Chapitre 11

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Je marchais à travers le campement, le poids de mes pensées alourdissant chacun de mes pas. Mon esprit était en ébullition, tourmenté par une multitude de questions et d'images que je ne pouvais chasser. 

Deimos et Nyxarys avançaient d'un pas rapide devant moi, leurs silhouettes sombres se détachant sur le ciel grisâtre, presque menaçant. Ils étaient silencieux, déterminés, et je pouvais sentir la tension irradier d'eux comme une force palpable. Ils se dirigeaient vers l'avant du camp, là où, je le savais, la pression montait, où l'air lui-même vibrait d'anticipation.

Mes pensées tourbillonnaient, m'entraînant dans un tourbillon d'émotions. Ce que j'avais vu dans cette tente... l'horreur à laquelle j'avais été confrontée. Les corps mutilés, les enfants sans vie, les cris étouffés des femmes brisées qui résonnaient encore dans mon esprit comme une mélodie funeste. Un spectacle que je ne pouvais pas oublier, un rappel cruel de la réalité de cette guerre. Ce n'était pas une simple lutte pour le pouvoir, ni une confrontation entre deux factions rivales. C'était la brutalité à l'état pur, la destruction de tout ce qui était humain. Une guerre sans merci, où la vie perdait toute valeur.

Je serrai les poings, sentant la colère et l'impuissance monter en moi. Chaque pas à travers ce campement me rapprochait d'un assaut inévitable. Le sang allait couler, cela ne faisait aucun doute. Mais à quel prix ? Et pour qui ?

Les deux hommes devant moi ralentirent soudainement leur allure, me tirant brusquement de mes pensées. J'avais presque oublié où nous étions, perdue dans le chaos de mon esprit. C'est alors que je réalisai que nous étions arrivés à l'extrémité du camp. Là, devant nous, une rangée de gardes se tenait fièrement, alignée en une formation impeccable. Leurs armures noires brillaient sous la lumière terne du jour mourant, et leurs visages étaient fermés, durs comme la pierre. Leurs yeux fixaient intensément l'horizon, là où le véritable ennemi attendait.

Devant nous s'étendait un terrain vaste, couvert de boue et d'herbes sauvages, comme un no man's land sinistre. Le paysage semblait sans fin, une mer dévastée de nature déformée par le poids de la guerre. L'air était lourd, chargé d'électricité, comme si le sol lui-même pressentait la tempête qui approchait. Chaque souffle du vent portait une tension palpable, et même la nature semblait retenir son souffle, attendant le premier coup qui allait briser ce calme angoissant.

Je pouvais presque entendre les battements sourds des cœurs des gardes, résonnant à l'unisson avec la terre elle-même. Ces hommes savaient ce qui les attendait. Ils étaient préparés pour la violence, prêts à embrasser le chaos. 

Mais moi, étais-je prête à voir ce qui allait suivre ? 

Je jetai un regard vers Deimos. Sa mâchoire était serrée, ses yeux fixés sur l'horizon, comme s'il voyait déjà l'ennemi avancer. Son charisme sombre irradiait une assurance effrayante. Pour lui, ce n'était qu'une autre étape, une autre guerre à remporter.

À notre arrivée, les gardes se mirent à s'écarter, créant un passage étroit entre leurs rangs. Leurs visages, tendus, concentraient toute leur attention sur ce qui allait se produire. Aucun d'eux ne parla, mais leur posture trahissait une anticipation silencieuse. Comme s'ils attendaient que quelque chose d'inéluctable se déclenche. Un frisson me parcourut l'échine tandis que nous avancions entre eux, nos pas résonnant contre le sol détrempé, le silence seulement troublé par le bruit sourd de la terre humide s'enfonçant sous nos pieds.

De l'autre côté de la ligne des gardes, trois silhouettes se détachaient dans l'ombre du crépuscule. Il ne me fallut qu'un instant pour reconnaître la première : Cali, avec ses cheveux blancs éthérés qui semblaient flotter légèrement dans l'air immobile. Elle était là, calme, presque immobile, mais ses yeux reflétaient une malice inquiétante, comme si elle savait quelque chose que nous ignorions encore. Daemon, son ombre inséparable, se tenait à ses côtés, son regard perçant fixant un point invisible à l'horizon, impassible et résolu comme toujours. Il était une force silencieuse, l'épée dissimulée sous la cape.

heart of the AbyssWhere stories live. Discover now