Chapitre 3 : Complexité.

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Chapitre 3.2 : Complexité.

          Edouard s'arrêta devant son épouse et son fils, ainsi que devant les nombreux domestiques alignés, droits comme des piquets. Madame Dubois et Mademoiselle Leclaircie interrompirent également leur marche derrière lui.

Je vous prie de bien vouloir accorder votre plus grande attention, s'il vous plaît, entama Edouard. Nous avons une annonce à vous faire.

Il inspira profondément. Il ne devait en aucun cas bégayer. Cela ne serait pas digne d'un duc, mais comment se comporter lorsque ses émotions semblaient bloquées dans sa gorge ?

— Madame Dubois... a pris la décision de nous présenter sa démission.

Suite à cette déclaration, il fut véritablement impressionné par le niveau de professionnalisme manifesté par les domestiques de sa demeure. Il était indéniablement fier de ses employés, un fait connu. Et son admiration allait particulièrement à Henri Deveau, qu'il considérait comme un ami, tout comme il avait considéré son père Alexandre Deveau. Ces deux hommes avaient toujours été présents pour le soutenir dans les moments difficiles et dans les moments de joie, et il en avait fait de même. Que ce soit à la naissance d'Henri ou au décès de la femme d'Alexandre Deveau en couche, il avait été présent, tenant la main d'Alexandre à sa mort, et lui promettant de prendre soin de son fils au sein de cette maison. Henri était un excellent majordome, tout comme son père. Il insufflait un zèle perfectionniste aux domestiques, et le manque de réaction face à la bombe qu'il venait de lâcher en disait long.

Henri, impassible, semblait toutefois avoir des yeux légèrement brillants, malgré la froideur apparente.

— Elle se joindra à vous à l'office afin que vous puissiez lui adresser vos adieux, puis elle remontera pour quitter Chantilly par le hall d'entrée. Ses effets personnels sont déjà dans la voiture, continua Edouard.

Il tourna son regard mélancolique vers Madame Dubois, petite et fragile, et esquissa un sourire. Il ne lui exprimerait pas maintenant, devant tous, ce qu'elle représentait pour lui. Il le ferait au moment où elle déciderait de monter dans la voiture pour partir.

— Je vous prie de bien vouloir la remercier pour ses 55 années de service à Chantilly et de lui faire vos adieux avec respect.

Madame Dubois hocha la tête, adressant un sourire chaleureux aux employés. Certains ne purent s'empêcher de sourire en retour, dont Henri.

— Je tiens à ce que vous sachiez que j'ai toujours considéré cet endroit comme ma demeure. Je n'aurais pu rêver d'une existence meilleure. Je suis comblée et honorée d'avoir travaillé au sein d'une telle maison, empreinte de splendeur et de grandeur.

Edouard observa les sourires de Charles et Marianne. Le duc se réjouit de déceler une certaine émotion dans les yeux de sa femme, qu'il trouvait relativement insensible ces derniers temps. Sa réaction à l'annonce du départ de leur gouvernante la veille en avait été un exemple.

— Maintenant... Edouard se tourna avec solennité vers Mademoiselle Leclaircie qui, en dépit de ne pas être impliquée dans cet épisode émotionnel, se tenait droite, la tête haute et le regard déterminé. J'ai le plaisir de vous présenter Mademoiselle Julia Leclaircie, qui assumera la fonction de gouvernante en chef de Chantilly.

Une certaine tension s'immisça dans le hall d'entrée, et Edouard pouvait aisément en comprendre la signification. Tout cela représentait une série de bouleversements : la démission de Madame Dubois, l'arrivée d'une nouvelle gouvernante en chef, et surtout, le poste qui échappait à certaines femmes de la maison, notamment à Mademoiselle Lambert, la femme de chambre de Marianne.

Révérences et Révoltes [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant