Comme toutes les capitales provinciales, Lyon disposait d’une garnison militaire, chargée d’assurer le maintien de l’ordre public, la protection du gouverneur et des divers services installés dans la ville, mais aussi le soutien de leurs administrations, dans lesquelles étaient détachés de nombreux soldats. Son originalité est qu’à partir d’une date qu’on essaie de préciser, cette garnison était composée d’une cohorte urbaine, particularité qu’on ne retrouve, en dehors de Rome et de l’Italie, qu’à Carthage. Après la victoire de Septime Sévère, à laquelle elle ne semble pas avoir survécu, la cohorte urbaine fut remplacée par des soldats détachés des légions de Germanie, qui se sont souvent installés ensuite comme vétérans dans la ville et y ont laissé une riche série d’inscriptions. Réunies à la fin du livre dans un catalogue épigraphique, ces épitaphes permettent d’étudier la composition de la garnison, les procédures de détachement et la structure hiérarchique des unités, mais aussi, grâce à l’étude onomastique de la IIe Partie, le recrutement et le milieu familial des soldats. Enfin une partie spécifique est consacrée aux officia du gouverneur provincial et du procurateur de Lyonnaise et d’Aquitaine, qui, avec une douzaine d’inscriptions chacun et quelques grades rares, sont parmi les mieux connus de l’empire romain et peuvent être fructueusement comparés avec des dossiers analogues. Ainsi peut-on espérer, à partir du cas particulier que constitue la garnison de Lyon, comprendre un peu mieux le fonctionnement de l’ensemble de l’armée romaine.
François Bérard, ancien membre de l'École française de Rome, est professeur de latin à l'École normale supérieure et directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études, Sciences historiques et philologiques, où il enseigne l'épigraphie latine. Il est membre de l'U.M.R. 8546 « Archéologie et Philologie d'Orient et d'Occident » et actuellement directeur du Département des Sciences de l'Antiquité de l'E.N.S.