Chapitre 18 : Combats.

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Chapitre 18.3 : Combats.

       Sentant un poids soudain sur son épaule, Julia se réveilla en sursaut, émergeant d'un rêve sombre et vide. Elle se redressa sur sa chaise, son dos endolori, le cœur battant la chamade. Lorsqu'elle leva les yeux, elle distingua enfin la silhouette qui avait posé sa main sur son épaule et tenta immédiatement de se relever, reconnaissant Madame La Duchesse.

— Non, non, je vous en prie. Restez assise, Julia... soupira la Duchesse, ses paroles étonnantes pour la gouvernante qui remarqua qu'elle l'appelait par son prénom pour la première fois.

Épuisée à tous égards, Julia accueillit avec gratitude le geste de Marianne De Villiers, qui tira un fauteuil du coin de la pièce près d'elle, car elle ne pensait pas avoir la force de se lever et de se tenir droite comme l'exigeaient le respect et la bienséance.

Une fois que la maîtresse de maison fut assise près de Julia, celle-ci se sentit tendue. Un lourd silence s'abattit sur la salle, ne laissant entendre que les respirations des deux femmes ainsi que celle, irrégulière, d'Henri.

Depuis trois jours maintenant, Julia était restée assise. Elle passait son temps sur cette chaise à attendre qu'Henri se réveille éventuellement un jour. Et cela devenait insupportable, mais elle demeurait là. Elle resterait jusqu'à ce qu'il reprenne conscience, désirant être le premier visage qu'il verrait en ouvrant les yeux.

Il paraissait si pâle et fragile dans ce grand lit à baldaquin qu'elle aurait voulu se blottir à ses côtés pour lui transmettre un peu de sa force.

Julia ne pouvait supporter cette chaise, ces murs blancs, cette grande chambre d'ami du château, tapissée de rouge luxueux dans laquelle, contre toute convenance, Monsieur le Duc avait demandé qu'Henri soit placé.

Elle tourna brièvement la tête vers Madame La Duchesse, qui restait silencieuse à côté d'elle. Les yeux de la maîtresse de maison étaient fixés sur Henri, et Julia pouvait percevoir l'inquiétude dans son regard. Malgré la situation très étrange, cette attitude était plutôt touchante. La dure et rigide Marianne De Villiers avait-elle donc un cœur finalement ?

Relevant son regard vers le visage pâle d'Henri, allongé avec les yeux clos, sa respiration lente dans le vaste lit, sous les couvertures, la tête reposant sur un oreiller, Julia ne put réprimer une sensation de glaciation en envisageant la possibilité de la mort d'Henri.

Au moment où le coup de feu avait retenti, elle avait sursauté violemment, tout comme l'ensemble des convives, des hôtes et des domestiques. Un silence pesant s'était abattu sur l'ensemble des jardins, avant que Monsieur le Duc ne soit le premier à réagir, s'élançant à toute allure et slalomant habilement entre les invités pour se diriger vers l'origine du bruit, probablement près des écuries. Ensuite, alors que Monsieur le Duc s'éloignait rapidement, les domestiques, dont « les Cailloux » et les autres invités s'étaient également réveillés de leur torpeur et s'étaient précipités derrière Edouard De Villiers. Peu à peu, la curiosité l'emportant, chaque domestique et invité avait convergé vers les écuries. Julia avait marché avec des jambes tremblantes derrière Marianne De Villiers et Eléonore De Villiers. Mais où était Charles ? Elle ne l'avait pas vu de la soirée.

Soudain, son cœur s'était emballé, imaginant un instant que le fils De Villiers pouvait être impliqué dans ce coup de feu.

La foule avait alors afflué, une centaine d'invités s'efforçant de se faufiler pour observer une scène mystérieuse. Julia avait entendu des halètements de stupeur ainsi que des murmures d'horreur.

Soudain, une sensation de malaise s'était emparée de la jeune gouvernante, comme si quelque chose n'était pas à sa place. Elle avait senti des picotements parcourir tout son être. Où était Henri ?!

Révérences et Révoltes [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant