Chapitre 13

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Un bruit assourdissant de corne me tira brutalement du sommeil, me projetant hors du monde des rêves avec une violence inouïe. Mon cœur s'emballa, frappant lourdement dans ma poitrine, tandis que mes pensées flottaient encore entre l'inconscience et la réalité. Pendant un instant, je restai figée, désorientée, incapable de distinguer la tente obscure où je me trouvais des ténèbres qui m'entouraient. 

Je m'assis précipitamment sur la paillasse, mes membres encore engourdis par le sommeil. Mon corps tout entier réagissait à l'adrénaline, mes muscles se tendant, mais refusant encore de répondre à mes ordres avec la rapidité nécessaire. Le temps semblait s'étirer de manière grotesque, comme si l'urgence de la situation cherchait à me paralyser dans une lenteur infernale.

Un deuxième appel de corne retentit, plus proche cette fois, résonnant à travers le camp comme un rugissement sinistre. Le son guttural semblait provenir des entrailles de la terre elle-même, vibrant dans les profondeurs de mes os. Il ne laissait aucun doute : 

La guerre était là. 

Mon corps se réveilla totalement, secoué par cette réalité brutale. Un frisson glacé parcourut ma colonne vertébrale alors que l'instinct de survie s'enclenchait. Chaque battement de tambour, chaque cri lointain de soldat, me rappelait que la bataille était imminente, et que je n'avais pas une seconde à perdre.

Mon regard tomba sur mon armure posée à côté de la paillasse. 

Pas le temps. 

Une seule pensée martelait mon esprit : je devais agir, et je devais le faire maintenant. J'abandonnai l'idée de m'équiper, sachant que chaque seconde comptait, et me précipitai hors de la tente. Vêtue seulement de ma robe vert kaki sombre, ajustée à la taille, je me sentais vulnérable. Ce vêtement simple, conçu pour la discrétion et la mobilité, semblait dérisoire face à l'horreur qui se préparait dehors.

Dès que je mis le pied à l'extérieur, le chaos m'engloutit. L'air était saturé de cris déchirants, d'ordres hurlés et du bruit incessant des armes s'entrechoquant. Les sons, amplifiés par l'écho des collines environnantes, me frappaient comme des vagues de panique. Le camp, habituellement bien organisé, était en proie à une confusion sans nom. Les démons, ces créatures autrefois redoutables et implacables, semblaient désorientés, leurs rangs brisés. C'était la première fois depuis que j'avais rejoint leurs rangs que je les voyais ainsi : dépassés par la situation.

Mes pieds avancèrent d'eux-mêmes, comme si mon corps avait décidé avant mon esprit. Le chaos qui régnait autour de moi semblait lointain, presque irréel, mais je savais que chaque pas me rapprochait de l'épicentre. À l'avant du camp, là où tout semblait se jouer, une tension sourde pulsait dans l'air.

Accélérant le rythme, mes bottes frappaient le sol sans bruit, étouffées par le tumulte environnant. Des démons imposants me bousculèrent à plusieurs reprises, leurs corps massifs et leurs armures de fer heurtant ma frêle silhouette sans même me remarquer. Ils étaient entièrement absorbés par l'urgence du moment, courant pour se préparer à ce qui ressemblait à un affrontement final. Malgré ma petite taille et l'apparence vulnérable de ma robe, je me faufilais entre eux, déterminée à atteindre l'avant.

À mesure que je progressais, l'air devenait plus lourd, saturé d'une odeur métallique et âcre un mélange de sueur, de sang et de métal chauffé. Les bruits du combat devinrent plus nets, déchirants. Le fracas des lames s'entrechoquant était assourdissant, tandis que le sifflement des épées fendait l'air autour de moi. Des hurlements gutturaux se faisaient entendre, des cris de rage, mais aussi de douleur.

J'arrivai enfin à l'avant du camp, et la scène qui s'étalait devant mes yeux me glaça le sang. Mon corps se figea, mes muscles pétrifiés par l'horreur. J'étais incapable de bouger, incapable même de respirer tant le spectacle qui se déroulait devant moi était à la fois cauchemardesque et apocalyptique. Ce n'était pas une simple bataille  c'était un massacre, un cauchemar tissé de chair et de sang, une danse morbide où les ténèbres elles-mêmes semblaient avoir pris vie.

heart of the AbyssWhere stories live. Discover now