Chapitre 48 : Lueurs

                                    

                                          
En moins de deux, Natsu arriva au manoir. C'était un petit château en briques coincé derrière quelques séquoias, qui étaient si grands et si larges de troncs qu'on aurait pu se croire au beau milieu d'une forêt. La bâtisse n'était pas vieille mais essayait de le paraitre. La fête battait son plein, on percevait derrière les larges baies vitrées tout un vacarme de voix et de verres en train de s'entrechoquer. Le parking était noir d'autos. Il y avait du monde... beaucoup de monde.
Le jeune homme soupira, quelque peu déçu. Débarquer avec plus d'une heure de retard, la bouche en cœur, ce n'était pas terrible. Adieu mécène, adieu bonne fée ! Tant pis ! Pour rien au monde, il n'aurait voulu changer les événements de cette journée. Ce moment avec Lucy... C'était le plus beau jour de sa vie ! Dommage que l'enjeu de ce soir soit aussi important. Natsu aurait largement préféré rester en tête à tête avec elle.
Plus tard ! Rien ne pressait. Ils avaient le temps.
Le rosé gigota sur place légèrement impatient. Qu'est-ce qu'il faisait chaud ce soir ! Il était tout transpirant. Il ouvrit sa veste, enleva son écharpe et, ennuyé réfléchit à l'endroit où il pouvait la mettre. Il grogna. Il n'aurait pas dû la prendre. Tout ça pour éviter de porter une cravate ! Dieu qu'il était bête ! Il la roula en boule et agacé la fourra au fond de sa poche. Ça faisait une grosse boule. C'était moche. Tant pis.
Tant que Lucy ne le voyait pas ainsi, tout irait bien. Il s'esclaffa. La petite blonde n'allait pas tarder. Elle lui manquait, il avait hâte d'approfondir leur baiser. Son cœur pulsa, son sourire s'élargit, puis il s'ébroua. Il était temps d'arrêter de trainer.
Une fine lueur de passion au creux des pupilles, le jeune Dragnir monta les marches du perron quatre par quatre.
La porte était close. Pas de garde ou d'employé attendant les retardataires, même les plus célèbres. Non ! Il n'y avait qu'une seule âme, prostrée en train de fixer la poignée... Grey ! Tout propret dans son costume, ruisselant de peur, la main à quelques centimètres du levier d'ouverture.
— Si c'est moi qui l'ouvre, je te préviens, je considérerai notre course comme match nul, dit Natsu en s'installant à ses côtés les mains dans les poches.
— J'y arrive pas ! Putain ! J'arrive pas à ouvrir cette porte ! s'angoissa le brun.
Il était livide, il essayait, il essayait de l'ouvrir... Il n'y arrivait pas. Il n'avait pas le cran. Il avait trop peur. Un lâche !
— Grey... murmura Natsu en lui tapotant doucement l'épaule en guise de soutien. T'inquiète pas, c'est rien. Je vais le faire !
— Pourquoi j'y arrive pas ? s'énerva le capitaine en envoyant son poing contre le mur.
— T'as pas l'habitude d'être en retard, c'est pas grave ! répondit le rosé attristé de le voir se mettre dans un tel état pour si peu.
— Je suis dans la merde... gémit le brun.
— Tu te mets trop la pression ! l'encouragea Natsu d'une petite voix.
Grey acquiesça avec lenteur, les mains tremblantes, les yeux mouillés. Il se pinça l'arête du nez et plissa le front.
— Comment tu fais ? demanda-t-il en se tournant vers le joueur d'Hargéon avant d'écarquiller les yeux et de reculer d'un pas en bondissant sur le côté.
Ce qu'il avait sous les yeux le figea d'un seul bloc. Le souffle coupé, il dévisagea Natsu complètement paniqué.
«T'as quoi aux yeux ?» s'écria-t-il.
Il se précipita sur son ami, tout près, vraiment très près. Natsu recula comme il put, mais se retrouva rapidement coincé contre le mur. Grey s'avança encore, son nez touchant presque celui du rosé, sauf que d'un coup un courant glacial l'arrêta. Une sorte de froid polaire s'insinua dans son corps, passant d'abord par ses pieds, avant de remonter le long de ses jambes, de son torse pour finir par irradier ses joues.