La coordinatrice d'intimité Momoko Nishiyama guide une comédienne sur un tournage ©AFP - YUICHI YAMAZAKI

Coordinatrices d'intimité

Lundi 11 mars 2024

La coordinatrice d'intimité Momoko Nishiyama guide une comédienne sur un tournage ©AFP - YUICHI YAMAZAKI

Sur les plateaux de tournage, un nouveau métier a fait son apparition. Les coordinatrices d’intimité protègent les corps et les sensibilités des acteurs et des actrices, exposés à des scènes intimes. Najoua et Paloma racontent pourquoi et comment elles font ce travail.

Paloma García Martens est coordinatrice d'intimité depuis quelques années déjà. Pour elle, son métier consiste aussi bien à "chorégraphier des scènes de sexe et d'intimité au cinéma" qu'à "s'assurer du consentement et du respect des limites des personnages à l'image". Paloma raconte les stratégies qu'elle met en place pour "faire en sorte que les scènes soient réalistes sans qu'il y ait contact direct entre les parties génitales des acteurs, comme dans la pornographie".

"Souvent les personnes sont réticentes au début, mais très contentes à la fin"

Embauchée sur la série Split d'Iris Brey, la coordinatrice raconte les scènes sur lesquelles elle a été mobilisée, "on a fait des simulations de cunnilingus ou de pénétration digitale, il fallait vraiment qu'on ait l'impression qu'une comédienne touche le clitoris de l'autre", "on va essayer de positionner la main en fonction des protections et de l'angle de la caméra pour qu'on croie à l'image qu'il y a contact direct".

En France, les recours aux services d'une coordinatrice sont rares. Bien souvent, lorsque les acteurs acceptent la première version du scénario, ils s'engagent contractuellement à tourner les scènes, même si celles-ci sont modifiées. Paloma dénonce ce fonctionnement, "on signe un contrat sur base d'un scénario, qui peut beaucoup changer", "un contrat sexuel, c'est illégal, on ne peut pas forcer quelqu'un à un acte sexuel, simulé ou non, parce qu'il a signé un contrat".

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"En tant que comédienne, on ne m’écoutait pas, j'étais juste un corps : on ne peut pas dire non"

Avant d'être coordinatrice d'intimité, Najoua était comédienne, "moi aussi, j'ai embrassé des inconnus, avec la langue, ça je l’ai connu", "j’ai joué des scènes nue, et j’entendais des réflexions désagréables, elle a grossi, elle a la peau flasque". Après une première expérience en tant que metteuse en scène, Najoua prend conscience de l’ampleur du travail nécessaire pour écrire et réaliser une scène de sexe. C’est à cette occasion qu’elle décide de s’orienter vers la coordination d’intimité.

Lorsqu’elle arrive sur un tournage, c’est souvent à l’initiative de la production, qu’elle rencontre dans un premier temps. Ensuite, Najoua s'entretient avec le réalisateur pour comprendre comment il conçoit la scène, puis, avec les comédiens et les comédiennes, pour délimiter avec eux ce qui est envisageable et ce qui ne l’est pas. Pour elle, il est essentiel de chorégraphier en amont la scène sur laquelle elle intervient, "on pense que les comédiens vont pouvoir s’en sortir avec une didascalie très laconique, mais ce n'est pas le cas, moi mon travail, c'est de détailler tout ça, d’écrire la scène dans le détail".

Le jour du tournage, Najoua veille à ce que tout se déroule dans les meilleures conditions, à grands renforts d’accessoires, "j’ai des cache-sexes, des barrières en silicone, des cache-tétons, des petits matelas qui vont permettre aux partenaires d’éviter le contact des parties génitales", "j’ai aussi des protections féminines, des rasoirs, des plaids, des peignoirs, je veux m’assurer que rien ne va venir parasiter le jeu".

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