- Je sais pas ce qu'il a bouffé Orel ces derniers jours, mais je veux les même corn-flakes que lui ! s'exclama Seydou alors que leur petite tablée habituelle regardait avec fascination le jeune rappeur séduire une jolie fille au bar.
- Une pinte qu'elle lui file son numéro, commenta Claude. Elle a l'air chaude chaude chaude là. Vas y ma poule aux œufs d'or, tu me régales.
Le groupe d'amis commentait les faits et gestes d'Aurélien depuis qu'il avait quitté la table pour aller accoster la belle anglaise qui essayait de commander au bar dans un français incertain. Ils observaient le spectacle, fascinés, comme ils auraient suivi un match de foot à la télé. Blagues graveleuses et paris sportifs inclus. Heureusement les deux protagonistes étaient complètement ignorants du petit groupe qui les observait dans leur dos. Enfin peut être Orel en avait il conscience mais cet état de fait n'avait pas freiné ses ardeurs.
L'anglais d'Orel étant approximatif lui aussi, nul ne savait ce qu'ils pouvaient bien se dire. Après quelques phrases hésitantes, des sourires en coin qui étaient devenus éclat de rire, leur regards s'étaient cherchés puis leurs doigts s'étaient frôlés et puis soudain, Aurélien s'était penché vers elle pour déposer ses lèvres sur les siennes.
Il s'était approché doucement, lui laissant tout le temps du monde pour refuser son baiser. Il avait prévenu son geste en glissant sa main contre sa nuque avant de l'attirer un peu à lui. Il l'avait laissé sceller le baiser elle même, lui laissant toujours la possibilité de choisir. Elle ne lui avait pas résisté, comment aurait elle pu, et avait parcouru elle même les derniers centimètres qui l'avaient séparées des lèvres chaudes d'Aurélien.
Les doigts d'Orel avaient caressé la naissance de sa chevelure, comme Gringe se souvenait qu'il avait fait quand il l'avait embrassé il y a deux semaines. Comme il avait vu Aurélien le faire pour chacune des filles qu'il embrassait tous les soirs depuis ce fameux soir où Orel lui avait dit que vraiment, il ne comptait rien faire vis à vis de sa sexualité en questionnement.
Sauf que ça, ce n'était pas rien. C'était même l'opposé de rien. Son poète fragile de meilleur pote s'était transformé en Don Juan inarrêtable par un seul baiser de lui. C'était contagieux alors ?
Gringe, lui, ne se souvenait pas quand il avait embrassé une meuf pour la dernière fois. À vrai dire, il ne se souvenait même pas qu'il ai un jour embrassé une autre personne dans sa vie que son meilleur ami, mais ça, c'était encore un autre problème.
Son problème actuel, c'était voir le baratineur professionnel qui avait pris la place de son meilleur ami. Assuré, confiant, séducteur. Qu'est ce qui était arrivé à son pote maladroit et naïf ? Et surtout depuis quand ça le foutait en rogne de voir où son colocataire faisait traîner sa langue ?
Est ce qu'il était jaloux parce-que pour une fois c'était Aurélien qui les faisait toutes tomber à ses pieds, qui récoltait les accolades viriles et l'approbation admirative de leurs potes ? Est ce qu'il était envieux de son succès ?
Étonnant, mais pas improbable.
Il s'était tellement construit sur son image de dragueur invétéré que soudain quand un autre homme venait concurrencer ses exploits, il se sentait perdre pied. Incapable de savoir qui il était si ce n'était plus lui le dragueur de leur duo.
Si c'était de l'envie qu'il ressentait à voir son pote à qui tout réussissait, pourquoi se sentait il si triste ? Depuis quand l'envie avait elle autant le goût de abandon ?
Ou alors se sentait il trahi de voir son ami si confortable avec son hétérosexualité retrouvée ? L'avait il mal compris, mal jugé ? Et si finalement il s'était trompé ? Et s'il ne connaissait pas Orel si bien que ça ? Serait il hétéro alors ?
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Comment il est Gay, notre pote
RomanceLors d'une session chill sur le canapé, une des élucubrations d'Orel fait soudainement prendre conscience à Guillaume, son colocataire, que justement, pour Orel, le "SI" de "Si tu étais dep'" il est carrément de trop. Reste à le faire comprendre à l...