Frissons & Friction

                                    

                                          
You're here for a reason but you don't know why
You're split and uneven, your hands to the sky
Surrender yourself
False Confidence - Noah Kahan
Mardi 25 octobre 2016
Il y a deux jours, alors qu'on était tous encore dans le salon des deux Préfets-en-Chef, Scorpius a annoncé à Rose qu'il ne pourrait pas l'accompagner à leur cours de danse du jeudi suivant, à cause de son club de lecture du lundi qui avait été déplacé parce qu'un membre était malade, ou pour quelque autre raison. Je ne m'en préoccupais pas vraiment pour être honnête. Je m'intéressais seulement au fait que Rose se retrouve sans partenaire pour ses répétitions, et je l'ai vue, la fenêtre que j'attendais depuis plus d'un mois et demi. 
Je n'ai pas hésité pour lui confier que les leçons de danse était obligatoire dans le parcours de Beauxbâtons, et que j'avais continué les cours optionnels pendant deux ans encore à Ilvermorny. Je pourrais remplacer Scorpius pour cette fois-ci, si ça l'arrangeait, je lui avais dis. Merlin savait que ça m'arrangeait, moi. Elle avait accepté après m'avoir toisé quelque secondes de son regard énigmatique. 
Après le banquet du soir, nous nous étions éclipsé à Près au Lard par un passage secret que Rose connaissait, derrière une statue de sorcière borgne qui rejoignait la boutique de sucrerie du petite village où je m'étais rendu un samedi avec Olympe et Ellie. 
Rose ne m'avait pas décroché un mot, à part pour répondre à mes questions.
Où on se rendait ? En Russie apparemment.
Depuis combien de temps dansait-elle ? Depuis qu'elle avait six ans.
Quel ballet répétait-elle ? La Belle aux Bois Dormant.
Quel rôle elle avait ? Aurore, évidemment.
Est-ce qu'elle ne dansait que du classique ? Non, du contemporain aussi.
Elle nous avait fait transplané devant un bâtiment de pierres grises, dramatiquement impressionnant dans la pénombre de la nuit.
Elle avait retiré l'ensemble de survêtement moldu qu'elle avait enfilé au dessus de ses collants et de son justaucorps, noir. Tous les vêtements de Rose étaient noirs. Elle m'avait prévenu qu'elle avait d'abord une heure de leçon collective avec d'autres danseuses avant les répétitions de son duo avec Scorpius. Je l'observais avec plaisir, adossé au cadre de la porte.
Ses lourdes boucles étaient relevées dans un chignon parfait qui dégageait sa nuque délicate. Elle écoutait avec attention les instruction de sa professeure à l'air strict qu'ont les anciennes danseuses classiques, en ignorant royalement les regards jaloux de ses camarades. 
La vieille instructrice lança quelques mots en russe et le groupe s'éclata, les danseuses allèrent se placer près des murs de la salle. La musique démarra et les filles, toutes la peau très claire et les cheveux davantage plus clairs, s'animèrent. C'était comme être témoin d'un souffle de vie insufflé à un tableau moldu. Les mouvements aériens étaient envoutants à observer. 
La scène était belle dans son intégralité. N'importe quel humain serait touché de la beauté des pas et de la chorégraphie, mais mon cœur se serrait plus qu'il ne le devrait. Parce que Rose était parmi elles. Et elle ne faisait pas seulement partie d'un ensemble, elle maintenait tout le groupe. Elle calait le tempo de la danse hypnotisant, en son centre. Même sans son justaucorps noir qui tranchait des autres, aux tons rose pale et bleu ciel, elle se serait détaché de la masse. La lumière semblait valser avec elle.