XV/ AEDEN

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La gamine mise dehors, je me retournais vers la porte qu'elle avait barricadée. Déplaçant mon armoire d'une main, j'ouvrais le battant de bois à mon alpha - qui était aussi mon frère - ainsi qu'à ma meute.

- Bon, tu m'expliques maintenant.

À peine la fin de ma phrase fini qu'une horde de loup en manque d'attention vint se blottir dans mes bras. Sous le poids de tous ces louveteaux ainsi que du fait de ma récente opération, je faillis bien finir le cul à terre. Heureusement pour moi, mon grand frère me sauva d'une humiliation en plaçant sa main dans mon dos et en me stabilisant sur mes pieds, tout ça en toute discrétion, ni vu ni connu.

L'étreinte terminée, tous se reculèrent et commencèrent à m'examiner sous toutes les coutures. Voyant mon trouble, l'alpha prit le parti de m'aider.

- Allez maintenant que vous l'avez vu, tout le monde dehors!

Malgré leurs grimaces boudeuses et leurs protestations, tous sortirent sous l'ordre de l'alpha.

Bien qu'une meute soit comme une seconde famille, il était impensable pour un zêta de montrer sa faiblesse. Un jeune loup pourrait y voir l'opportunité de prouver sa vaillance en battant l'un des plus grand mercenaire de l'époque, car même si très peu de gens étaient au courant, les membres de ma meute avaient quand même étaient mis dans la confidence pour ma notoriété. Auxanne savait bien tout cela, il était Alpha depuis près d'un siècle et loup garou depuis presque le triple de ce temps alors il était au fait des luttes lycanthropes.

Enfin seul avec mon frère de sang, je m'autorisais à m'assoir sur mon lit pour reprendre mon souffle.

C'était qu'elle n'en avait pas l'air comme ça, mais elle pesait son poids la petite humaine et la gravité n'arrangeait pas les choses.

En bon alpha, Auxanne me reluqua sous toutes les coutures pour s'assurer de mon état. En ayant assez de me sentir observer comme un insecte, je relançais la question que j'avais posé un peu plus tôt.

- Alors ?

Réfléchissant à ce qu'il allait dire, il ménagea une pose d'une certaine durée avant d'entamer son récit, combinant son point de vue à celui de Warren.

***

- Alors June va bien ?

- Parfaitement bien, et d'après ce que j'ai compris, ce n'était pas sa meute qui était visée mais la notre. Ces abrutis de mercenaires se sont trompés de territoire. D'après ce qu'elle a entendu, les vampires avaient pour mission de tuer une humaine qui se trouvait sur notre territoire. Or, on héberge aucune humaine. Bon bien sûr, en ce moment, ta sauveteuse se trouve sur nos terres, mais c'est arrivée après que l'ordre ait été lancé. On peut donc écarter cette possibilité.

- Le conseil ne va pas être content qu'on ait "invité" une humaine sur notre territoire.

Je mimais exprès les guillemets.

Le conseil. Réunissant vingt chefs de races différentes qui étaient tous plus ou moins des gros connards selon l'époque à laquelle ils avaient vu le jour, il servait à faire respecter aux créatures peuplant le continent de Gi certaines règles explicites ou tacites. Leur pouvoir n'était certes pas absolu mais disons qu'il était quand même important. Se les mettre à dos n'était donc pas la meilleure idée du siècle.

- Ne t'inquiète pas pour ça. Il semble avoir des choses plus urgentes à gérer en ce moment.

Comme le fait que l'assemblée des représentants se tenait cette année.

Après des minutes de silence entre nous, je repris la parole, une question me venant en tête.

- Mais si la petite humaine était de notre coté, pourquoi la laisser partir dans la forêt de Gi sans personne pour la surveiller ? Parce qu'entre les animaux des bois, les créatures des forêts et tout ce qui peuplent notre continent, elle va forcement tomber sur l'un d'entre eux et peut être se faire blesser, voir tuer.

Elle m'avait sauvé la vie quand même! Pourquoi l'envoyer vers une mort quasi certaine ? Ok les humains au courant de notre secret étaient dangereux, mais j'avais - dans une certaine mesure - confiance en cette gamine audacieuse et rebelle.

- La petite humaine, comme tu le dis si bien, a décapité un vampire aux yeux écarlates je te rappelle. La confronter aux dangers de Gi va nous permettre de vérifier certains points encore obscurs.

Mon esprit était encore un peu embrouillé mais je comprenais tout de même son raisonnement.

- Tu veux voir si elle est vraiment humaine ? Pourtant je n'ai pas senti l'odeur d'être surnaturel sur elle. Toi si?

Son regard me confirma que non. Peut être qu'elle avait juste décapité cette sangsue par accident ?

- Quoi qu'il en soit, j'ai demandé à Lyssandre de chercher des informations sur elle et son passé, et si elle n'est pas stupide, comme tende à le prouver les dernières 48 heures, elle reviendra ici, ne serait ce que pour nous insulter de lui avoir fait un coup pareil, et à ce moment là, on en sera plus sur elle.

Lyssandre était l'un des epsilons de la meute et un vrai geek. Il pouvait retrouver tout et n'importe quoi sur n'importe quel être vivant de tous les mondes. Rien ne lui échappait. C'était un monstre à sa manière.

Quelques minutes de silence s'installèrent entre nous, encore une fois. Ces silences ne me dérangeaient pas, or, ce fut moi qui le brisa, des questions me taraudant toujours l'esprit.

- Tu penses que les potes du vampire aux yeux écarlates vont riposter ? Tu sais d'où celui ci venait ? Si il avait un essaim ? Et aussi, c'est quoi ce contrat débile concernant notre meute ?

Auxanne me regarda comme l'on regardait un enfant emplie de curiosité.

- Je n'ai pas de réponse pour le contrat mais Lyssandre va faire des recherche. Il va aussi recueillir des informations sur le vamp', mais d'après lui, ce serait un mercenaire qui viendrait de Erde.

Autrement dit, le monde natal de tous les vampires les plus puissants et les plus cruels que les mondes n'aient jamais connus. Génial.

Auxanne continua de m'observer quelques instants avant de prononcer une phrase insensée.

- Tu t'inquiètes pour la petite humaine Aeden ?

Et bizarrement, alors que j'allais répondre que c'était n'importe quoi, mon loup m'en empêcha.

Je restais quelques secondes la bouche ouverte avant de me ressaisir et d'analyser mon ressenti.

- Elle est dans une sorte de monde parallèle dont elle ne connait rien de ces dangers, fuyant les seuls alliés qu'elle a ici, sans un sous en poche ni nourriture, le tout en robe à canard et pieds nus.

C'était le point sur la robe qui bizarrement dérangeait le plus mon loup. Bon bah, il avait fait son choix. Il voulait baiser l'humaine.

Bien sûr, mon frère qui m'observait attentivement n'avait rien manqué de ma petite introspection avec mon loup et semblait tout aussi surpris que moi.

- Au faite, Auxanne, tu ne m'as toujours pas dis son nom.

Ce petit con ménagea quelques secondes de pause avant de prononcer celui ci.

- Elle s'appelle Astrid.

Astrid. Un prénom aussi doux que rebel, tout comme celle qui le portait.

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant