XXV/ AEDEN

                                    

                                          
J'avançais précautionneusement à travers le jardin qui entourait la propriété, Astrid dans les bras. 
                          
Cette dernière était d'ailleurs actuellement en train de bouder de façon totalement adorable et ses ailes avaient cessé de virevolter. 
                          
Derrière moi, les membres de la meute me suivaient dans un silence des plus total, les récents événements ayant chamboulés tout le monde. 
                          
Ouvrant le battant d'un coup de pied, je passais le pas de la porte du manoir, tombant nez à nez avec des loups garous curieux. Plusieurs paires d'yeux me fixaient intensément en papillonnant tandis qu'Astrid elle, avait planqué sa tête dans mon cou sous le poids de toutes ses oeillades et me chatouillait de son souffle la clavicule. 
                          
Les curieux me bloquaient le passage, je n'étais plus en mesure d'avancer, mais heureusement pour moi, Auxanne se glissa entre nous avant de clamer avec une intonation forte et vibrante de puissance. 
                          
- Tous les loups, dans le salon rouge. Honey ?
                          
En haut, dans la cage d'escalier, je pouvais apercevoir Honey. Derrière ses jambes étaient cachés quatre petits enfants. 
                          
- Tu peux demander aux filles de descendre, j'ai une question à leur poser. 
                          
Toutes contentes d'être sollicités par l'Alpha, les petites abandonnèrent leur contemplation intensive d'Astrid pour se jeter en bas des escaliers. Par prudence, Honey descendit les marches avec les garçons afin d'accompagner les gamines, tout en lançant un regard méfiant à Astrid et à ses ailes. Astrid, de son côté, ne prêtait aucune attention aux gens qui l'entouraient, paraissant s'être endormi sur mon épaule. 
                          
- Les garçons, allez dans le salon rouge s'il vous plait. 
                          
Les bambins eurent l'air de vouloir protester mais un regard d'Honey les convainquit de s'exécuter sans sourciller. Cette fille aussi pouvait être terrifiante quand elle voulait se faire obéir. 
                          
Il ne restait maintenant plus que Auxanne, Honey, Kiera la petite harpie, Cerise la dryade, Astrid et moi sur le palier de la maison. 
                          
Le plus doucement possible, je secouais avec l'une de mes mains une épaule d'Astrid. Avec un bâillement sonore, cette dernière s'éveilla en s'humectant les lèvres. Pendant quelques secondes, ses pupilles reflétèrent de la confusion en s'agitant de gauche à droite, puis, ses iris se rivant aux miennes, ses souvenirs durent lui revenir car elle hocha la tête avant de glisser le long de mon corps. 
                          
Je regardais derrière elle. Ses ailes avaient cessé de se mouvoir et étaient à présent immobiles mais déployées. Jugeant qu'elle ne risquait plus de s'envoler, je détachais la corde qui nous reliait l'un à l'autre avant de la lancer quelque part dans le hall d'entrée. 
                          
Se reculant de quelques pas, Astrid posa ses doux yeux bleus sur les petites filles. Ces dernières étaient en train de l'épier, cachées derrière le corps d'Auxanne. 
                          
S'accroupissant pour sûrement avoir l'air moins menaçante, Astrid entama la discussion d'une voix douce et calme, s'attisant la curiosité des adultes se trouvant dans l'entrée, peu habitués à l'entendre parler avec cette intonation mielleuse. 
                          
- Salut les gamines. Dites, des ailes viennent de me pousser dans le dos et j'aimerais vraiment pouvoir les ranger. Vous auriez un petit conseil à me donner ? 
                          
À la fin de sa question, elle arbora un sourire sincère et rassurant - rien à voir avec le sourire carnassier qu'elle nous avait présenté plus tôt. 
                          
Contournant les jambes de mon frère, les petits microbes vinrent se placer devant Astrid, toujours accroupie. Regardant dans son dos, les yeux des petites filles s'illuminèrent de surprise et d'émerveillement.