- T'as beaucoup faim ? Des farfalles ou des fusillis ? ... Hum ? Ouais. T'as raisons. On ne vit qu'une fois. Faisons les deux.
C'était le petit matin sur Caen. Orel et lui venaient à peine de rentrer chez eux qu'Orel se lançait dans la cuisine pour un petit dîner matinal. La soirée avait été agréable. Il avait bu avec Skread - Mon dieu, qu'est ce qu'il avait bu ! - Puis, la soirée avait continué à se dérouler lentement autour de lui, son niveau d'alcoolémie fluctuant doucement, jusqu'à être quasiment descendu complètement. Bien sûr, il n'aurait pas dit de lui même qu'il était clair. Il était définitivement explosé mais il attribuait son corps lent de sexagénaire à la fatigue plutôt qu'au le whisky écossais de Skread.
Explosé mais étrangement calme à propos de la situation actuelle : que ce soit la fatigue, l'alcool, ou de se savoir entouré, Gringe se sentait finalement serein par rapport à la révélation qu'il avait eu plus tôt. Pour la première fois depuis longtemps, détendu. S'il avait su qu'on pouvait effectivement noyer ses problèmes dans l'alcool ! Ça alors...
Il regardait Orel s'agiter dans la cuisine. Il restait complètement immobile alors qu'Orel sautait partout, la fatigue agissant de façon complètement opposées sur leurs deux organismes.
Il contemplait son ami en même temps que ses sentiments pour lui.
- Bon alors, 6 minutes de cuissons pour les farfalles et 9 pour les fusillis. 6 et 9 ... Hum... 16 minutes de cuisson !
Il était amoureux de son colocataire.
Complètement, irrémédiablement, définitivement.
Au lieu de se sentir enfermé par ses sentiments comme c'était souvent le cas chez lui, il se sentit libéré, comme si les choses s'alignaient enfin pour la première fois. Comme si sa vie prenait enfin un sens maintenant qu'il la voyait sous ce jour nouveau. Pour la première fois depuis longtemps, complètement à sa place. Ses crises existentielles le rattraperaient sûrement un jour ou l'autre mais pour l'instant, il était bien. Juste ... bien. Une harmonie délicate entre son cœur et le monde. Un équilibre jamais égalé et qu'il ne devait qu'à une personne.
Et quelle personne ! Bien sûr que ça avait toujours été lui, le centre de l'univers.
Il s'approcha de son coloc qui avait escaladé le comptoir pour aller chercher une casserole et la mettre sur le feu. Quand il fut redescendu, Gringe posa ses mains sur ses hanches et se colla à son dos. Il baissa la tête et appuya son front contre son épaule. Orel était plus petit alors il dût se plier un peu, mais moins que ce qu'il avait besoin de faire d'habitude quand il voulait prendre sa meuf dans ses bras comme ça.
Parce-que oui. Il avait Orel dans ses bras. De la même façon qu'il aurait serré la meuf qu'il aime tout contre lui quand il aurait eu besoin de réconfort mais aurait été incapable de lui réclamer avec des mots. Il avait le corps chaud de son ami contre le sien et c'était devenu un geste absolument banal entre eux. Quotidien. Quelle félicité d'être amoureux d'un être qui le connaissait si bien et qui lui était si loyal. Qui ne remettait pas en question sa présence auprès de lui. Qui la cherchait autant que lui recherchait la sienne.
Bien sûr, Orel n'était pas amoureux de lui, mais était ce si grave tant qu'Orel consentait à ce qu'il lui appartienne de la sorte ? Ils n'étaient pas un couple, non, ils était autre chose, mais ce n'était pas si grave. Ce n'était même pas grave du tout. Comme ça, il se dit qu'il pourrait même en être heureux. Tant qu'il avait Orel pour lui, il n'avait rien besoin de plus.
Gringe sentit son cœur venir s'exploser contre sa poitrine tellement il battait fort, comblé de pouvoir tenir son ami de la sorte. Comment est ce qu'il avait pu louper ça, sérieux ?
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Comment il est Gay, notre pote
RomanceLors d'une session chill sur le canapé, une des élucubrations d'Orel fait soudainement prendre conscience à Guillaume, son colocataire, que justement, pour Orel, le "SI" de "Si tu étais dep'" il est carrément de trop. Reste à le faire comprendre à l...