15.

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Isabelle se réveilla épuisé ce matin-là. Elle n'avait pas beaucoup dormi. Son ventre lui faisait à nouveau mal. Elle sonna et ordonna à Annie qu'on lui apporte de l'eau et un morceau de pain.

Elle avait repassé sa dispute avec les deux hommes en boucles. Il fallait qu'elle parle à Antoine. Lui dire qu'il ne s'était rien passé entre eux, cette fameuse nuit. Il avait après tout, toujours été correct avec elle. Elle ne pouvait plus être en colère contre lui. Mais son corps ne lui permettait pour l'instant de faire quoi que ce soit. La colère, le ressentiment et la culpabilité avait raison d'elle. Elle espérait que renouer une amitié avec Antoine lui enlèverai un poids des épaules.

Elle resta la matinée entière allongée en essayant de manger à petit morceau, la maigre tranche de pain. Cela la répugnait mais elle tentait de se forcer, car elle ne tiendrait pas longtemps à cette allure-là. Elle prit ensuite quelque gorgé d'eau et attendit patiemment que son estomac accepte la digestion.

En début d'après-midi elle se leva enfin et s'habilla. Elle alla immédiatement dehors. Le ciel était couvert, mais la brise légère qui glissait sur son visage, lui fit du bien. Elle s'accouda à la rambarde de la terrasse et ferma les yeux pour savourer. Elle passa la main dans sa nuque, elle était raide et légèrement douloureuse. Elle ouvrit les yeux et vit en contrebas Antoine et Mickaël qui remontait les escaliers l'un à côté de l'autre en discutant à voix basse. Ils s'arrêtèrent net en l'apercevant elle. Les deux hommes semblaient portés les stigmates d'une bagarre. Antoine avait la mâchoire violacé et des égratignures sur le nez, Mickaël, lui avait l'œil au beur noir. Elle sut immédiatement que s'était de sa faute si les deux hommes s'étaient battus. Antoine croyait qu'elle était enceinte de son ami, et qu'ils avaient couchés ensemble. Il aurait fallu qu'elle soit sotte pour ne pas comprendre ce qui les avait motivés à s'entretuer.

Elle dévala les escaliers, à l'opposés de celui qu'ils étaient en train de monter, et arrivée en bas, elle se plia en deux et rendit le peu qu'elle avait avalé. Des larmes perlèrent à ses yeux et l'une d'entre elle s'écrasa au sol. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle sente une terrible peur s'emparer d'elle.

Elle partit comme une furie jusqu'au box de son cheval, faisant fi des personnes qui l'appelait dans son dos. Arrivée dans les écuries, elle prit une fourche et se cacha dans le box de son cheval en attendant qu'une attaque arrive.
Mais rien n'arriva. Elle se laissa doucement glissé dans la paille. Elle aurait tellement voulu pleurer mais elle ne pouvait pas, elle en avait trop peur.

Ce mariage, ce mari, cet amant, ce manoir, ces gardes, tout cela était une catastrophe. Elle n'en pouvait plus. Elle se sentait emprisonné, elle étouffait et elle faisait n'importe quoi. Son idée de vengeance avait poussé deux personnes à se battre à cause de sa stupidité. Elle ne pouvait leur faire payer le fait qu'ils aient agit contre leur gré. Elle ne pouvait en vouloir qu'à Mickaël de se servir d'elle pour assouvir ses désirs. Et elle connaissait d'autre moyen que de pousser les deux amis à se détester.

David arriva à ce moment-là.

- Pourquoi viens-tu toujours te réfugier ici quand tu es triste ?

- Je ne sais pas, hocha-t-elle des épaules. Surement parce que je me sens bien ici et que j'ai une entière confiance en toi ?

- Merci. Tu sais que Mickael te cherches ? Je l'ai entendu t'appelé alors que tu fuyais par ici.

- Je lui ai dit de ne plus m'approcher.

Elle lui raconta brièvement la scène du baiser la nuit dernière.

- Tu comprends, David, il ne fait que se servir de moi pour assouvir son désir de mâle. Il se sent obligé de me protéger, s'est son devoir m'a-t-il dit. Et après ça il a cru que je le laisserai faire ! Les hommes sont vraiment tous des .... Elle leva les yeux vers son ami avant de se reprendre, enfin pas tous, toi tu es quelqu'un de bien !

IsabelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant