Chapitre 3

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Strasbourg est une ville grandiose

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Strasbourg est une ville grandiose. Moi qui ne connaissais que la Normandie, me voilà immergée dans un univers totalement étranger.

Je me laisse porter par la foule, cette mer humaine qui m'entoure. Malgré mes tendances insociables, il y a quelque chose de réconfortant dans ces moments partagés. Cela reflète, après tout, l'humanité qui nous anime tous.

Je m'efforce de rester optimiste.

Je retrouve enfin ma voiture et, tout en frottant mes mains pour me réchauffer, je m'y cache un instant. Je devrais probablement chercher les itinéraires les plus rapides pour me rendre au lycée. Je devrais aussi tenter de tisser des liens avec mes futurs collègues, mais honnêtement, cette perspective m'enthousiasme assez peu.

Je jette un œil à mon téléphone, parcourant mes notifications. Aucune nouvelle de mes proches. Ils ont disparu des radars depuis l'annonce de ma mutation ici. Je laisse échapper un soupir et repose le téléphone. C'était un choc pour eux, oui, mais aussi pour moi. Nous étions proches, complices. J'avais une famille idéale, comme celle des films où tout est parfait : sans homophobie, sans transphobie, sans racisme.

Ils étaient simples, dans le meilleur sens du terme. Ils aimaient tout et acceptaient tout, sans jugement. Puis un jour, je suis arrivée et je leur ai avoué qu'il me fallait partir... près de l'Allemagne.

Leurs ancêtres avaient traversé les ombres de la guerre, survivant à des horreurs que le temps ne pourra jamais effacer.

Mon téléphone vibre alors, et je vois apparaître le visage de ma cousine. Je décroche aussitôt.

— Allô, ma Shishi, comment ça va ? me demande sa voix douce, presque chantante.
— Super, et toi, Vaness ? réponds-je, heureuse de cet échange.
— Super aussi ! Tu fais quoi pendant la semaine de Noël ? enchaîne-t-elle, toute joyeuse.
— Je ne sais pas trop... peut-être que d'ici là, je me ferai des amis... ou alors je finirai dans un bar, rigole-je, sachant pertinemment qu'elle devine que c'est une blague.

En effet, les bars hétéro ne figurent définitivement pas dans mes projets. Et même si je suis sociable, j'ai une aversion inexplicable pour ces lieux.

— Tu penses avoir du temps pour tes cousins ? On voulait voir le fameux marché de Noël de Strasbourg, lance-t-elle.
— Tu... tu veux venir à Strasbourg ? balbutié-je, surprise. Mais... et Papy et Mamie ?
— Tu sais, ma Shishi, le passé ne doit pas être effacé, mais accepté. Papy et Mamie ont souffert, mais nous non. Les choses ont changé, il ne faut pas entretenir de rancœur envers des innocents, me répond-elle.
— Tu es bien plus mature que nos anciens, soufflé-je, vaincue. Si vous n'êtes pas tout un régiment, j'ai une deuxième chambre et un clic-clac dans le salon.
— Il n'y aurait que Yann, Aria et moi, répond ma cousine.
— Parfait alors ! m'exclamais-je, Vous arrivez quand ?
— La semaine de Noël, ça te va ? Cette année, on veut passer Noël en petit comité, répond Vanessa.
— C'est parfait ! À dans deux semaines, alors ?
— À dans deux semaines ! répète-t-elle avant de raccrocher.

Ma Fleur du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant