CHAPITRE 18

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Tout ce que Delilah nous avait conté n'avait pas été vrai.

Je serais morte pour ses péchés, mais, finalement, je pensais déjà mourir. Je respirais fortement, j'entendais mon pouls à travers ma gorge pourtant j'avais l'impression d'avoir un énorme poids sur la poitrine. Un poids qui ne pouvait plus être ôté, celui qui se débattrait pour ainsi rester accroché à mon buste, remontant inévitablement dans mon œsophage déjà irrité par le manque de salive. Je me doutais fort de la peine que Delilah devait ressentir, elle avait maintenant le dossier confidentiel devant elle, examinant minutieusement la totalité de ce dernier. Ses mains tremblantes, pour la première fois en plusieurs mois. J'avais pris le temps de connaître Delilah et ses différents mécanismes de défense lorsqu'il en venait à ses parents. Présentement, elle ne se cachait aucunement.

Delilah n'était pas au courant de tout cela, mais Thomas était véritablement innocent tout ce temps, cependant, ce qui restait inconnu était la raison pour laquelle lui aussi se démenait envers Delilah s'il n'avait rien à se reprocher ?

Ça n'avait pas de sens. Cela me semblait évidemment improbable. Tout ce que l'on nous avait élaboré pour mettre un terme à sa carrière et ses activités. La certitude avec laquelle nous l'effectuions. Je n'avais pas aperçu de nom pour lequel une personne avait été reconnue coupable par les juges, l'affaire avait dû être classée sans suite. Aucun de nous n'étions au courant qu'une affaire avait été enregistrée, et encore moins que Thomas ne faisait même pas partie des suspects.

Delilah respira longuement, avant de se précipiter vers le perron de la maisonnée. La porte toujours ouverte, je m'élançais à mon tour, sur ses talons. Je refermais la porte d'un coup de main avant de voir Delilah tordue, le visage vers le bas et les mains posés sur les genoux. Je m'avançais et lui attrapais délicatement ses cheveux tout en faisant attention à coincer les petites mèches sur les côtés entre mes doigts. Les vomissements furent plus violents, elle oscilla, cherchant quelque chose à laquelle se tenir. Mais rien n'était présent ici, pas même une poutre, alors, elle fut contrainte de choisir ma jambe. Tout ce que je pouvais faire désormais était lui tenir compagnie, malgré la douleur qui me lacérait la poitrine depuis que j'avais lu les documents administratifs que Valérien nous avait apportés, je savais tout aussi bien que Delilah n'avait pas connaissance de cette affaire. Cette femme avait été meurtrie par la vie, assez tôt pour en être encore ébranlée, mais jamais, elle n'aurait lancé des personnes comme nous sur une telle quête si elle avait connu les enjeux de cette dernière bien plus tôt. Je savais que je ne devais me soucier de son bien-être, que je devais penser à moi, mais je ne pouvais exiger de ma personne de ne penser uniquement qu'à moi et ce que mes émotions étaient à présent. Ce que je voulais, c'était que Delilah aille bien, qu'elle soit assez en forme pour pouvoir à nouveau cacher son réel ressenti. Même si je n'étais pas de ceux qui aimaient voir cette facette sur son visage, elle était bien plus là, bienvenue, que l'image d'une Delilah détruite, celle qui était véritablement tombée dans les méandres de ses propres aléas.

Je préférais voir la dague qu'elle se tournait en elle plutôt que de la lui retirer subitement, c'était la réelle Delilah Evans. Celle à qui je donnais mon amour.

Lorsqu'elle eut fini, quelques minutes plus tard, elle s'essuya grossièrement la bouche à l'aide du dos de sa paume, toujours pâle.

Elle s'aida de mon corps dans le but de se relever, empoignant mon épaule pour se mettre à la même hauteur que moi avant de me regarder, le regard vitreux et les lèvres sèches. Avant que je ne puisse lui demander si tout allait bien, nous furent surprise par la venue improvisée de mon frère. Il cria après avoir ouvert la porte, brandissant le téléphone de Delilah :

– Il est là. Thomas.

Auparavant courbé vers Delilah, je tournais la tête vers Elio tout en me redressant. Je lui arrachai le téléphone portable des mains. Le petit écran affichait une carte sur laquelle on y voyait un point bleu nous situant notre localisation et un point rouge, non loin. Je relevais vivement la tête avant de passer l'objet à Delilah pour qu'elle puisse constater les faits. Comment avait-il pu avoir notre emplacement ? Delilah protégeait et vérifiait constamment les alentours, tel un vautour qui survolait au-dessus de nos crânes.

Nos Mornes Remords - Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant