La soudaine pénombre me saisit, me faisant stopper net, afin que mes yeux se réhabituent une nouvelle fois à l'obscurité ambiante. Mais celle-ci était différente de celle de la grotte ou des souterrains du L.A.B, me rendis-je compte lorsque je relevai mes paupières. La lumière intense du soleil, filtrée par les plantes et la mousse recouvrant les vitres, baignait l'endroit d'une lumière verdâtre. Cela conférait au lieu une atmosphère étrange...voir inquiétante, mais que curieusement je trouvai apaisante, après la luminosité implacable régnant à l'extérieur et à laquelle je n'étais pas habituée. Mais le plus agréable, à mon sens, était la fraîcheur qui régnait ici et qui apaisait peu à peu ma peau surchauffée.
Voyant que les autres en profitaient pour reprendre leur souffle et ne semblaient pas plus pressés que cela de partir en exploration, je pris le temps de regarder autour de moi. Nous nous trouvions dans une sorte de hall immense, qui à l'origine avait dû être entièrement blanc, du carrelage au sol, à la peinture des murs. Mais qui, à présent, était terne et recouvert de poussière et de végétaux en tout genre. Une sorte de grand comptoir incurvé, trônait inutilement au milieu de la pièce, semblant abandonné au milieu de tout ce vert.
Je m'aventurais enfin à faire quelques pas en avant pour rejoindre les autres, regroupés près de ce qui avait dû être le bureau d'accueil. Le bruit de ma foulée résonna fortement dans le silence ouaté de la pièce, me faisant sursauter et me donnant un coup au cœur. J'essayai donc d'être plus discrète dans ma démarche et m'approchai d'eux, à pas prudents.
— On attend quoi ici ? Demandait Ophélia à Lynch d'une voix impatiente au moment où j'arrivai à leur hauteur.
— Que les drones s'en aillent et que nous puissions rejoindre notre point de rendez-vous, lui répondit-il, tout en retirant sa veste en lambeaux.
— Et pour y retrouver qui ?! lui répondit-elle d'un ton agressif. À quoi ça va servir d'aller là-bas, s'il n'y a plus que nous en état d'y arriver ! Nous ferions mieux d'aller chercher ceux de l'autre groupe qui n'ont pas été capturés ! On...
— ...et il se passera quoi, si l'on part à leur secours alors qu'eux ont décidés de continuer à suivre le plan initial, dans l'espoir de nous retrouver à l'usine ! En ne nous voyant pas, ils risquent de croire que nous avons été capturés aussi et peuvent paniquer !
— Isy est avec eux. Aucune chance qu'elle panique, affirma Ophélia avec une assurance que seule une profonde affection avait le pouvoir de générer.
— Sauf si elle est morte, déclara soudain Elana de sa voix pragmatique habituelle.
Un silence choqué suivit ses paroles froides et totalement dénuées d'empathie. Sa réflexion, avait beau être pertinente, il y avait d'autre façon de le dire et certainement aussi, d'autres moments plus appropriés.
— Pourquoi dis-tu ça, lui demanda Ophélia d'une voix agressive, bien qu'elle luttât de toute évidence contre les larmes.
— Je ne connais pas bien Isy, mais elle n'a pas l'air de quelqu'un qui laisse tomber ses amis sans se battre, alors...j'espère que j'ai tort, mais...au vu de son caractère courageux...c'est une possibilité.
Elle lui avait répondu, d'une voix douce et gentille, s'étant vraisemblablement rendu compte de son précédant manque de tact.
— Raison de plus, pour refaire leur parcours en sens inverse et chercher s'il y a des survivants.
— Non, c'est trop risqué, asséna Lynch de sa voix de prof autoritaire. Nous allons rejoindre l'usine comme prévu...et s'il n'y a personne, reprit-il après avoir fait signe à Ophélia de ne pas l'interrompre, nous partirons à leur recherche. Si tu n'es pas d'accord avec moi...je ne te retiens pas, lui dit-il enfin en fixant son regard implacable dans le sien.
VOUS LISEZ
Isolated System
Science Fiction*Vainqueur du concours Award Rentrée 2016 dans la catégorie science-fiction* Hayden fait partie des survivants. Descendante des quelques centaines de chanceux, rescapés du grand cataclysme ayant ravagé la terre, une centaine d'années auparavant...