Chapitre 22-2

                                    

                                          






Au lieu de m'appesantir sur ce départ précipité, je décidais plutôt de m'intéresser à mon environnement immédiat. Je me retournais donc et surprise...encore un nouveau couloir délabré ! J'attendis là, sans bouger, pendant plusieurs minutes. Qu'étais-je sensé faire exactement ? Personne ne m'avait rien dit. Je restais là, indécise, encore quelques minutes supplémentaires, sans qu'aucun changement notable ne survienne. Je ne pouvais quand même pas rester là indéfiniment, planté comme une plante verte ! Se pourrait-il que cela fasse déjà partie du test ? Venant de Lynch c'était plus que probable, me dis-je en me décidant finalement à bouger.
 J'avançais de quelques pas dans le couloir obscur...enfin obscur n'était pas le terme exacte. L'atmosphère ici était...différente, de manière subtile, mais assez pour que je le remarque. Cela devait surement venir de l'éclairage...que je ne voyais nulle-part maintenant que j'y faisais attention. D'où pouvait bien provenir la lumière alors ? Je continuais et plus j'avançais, plus l'intensité lumineuse augmentait. Cela me faisait penser à la lumière du jour. Se pourrait-il que...mais non, nous étions sous terre, me morigénais-je intérieurement. Pourtant...cette lumière ne ressemblait pas à celle produite par les veilleuses fatiguées présentent dans ce complexe. Décidée à en avoir le cœur net, je continuais mon cheminement, accélérant l'allure à mesure que la lumière se faisait de plus en plus vive. C'est donc en courant que je traversais une arche en pierre servant de porte et m'arrêtais bouche-bée. 
La pièce était gigantesque...enfin si l'on pouvait encore qualifier cet endroit de pièce. Je me trouvais sur  une sorte de plateforme, surplombant une grande cuvette circulaire. Celle-ci était cintrée par des sortes de passerelles en bois, qui descendaient en pente douce vers le sol, se trouvant quelques mètres plus bas. Mais le plus impressionnant était l'immense plafond vouté qui recouvrait l'ensemble. Il était percé, en plusieurs endroits, d'ouvertures cylindriques laissant passer la lumière du jour. Je restais là quelques instants, à apprécier la douce chaleur d'un rayon de soleil sur mon visage. Cela ne faisait que deux jours que j'étais ici, enfermé sous terre, mais cela était déjà suffisant pour que j'en ressente le manque. Quelqu'un toussota discrètement, me reconnectant brusquement avec la réalité. J'avais été tellement saisie par le décor, que je n'avais même pas remarqué les trois personnes se trouvant sur ma gauche. Deux que je ne connaissais pas et se trouvant au milieu...Lynch, qui comme d'habitude, me regardait comme si j'étais une variété particulièrement repoussante de vers de vase ! 
— Maintenant que vous avez enfin daigné nous rejoindre, nous allons peut-être pouvoir commencer, persifla-t-il tout en dirigeant d'un pas rageur vers la passerelle branlante. 
Je me crispais instantanément et dus faire un gros effort sur moi-même pour ne pas répliquer quelque chose que j'aurais pu regretter. Au lieu de cela, je pris une grande inspiration, puis la relâchais de façon appuyé en le regardant droit dans les yeux. Il ne fallait pas que je perdre mon calme, c'était tout sauf le bon moment. Je ne savais pas du tout en quoi consistait ce fameux test, mais je savais que si je voulais avoir une chance de rester ici, je devais faire de mon mieux. 
— Bon, nous avons déjà perdu assez de temps comme ça. Passons à la seconde épreuve, vu que vous avez déjà raté la première...
— Pardon ?! Quelle première partie, demandais-je abasourdie. 
— L'entrée dans cette salle. De mémoire, je crois que vous êtes la plus lente depuis que cette épreuve existe. Ce qui en soit, est déjà une performance, ironisa-t-il en commençant la descente. Suivez-moi et essayez de ne pas tomber, ce serait dommage !
Un instant, je fus tentée de tourner les talons et de tout planter là. Je commençais à ne plus pouvoir supporter ses petites piques méchantes et ses reproches constants. À croire qu'il le faisait délibérément pour me forcer à abandonner. Mais dans ce cas, pourquoi avoir tout risqué pour m'amener ici ? Cela aurait été complètement idiot...quoique venant de lui ! Et puis de toute façon, où irais-je ? En y réfléchissant bien, je n'avais pas vraiment le choix.
 Je m'engageais donc à mon tour sur la passerelle, qui maintenant que j'y étais, me paraissait encore plus instable. Je m'approchais de la rambarde, comme hypnotisée par le néant s'ouvrant en contrebas. C'était la première fois que je me tenais comme ça au-dessus du vide et même si c'était effrayant, cela avait aussi quelque chose de...grisant. Je parvins quand même à m'arracher à ma contemplation et entrepris de commencer la descente. C'est au moment où je posais le pied sur la coursive, que l'avertissement de Lynch prit tout son sens. La passerelle, qui serpentait en pentes douces le long de la paroi et était formée de planches branlantes et mal jointes, ne mesurait qu'à peine un mètre de large et surtout...n'avait pas de garde-corps ! Je m'arrêtais un instant, indécise. 
— Alors ?! Me cria Lynch d'un ton exaspéré. C'est pour aujourd'hui ou pour demain ? À moins que vous ne vous soyez brusquement découvert un don pour le vol, sortit-il en ricanant tandis qu'il continuait la descente sans plus regarder derrière lui. 
Je pris sur moi, me jurant intérieurement qu'il me le paierait plus tard, et m'engageais prudemment à sa suite. Le trajet fût un vrai cauchemar et me parût durer des heures. J'avais beau me coller à la paroi, le vide semblait m'attirer, m'entrainant toujours un peu plus sur la droite et les planches craquaient et bougeaient sous mes pieds, me donnant l'impression que tout allait s'effondrer sous mon poids. C'est donc transpirante et couverte d'égratignures que je posais enfin les pieds sur la terre ferme, avec un énorme soupir de soulagement.
— Voilà nous y sommes, me dit Lynch mettant ainsi fin à mon moment de répit. Maintenant c'est à vous de jouer.
— Comment ça, répondis-je sans comprendre. Car devant moi et à perte de vue, s'étendait les restes de bâtiments en ruines, plus ou moins envahit par la végétation et les débris en tout genre. 
— Vous devez traverser. Je vous attendrais de l'autre côté, enfin...si vous réussissez. Et sur ces paroles rassurantes, il s'en alla. Me laissant seule dans la faible lueur du jour déclinant.
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Je post ce chapitre pour ne pas vous faire trop attendre, mais soyez indulgent car il y a beaucoup de choses à reprendre ! Et merci pour les plus de 500 vues...c'est énorme ! N'hésitez pas à voter et à commenter :-)