Epilogue

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Atterrir sur un astéroïde en mouvement est une entreprise périlleuse, mais cela n'effraie pas Rémond. Rien ne l'effraie, à vrai dire. C'est l'avantage, quand on n'a pas d'émotions.

Ses doigts pianotent sur le tableau de bord, ses gestes sont rapides mais pas précipités. Autour de lui, des blocs de roche tourbillonnent, tous larges d'entre un et dix mètres. Celui qu'il vise est plus gros, cependant. Tout juste assez pour accueillir son petit vaisseau.

Il se pose avec maîtrise, coupe le moteur et retire sa ceinture. Après avoir enfilé une paire de bottes à gravité artificielle, il jaillit à l'extérieur. Pas de casque ; pas de combinaison ; pas de bouteille d'oxygène. Il n'en a pas besoin.

Oui, Rémond n'a besoin de rien. Il est le chef-d'œuvre de Thétis. Un homme indestructible, inatteignable. Le clone de Roma, certes. Mais un clone amélioré. Mis à jour.

Il repense à la balle que cette zoonite lui a tiré dans le crâne. L'idée qu'elle ait cru l'avoir tué lui donne envie de rire.

Il fronce les sourcils. Ce n'est pas normal. Il n'est pas programmé pour ressentir de l'amusement.

Il se met à avancer, sa démarche alourdie par les bottes. Pas un son ne s'élève. Le vide est total ; le silence aussi. Il n'y a que l'obscurité et les astres : un spectacle magnifique, auquel Rémond n'accorde aucune attention.

Il s'arrête face à une plaque de métal, vissée dans le sol. De la même couleur que la roche, elle est invisible si on ne sait pas où chercher, mais ce n'est pas la première fois que le jeune homme se rend ici. Sans hésitation, il se penche et colle sa main sur la surface grise. Le système de reconnaissance dernier cri l'identifie aussitôt, et la plaque pivote. Une courte échelle permet à Rémond de descendre dans une étroite cabine cylindrique. Il rabat l'ouverture par dessus sa tête, et un sifflement se fait entendre quand l'air envahit le compartiment. Enfin, la paroi coulisse.

Rémond débouche dans une vaste pièce circulaire, plongée dans une lueur bleutée. Le long des murs sont alignés des caissons en verre à taille humaine. A l'intérieur de chacun d'eux, baignant dans un liquide visqueux, il y a une femme. Toutes paraissent paisibles. Elles sont nues, les paupières closes ; leurs longs cheveux de jais flottent autour de leur tête comme ceux d'une sirène.

C'est Thétis Grazziano.

Des dizaines et des dizaines de Thétis Grazziano.

Rémond s'approche du premier caisson. Il pianote sur un clavier, et derrière la paroi, le liquide commence à s'évacuer.

Enfin, sa créatrice ouvre les yeux.

Cass (Sf/romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant