Je croise sur mon épaule ce sac, Nizar m'attend dehors, mes yeux se rivent sur celui qui m'invite. Je suis face à celui que l'on appelle Kumail, accompagné de son cousin, Kamran, dans son bureau privilégié.
Je finis par hocher la tête. Nous verrons si je viendrais, je pourrais me laisser tenter. Mais pas dans l'immédiat, de nouveaux alliés ne feront jamais de mal à ma cause. Mais je dois les choisir avec soin, alors le jour où je me pencherais sur leur cas, je viendrais.
Je quitte la pièce avec ce sac de billet. Cet argent ne m'est pas destiné. Il paye mes factures, c'est-à-dire, des maires, des procureurs, des policiers, des chefs militaires, des intervenants aux services publics. Il paye mon plan, finance les autres autour de moi, et apporte un plus aux hommes qui marchent avec moi.
Il payera la patience d'Al-Kahina. Je continuerais à mentir aussi longtemps que Noor ne le veuille pas de son plein gré.
Il paye mon trône.
Je suis en train de gangréner mon réseau. Et je le brûlerai plus-tard une fois assis au sommet.
Je quitte ces locaux d'entretien, qui servent en fait à stocker la marchandise que la famille Dehwar volent dans mes rues. Je descends ces escaliers, passant devant des employés esclaves qui touchent sûrement une somme dérisoire sur leur crime. Mais cela ne m'intéresse pas plus que ça dans l'immédiat.
Je finis par pousser la porte du hall du bâtiment industriel. Nizar m'attends côté conducteur, dans une camionnette blanche dont le moteur n'a cessé de vrombir. Je me dépêche de le rejoindre, et je m'empresse de fourrer ces quelques milliers dans le coffre avant de monter à ses côtés et nous repartons.
Je retire cette cagoule. Je sens quelques mèches de mes cheveux me coller au visage, j'ai trop duré avec les Dehwar. J'essuie de ma manche l'excès d'humidité.
— Tu me dégoutes.
Je ris devant le commentaire de Nizar qui avale à s'en étouffer un chawarma. La bouche huileuse et pleine de sauce, je me retiens de lui dire qu'il ne vaut pas mieux que moi.
C'est bien le seul. Le seul qui peut se permettre autant d'audace avec moi.
— C'est fait, m'articule-t-il en mâchant grossièrement, le reste avec Tarek se sont redigérés vers Bima, reprendre les armes, comme tu l'as dit on les déplace à Mabah. Et tes chawarma sont dans ce sac-là.
— Parfait, allons à l'hôpital maintenant, je veux régler cette affaire avec Noham.
Nizar acquiesce en gobant la fin de son pain viande d'un seul coup. J'ai faim moi aussi, et je prends dans ce sachet la nourriture. Ça avance enfin, ce que je complote depuis sept longues années. Ça avance lentement et bien surement. Il va falloir faire hurler, faire brûler ce pays. Mon droit du sang m'autorisera à jamais à avoir une place dans les cours du palais. Je ne veux pas uniquement régner, j'ai tant à prouver. Je veux tellement montrer la douleur que ça m'a fait. Et peut-être aurais-je aussi le droit de voir où mon père est enterré.
Je m'installe les coudes sur les cuisses, j'ai faim de justice. C'est mon moteur à moi. Pour moi, et égoïstement juste pour moi, je veux ma justice que personne ne m'a donné.
Le trajet se passe rapidement, pénétrer dans les rues d'Oman est un danger immense pour moi. Ce que je fais est une pure folie, en sachant que je suis un membre de la famille royale, et que ma tête a été mise à prix par mon propre petit-frère. Si on me prend, je ne survivrais pas à la prison une deuxième fois, si je rentre, c'est dans un linceul que j'en ressortirais.
Nizar me parle beaucoup, j'écoute, il a toujours quelques choses à dire. Sur l'épicier du coin, sur la cousine d'untel, ou le policier du poste de contrôle. Parce qu'il est mes oreilles et mes yeux, il possède des informations que je n'obtiendrais jamais s'il ne me les partage pas et c'était pareil en prison. Les gens l'aiment bien, et je l'avoue, c'est facile de se confier à lui.
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NAFIR, le magnifique.
AdventureJ'étais le prince héritier du trône d'Oman. Accusé à tort, on a fait de moi le traître de la couronne. Je suis resté enfermé sept années dans l'ombre de la plus noire des prisons d'Oman, et le temps aura suffi à développer ma haine envers mon propr...
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟎: 𝐒𝐀𝐔𝐕𝐄𝐓𝐀𝐆𝐄.
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