VIII

3.8K 414 37
                                    


J'aimais ta bouche sur la mienne, j'aimais voler ton souffle, j'aimais sentir ton coeur battre contre ma paume. J'aimais me sentir vivant contre tes bras.






•Haz ?

J'ai relevé la tête lentement. Gemma se tenait dans l'embrasure de la porte, en pyjama rose bonbon, les cheveux vaguement coiffé. Elle venait de se réveiller.

•Salut Gem.

•Qu'est ce que tu fous là ?

•Rien...

Elle s'est avancé, et après avoir pris soin de refermer la porte derrière elle, est venu se blottir contre moi. J'ai eu l'impression que cela faisait une éternité que nous n'avions pas fait ça, elle et moi. Je l'ai serré dans mes bras et elle a fait mine de ronronner.

•Eh ! Te rendors pas t'es lourde !

Elle a pouffé de rire et a finalement relevé le visage, pour m'observer. J'ai détourné automatiquement les yeux. A croire que Louis déteignait sur moi.

•Quelque chose ne vas pas.

Ce n'était pas une question. J'ai haussé les épaules et elle a posé ses doigts sur ma joue.

•Tu veux en parler ?

•Je sais pas...

•C'est à propos de ce garçon que tu vas voir tout les soirs n'est ce pas ?

J'ai senti mon visage s'empourprer et Gemma a souri.

•Oh, Haz. Tu es amoureux ?

Je me suis figé. Gemma a du sentir mon trouble car elle s'est mordillé la lèvre et a reculé légèrement, semblant chercher ses mots.

•Tu n'es pas... obligé d'en parler. Je ne le dirais pas à maman de toute façon tu sais et ce n'est pas...

•C'est bon Gem.

Elle s'est rassise, entourant ses jambes de ses bras avec un soupir.

•Il s'appelle comment ?

•Louis.

•C'est joli.

•Ouais, c'est français.

•Comment tu prononces ? Loueh ?

•Non, Louis.

•Lou-eh ?

•Lou-iiiis.

•Lou-is.

•C'est bon.

Elle m'a jeté un coup d'oeil et s'est mise à rire. Et je ne sais pas pourquoi, mais j'ai fait pareil. Deux minutes plus tard, elle me chatouillait les côtes et j'avais les larmes aux yeux, et des crampes aux joues.

•Gem ! Lai-laisses moi c'est d-de la t-triche !

•Noooon. D'abord tu me dis si tu l'aimes !

•Q-qui ?

•Lou-iiiis.

Je me suis tortillé un peu plus sous ses doigts, mais elle me tenait fermement et j'ai fini par balbutié.

•J-je l'aime m-mais lui n-non.

Les chatouilles de Gemma ont cessées.

Parce que je venais de fondre en larmes.

*

Gemma restait silencieuse, les mains autour de sa tisane brûlante. Je n'osais même pas toucher à la mienne, de peur de m'ébouillanter la langue et d'empirer mon état. Il y avait des mouchoirs partout sur la table basse, et mon t-shirt était trempé. Je crois que je n'avais jamais pleuré autant de ma vie, et Gemma ne paraissait pas vraiment savoir comment me réconforter. Alors elle avait préparé une tisane, et m'avait serré contre elle en embrassant mes cheveux. Puis m'avait enroulé dans le plaid et maintenant, attendait simplement que je parle.

Ce que je n'arrivais pas à faire.

Elle a fini par prendre ma main et tout en caressant mes doigts, elle a hasardé.

•Tu le connais depuis longtemps ?

•Non... Pas trop... Deux ou trois mois.

•Tu veux bien me parler de lui ?

J'ai froncé légèrement les sourcils, rassemblant mes mots. Mes impressions. Et au fur et à mesure que ma langue se déliait, je me suis rendu compte que j'avais vraiment besoin de parler de Louis.

•Il est... Etrange. Et passionnant. Il dessine beaucoup, mais des trucs vraiment... Glauques ? Je ne sais pas trop comment expliquer, parfois il me fait peur, mais il à l'air si... Fragile. Comme si quelque chose l'avait déjà brisé de l'intérieur. Il habite avec sa mère, Jay, elle fait une dépression mais elle est très gentille et très douce, un peu comme maman, Louis prend tellement soin d'elle si tu les voyais, ils s'adorent. Ils vivent dans les quartiers nord, tout en haut d'un immeuble et la chambre de Louis est toute petite, mais la fenêtre donne sur un parc et c'est joli le soir, quand le soleil se couche. Il est très intelligent aussi, et il ne parle beaucoup, enfin pas pour ne rien dire, il a toujours l'air de vouloir dire des mots avec ses yeux, et il est beau, quand il sourit c'est comme si il était le soleil, il a des yeux bleus comme la mer, il est magnifique je te jure, on dirait un ange, mais il ne vient pas souvent en cours, voir jamais d'ailleurs, il a une cicatrice sur le cou et ça aussi ça me fait peur et il s'est fait insulter parce qu'il est gay alors je crois qu'il a très peur de ça, qu'on nous voit ensemble, et de toute façon je ne pense pas qu'il m'aime alors...

J'ai repris ma respiration.

•Alors je ne lui dirais jamais que je suis amoureux de lui.

Gemma m'a fixé quelque secondes sans rien dire avant d'hasarder un petit sourire.

•Wow. Haz, je ne t'avais jamais entendu parler aussi vite ! Il a l'air vraiment...

•Parfait. Il est parfait.

J'ai bu quelques gorgées de ma tisane et Gemma me fixait toujours aussi pensivement.

•Pourquoi... Si il ne veut pas être avec toi en présence des autres, pourquoi est ce que tu ne l'emmènerais pas un week end aux Nuages ?

•Aux Nuages ?

•Ba oui... On y va jamais en hiver, mais il y a le chauffage après tout. Et la plage doit être vide comme on est hors saison. Si tu veux... Je ne sais pas, un peu d'intimité avec lui. Pour parler ? Ca me parait le lieu idéal.

Les Nuages, c'était le petit cabanon de la famille, juste près de la mer, au Cap. Je n'y avais jamais invité aucun potes, cet endroit appartenait à Gemma moi et maman et nous y passions toujours les plus belles vacances du monde. Un peu hors du temps. La tête dans les nuages, les pieds dans les vagues. Y inviter Louis... Ce serait génial. Vraiment. Et hors saison, il n'y aurait personne, la plage serait vide et froide, juste immense. Je voyais déjà Louis contempler la mer de la même façon qu'il avait regardé le documentaire l'autre jour, sur Arte, avec tant de vie au fond de ses yeux.

Peut être que ça changerait tout.

Peut être que dans les Nuages, Louis serait quelqu'un d'autre.



Hey Angel - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant