22- Tout avait tant changé

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Ascian avait quitté sa propre chambre et m'avait laissé un moment seule pour recoller les morceaux de ma vie qui venait tout justement d'exploser en mille morceaux.
Je ne comprenais pas tout pour l'instant mais je savais une chose : c'est que je n'avais jamais été seule, ni un objet dont on pouvait facilement se débarrasser.
J'étais, semblerait-il, précieuse et Ascian avait dédié une partie de sa vie à me protéger ainsi que mon oncle Marius qui me protégeait dans l'ombre, j'avais hâte de le revoir et de, cette fois, lui poser plein de questions.
Jusqu'à présent je ne m'étais pas rendue compte que j'étais aussi bien entourée. Seulement, je savais que si j'étais autant protégée c'était parceque beaucoup de personnes voulaient ma mort...

Après de longues minutes à réfléchir aux derniers mois que je venais de passer, je me dirigeais vers la sortie des appartements d'Ascian pour rejoindre ma chambre.
Je devais sûrement préparer mes affaires pour partir demain.

Mais une fois face à mes vêtements étendus sur mon lit et au sol, je me mis à douter.
- Pourquoi je devais partir ?
Me posais-je cette question. Puis je pris une grande inspiration et me répondis

- Parceque ici tu n'es pas en sécurité Heidna...

Mes mots sortirent de ma bouche mais je savais que se n'était pas les miens mais plutôt ceux d'Ascian. Je ne faisais que répéter ce qu'il m'avait dit.
Je n'avais pas envie de croire au fait que demain j'allais vraiment changer de lieu de vie, jusqu'à présent je n'avais rien connu d'autre que les murs de cette demeure et de ceux de l'orphelinat. Je n'étais même pas allée dans cette forêt, encore moins pendant la saison des tempêtes de neige.
Tout ça me semblait irréel comme situation mais je continuais à faire ma valise tel un robot.
Jusqu'au moment où je devais choisir une robe, je mettais toujours une belle robe pour dîner avec Ascian.
Mais là bas, Ascian n'allait plus y être...
Mon cœur se serra immédiatement et ma respiration se coupa nette à cette idée.
-Ascian...
Prononçais -je en un soupir à peine audible.
Je ne pouvais pas partir sans lui.
Sans lui dire au-revoir au moins.
Mes pensées fusaient et venaient se planter, comme des milliers d'aiguilles, dans mon cœur.

Mais j'oubliais qui il était.
Qui nous étions vraisemblablement.
Que devrais-je penser de lui maintenant ?
Peut être que pour une fois je devrais me laisser perdre le contrôle, oublier tous ces corps dont il avait pris la vie. Peut être que je devrais foncer dans le danger qu'il représentait et écouter seulement mes émotions ?
Après tout, si j'étais encore en vie c'était grâce à lui ...

Le parquet grinça, tandis que je tentais de me faire toute petite pour pouvoir monter les escaliers qui menaient au dernier étage de la propriété.
Mais mon ascension fût momentanément suspendue, tout comme ma respiration, quand je vis un faisceau de lumière se faufiler par l'entre bâillement de la porte de la chambre d'Ascian.
Il devait être encore réveillé.
Je repris mon souffle et j'entrepris un instant de faire demi-tour et de me ressaisir.
Mais je préférais m'enfoncer un peu plus dans les complications.
Je parcouru les dernières marches qui me séparaient de sa chambre et poussais la porte pour l'ouvrir assez pour que je puisse me faufiler dans la pièce.
Je me précipitais de balayer du regard l'espace jusqu'à ce que je tombe nez à nez avec Ascian.

Je ne l'avais jamais vu sous cet angle. On aurait dit un ange. Mais pas n'importe lequel, un ange déchu.
Son doux visage contrastait à merveille avec le chaos qui l'entourait.
Il était endormi et ses traits c'étaient adoucis mais ses cheveux semblaient mêlés et de nombreuses mèches noires pendaient devant son front, il avait un bras qui se balançait le long de son fauteuil en cuir et si on suivait la trajectoire de son membre, on y trouvait un vieux livre ouvert au sol.
Il devait lire avant de tomber dans les bras de Morphée ...
Une bouteille de whisky était posée sur le rebord d'un chevalet, elle semblait en suspension et un rien pouvait la faire tomber, pourtant il avait choisi de la déposer là contre une toile dont la peinture était encore fraîche.
Il m'avait de nouveau dessiné mais cette fois-ci il c'était concentré sur les détails de mes yeux. Le portrait était fait pour que mes yeux soient au centre de l'oeuvre.
Il avait dû les observer longtemps pour être capable de les refaire avec autant de précision... Ça en était troublant.

La Protégée du Vampire. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant