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- Mange plus, tu n'as presque pas touché ton assiette. Me lance Doug en s'accoudant sur le plan de travail, le regard sévère.
- Je n'ai pas faim. Marmonnais-je en jouant avec un bout de viande dans mon assiette.
Il pousse un long soupir en se redressant. Doug semble s'être donné pour mission de surveiller chacun de mes repas, comme pour s'assurer que je ne vais pas perdre de poids sous sa surveillance. J'entend la porte d'entrée s'ouvrir, et une voix familière me fait manquer un battement :
- Où est-elle ?!
- Calme toi 5 minutes tu veux ? Grogne Luke, contrarié.
Je bondis de ma chaise et court jusqu'au hall d'entrée. Elle n'eu pas le temps de réagir que je lui fond dans ses bras, trop heureuse de la retrouver.
- Mon Dieu tu es là ! Se mit à sangloter Emily, son beau visage enfoui dans mon cou.
Les larmes me gagnent également et je ne peux me retenir de les laisser couler. Un million d'émotions me submergent. Elle est là, enfin. Son doux parfum fruité me monte aux narines, m'enveloppant d'un sentiment de sécurité. Ma famille. Mon pilier. Ma bouée de sauvetage.
Elle se décolle légèrement de moi pour prendre mon visage entre ses doigts fins, et plonger son regard bleuté dans le mien :
- Tu vas bien ? Souffle-t-elle, son regard embué de larmes.
Je hoche vivement la tête. Maintenant, oui.
- Bon, les feux de l'amour, je crève la dalle, allez dans le salon, faites quelque chose, mais bougez du passage au moins.
Je lui souris et attrape la main d'Emily pour la guider jusqu'à ma chambre. Elle se cramponne à mes doigts comme si je risquais de disparaître à tout instant.
Lorsque nous entrons, elle ne pu se retenir de critiquer la pièce :
- Waow, plus morbide tu meurs !
- C'est... Vide. Ricanais-je en m'avançant jusqu'à mon lit, tout en l'invitant à me suivre.
Elle pousse un profond soupir et se laissa échouer sur le matelas :
- Tu n'imagines pas à quel point j'ai eu peur pour toi... Je n'en dormais plus la nuit...
Je la dévisage avec attention et remarque que ses joues sont désormais creusées. Son teint est pâle, ses cheveux négligemment attachés, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Toute cette histoire semble nous avoir marquées autant l'une et l'autre.
- Je suis tellement heureuse de te voir... Soufflais-je en prenant sa main dans la mienne.
Elle m'adresse un triste sourire :
- Raconte-moi tout. Qu'est-ce qu'il t'ai arrivé ? Je ne supporte plus les mensonges de Kyle. Est-ce que c'est eux qui t'ont fait ça ? Me demande-t-elle en désignant le bandage autour de ma tête, stigmate de mon entrevue avec un des hommes de Rodriguez à l'hôtel.
- Il va falloir que tu t'accroches alors... C'est assez long.
- J'ai tout mon temps, toujours pour toi mon chat. Répondit-elle en caressant doucement ma main avec son pouce.
J'inspire profondément et commence mon récit. Depuis le début. Je lui racontais pour Ross, la fusillade au club, mon enlèvement, les hommes de Rodriguez, le hangar, l'organisation, Henrick, mon arrivée ici, le comportement d'Aaron à mon égard, les révélations, mon agression à l'hôtel. Tout. Sans omettre le moindre détail. J'avais besoin de vider mon sac, de me confier, de lui révéler mes moindres peurs, angoisses. Je ne peux contenir le flot de larmes qui accompagnent mon récit. J'avais l'impression de me lester d'un poids insoutenable, d'enfin pouvoir ôter la culpabilité de tous ces secrets que je lui avaient cachés.

Je la vois se décomposer, son visage passant de la peur, de la tristesse, de l'inquiétude, à l'angoisse. Elle semble vivre chaque moment comme si elle avait été présente depuis le début.