XI - Chapitre XLVIII

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Lorsqu'elle sentit sa robe s'ouvrir, la jeune femme regretta ce qu'elle venait de faire. Elle voulait créer une confiance entre eux, le remercier de lui avoir demandé la permission pour l'embrasser, également de l'avoir laissé en paix depuis l'incident. Mais elle craignait désormais qu'il interprète cela comme une invitation à une intimité. Elle ne voulait pas qu'il la déshabille pour faire ces choses douloureuses et honteuses. Elle voulait simplement que ce geste soit purement gentil, et confiant.
Alors quand sa robe glissa le long de ses bras et de son corps et qu'elle se retrouva en chemise blanche et corset, son corps entier se raidit. Elle sentit dans sa nuque le souffle de Philippe et elle frémit lorsque ses mains frôlèrent sa peau.

Mais finalement, il passa devant elle, alla prendre la robe qu'il avait choisi et la ramena pour l'aider à l'enfiler. Hélène ne se fit pas prier, et enjamba le tissu avant qu'il ne le remonte sur son corps. Il lassa du mieux qu'il put le dos.

-Je ne suis pas aussi doué que je l'aurais pensé.

Hélène se retourna face à lui et sourit, à la fois soulagée que rien ne se soit passé, et heureuse de découvrir chez son mari une facette amicale.

-Merci.
-Tu es ravissante. Comme toujours.

La robe était rose et or, mettant son teint en valeur. Elle se regarda dans le miroir.

-Je devrais retravailler un peu ma coiffure, j'ai l'air d'être tombée dans une botte de foin.
-Fais donc. Je vais me changer.

On faisait tout pour Hélène depuis son mariage, la laver, l'habiller, la coiffer et la maquiller, mais elle aimait faire cela elle-même de temps en temps dans son ancienne vie, et elle espérait de pas avoir perdu la main. Elle remonta les mèches de cheveux qui étaient tombé et mis des perles nacrées roses et rubans d'or dans sa chevelure en rappelle de sa robe. Puis elle remit du rouge sur ses joues et ses lèvres en contraste avec son teint tout à fait blanc, comme la mode l'exigeait à la cour. Elle mit une mouche au coin de sa pommette et trouva le résultat assez réussit.
Philippe avait finit de s'habiller, avec un costume de bleu et d'argent, et avait attaché ses cheveux en une tresse simple. Même si se maquiller était assez recommandé, il n'aimait pas se voir maladivement pâle et les mouches le grattait. Il garda donc sa peau nue, et ensemble ils quittèrent la chambre pour retourner aux gigantesques salles communes. Là, Philippe se mit à discuter avec d'autres amis, et rapidement Hélène se lassa de la conversation qui tournait principalement autour de la politique et des guerres.
Elle décida, sans demander l'autorisation, de s'éloigner discrètement pour parcourir et découvrir les lieux par elle même.
Tout ceci lui faisait pensé à l'affreuse soirée qu'Arthur avait organisé en l'absence de Philippe et elle eu un frisson en y repensant. Elle ne pouvait néanmoins nier la beauté des lieux.
Elle marchait la tête en l'air, à fixer les plafonds peints, lorsqu'une voix féminine l'a fit sursauter:

-Vous devez être La Duchesse de Valencour.

Elle se tourna vers la femme d'une trentaine d'années qui venait de lui parler et qui arborait une énorme perruque grise pleine de froufrous, une dizaine de mouches sur le visage et une robe jaune serrant sa poitrine à la faire presque déborder de son décolleté.

-Euh... oui... je... excusez-moi à qui ai-je l'honneur?
-Madame de Colmette, mais appelez-moi Grace, je suis enchantée de vous connaître!

Ce nom lui disait quelque chose. Oui. Guillaume lui avait dit qu'il serait heureux de lui présenter cette amie.
La femme paraissait réellement excitée de faire sa connaissance et trépignait presque sur place.

-Guillaume m'a parlé de vous tout à l'heure, je ne sais pas où il est en cet instant, il est toujours incapable de rester en place, un vrai enfant, mais nous le retrouverons très vite. En attendant, je dois vous faire visiter les lieux! C'est votre première visite de la cour n'est-ce pas Hélène? Je peux vous appeler Hélène? Vous allez voir! Vous allez adorer! Moi la première fois j'ai cru que j'allais me faire pipi dessus tellement j'étais excitée. Depuis je ne suis jamais vraiment partie d'ailleurs...

Sans qu'Hélène puisse dire quoi que ce soit, la femme l'avait déjà prise par le bras et se mit à la guider dans la foule sans cesser de parler, avec enthousiasme et toujours un sourire énorme plaqué sur le visage.

Épées et BaisersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant