La Trinité chez Eckhart et Nicolas de Cues
(dir.) Marie-Anne VannierThéologie - Recenseur : Simon Decloux s.j.
Contentons-nous, pour donner la tonalité de l'approche, de cette brève évocation de la pensée d'Eckhart dans l'exposé d'Isabelle Raviolo: «Évitant l'écueil de l'univocité et celui de l'équivocité, Eckhart conçoit la causalité non comme la ressemblance de la copie au modèle, mais comme la dépendance réelle de l'être créé vis-à-vis de l'Être qui le crée. Quand Eckhart nous parle de Dieu, il semble opérer une distinction entre le Dieu créateur, qui se manifeste en tant que Trinité, et le Dieu incréé qui est le Principe divin retiré en son fond. Or, pour le maître rhénan, il ne s'agit pas d'une «dualité divine» mais d'une unité comprise comme une seule respiration, un seul souffle: Dieu est et n'est pas, Il est parce qu'il n'est pas - le «ne pas» renvoyant au «Néant de Dieu», c'est-à-dire non pas au «rien» mais au «surcroît», à la bullitio comme foyer de vie, à la fécondité du Père, à la donation absolue du Fils et à leur unité consubstantielle dans l'Esprit. Dieu est antérieurement à l'être qu'il manifeste - et c'est en cette antériorité même qu'Eckhart entend la Deitas…» (p. 110). - S. Decloux sj