlées et verrouillées au câble pour ne pas que celui-ci ne lui échappe.
— Connie...aides Justin à s'agripper aux câbles. Tu vas y arriver ? demanda-t-il à ce dernier, qui avait visiblement du mal à se déplacer seul.
— Oui ça ira, lui répondit-il d'une voix concentrée, tout en tendant une main tremblante vers le filin.
Une fois que Justin fut en place, Connors lâcha le rebord et s'empressa de lui agripper les chevilles pour l'aider à maintenir la position, tandis qu'il ne se tenait qu'à la force de ses jambes et de son bras enroulé autour du câble principal. Une fois que ce dernier eut cessé de se balancer, il commença à descendre entraînant Justin dans son sillage.
Au moment où ils touchèrent le sol, je relâchai le souffle que je n'avais pas le souvenir d'avoir retenu. À voir les visages et les postures tendues des autres...je n'avais pas dû être la seule dans ce cas. J'attendis que Connie et une personne que je ne connaissais pas, descendent à leur tour pour me lancer. Le fait de les savoir sain et sauf, me donna des ailes et c'est sans trop de difficultés que je parvins enfin jusqu'en bas. Au moment où j'arrivai enfin sur le sol crasseux, je cru entendre Lynch baragouiner un « c'est pas trop tôt » agacé, qui me donna instantanément envie de le baffer. Ce que je me retins de faire facilement, en voyant Connie s'avancer vers moi, un sourire soulagée sur les lèvres.
Nous restâmes un moment à nous regarder en souriant bêtement, sans prononcer un mot. En même temps dans notre situation...les silences avaient quelque fois plus de poids que des mots. Nous finîmes par nous prendre la main et se simple geste nous fit beaucoup de bien.
— Il faut avancer, dit soudain Lynch en regardant sa montre d'un air concentré. Il va bientôt faire nuit...le meilleur moment pour nous pour tenter d'atteindre l'usine sans nous faire repérer par les drones.
— Ils doivent sûrement être en train de nous y attendre, grommela Ophélia d'une voix chagrine.
— Crois-moi, il n'y a quasiment aucun risque que ce soit le cas, lui répondit-il en se tournant vers elle pour la dévisager. Si nous parvenons à atteindre cette usine...nous serons à l'abris...
— Et pourquoi là-bas plutôt qu'ailleurs ? Pourquoi...
— Fais-moi confiance, faites-moi tous confiance, dit-il soudain d'une voix persuasive en nous regardant tous à tour de rôle. Une fois à l'usine nous serons en sécurité et à ce moment-là...nous pourrons allez chercher nos amis. Maintenant il faut y aller...
Dans un geste symbolique, il tendit une main vers Lada. Cette dernière ne la prit pas et se contenta de lui faire un rapide signe de tête avant de le suivre. Nous leur emboitâmes tous le pas dans un silence pesant. Nous marchâmes durant une bonne demi-heure, avant de parvenir devant un nouvel éboulis. Qui s'avéra en fait être un habile camouflage, dissimulant un tunnel grossièrement creusé. Nous dûmes nous mettre à quatre pattes pour y pénétrer et fûmes même contraint de ramper sur les derniers mètres. Heureusement pour nous, le passage n'était pas long. Nous débouchâmes enfin à l'air libre, au milieu d'un entrelacs de plantes grimpantes et de buissons en tout genre, qui dissimulaient efficacement le tunnel à tous regards extérieurs.
— C'est le crépuscule...idéal ! se félicita Lynch en chuchotant. Éteignez tous vos lampes et suivez-moi. Nous n'aurons qu'une seule chance...
Puis il s'élança en courant, courbé en deux, cherchant à rester le plus possible dans l'ombre des bâtiments. Nous n'avions pas fait dix mètres, que j'avais déjà les poumons en feu et la tête qui tournait. Mon corps me signalait de façon très claire, qu'il était au bord du point de rupture, mais je ne pouvais pas l'écouter. Mon ventre me faisait atrocement souffrir et je voyais bien, que plus les secondes passaient, plus je me faisais distancer par le reste du groupe. J'étais sur le point d'abandonner, faute de la force nécessaire pour continuer, quand quelqu'un me saisit fermement par le poignet, m'entraînant dans sa course.
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Nouveau chapitre, après beaucoup de retard, mais...vacances obligent ^-^ Mon cerveau ayant décidé de rester en vacances, je vous prierai d'excuser ce chapitre qui n'est pas du tout à mon gout ! Mais comme je n'arrivais pas à l'améliorer, j'ai décidé de le poster quand même pour que l'histoire puisse avancer. Je le reprendrai intégralement par la suite.
J'espère quand même qu'il vous a plu ?! Toujours merci de me lire, vous êtes super ^_^
Bisous, bisous
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Isolated System
Science Fiction*Vainqueur du concours Award Rentrée 2016 dans la catégorie science-fiction* Hayden fait partie des survivants. Descendante des quelques centaines de chanceux, rescapés du grand cataclysme ayant ravagé la terre, une centaine d'années auparavant...