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Actualité24:21Publié le 30/05/2022

Vieillir ensemble

L'entre deux

D’ici 25 ans, 1 Français sur 3 aura plus de 60 ans. Or, nous connaissons très peu les enjeux liés à la longévité. Plus nous grandissons, moins nous passons du temps avec nos grands-parents. Pourquoi ? Comment renouer avec le troisième âge et mieux vivre ensemble entre générations ? Pour y répondre, Cyrus North reçoit Mélissa Petit, docteure en sociologie, spécialiste du vieillissement.

La vieillesse, un tabou 

En France, les personnes âgées sont placées de coutume en maison de retraite, contrairement à certains pays où elles vivent dans le même foyer que leurs enfants et petits-enfants. Pour Mélissa Petit, la raison est d’abord culturelle. « En France, l’individualisme s’est exacerbé avec l’idée que lorsqu’on s’émancipe, on s’émancipe de tout. », explique-t-elle. L’autre raison de cette mise à l’écart, selon elle, c’est qu’il existe au sein des familles françaises un tabou autour de la vieillesse et de la perte d’autonomie.

Âgisme et préjugés

Aujourd’hui, les personnes âgées sont victimes de préjugés. Par exemple, le mot « vieux » est souvent utilisé de manière péjorative. Tout comme le mot « ringard » souvent associé à la vieillesse. On considère aussi les plus de 45 ans comme étant des seniors. Alors qu’en réalité, le basculement du mode de vie se fait autour de 62 ans, lors du départ à la retraite. Tous ces préjugés sont le fruit de l’âgisme, c’est-à-dire d’une discrimination des personnes âgées. Pour Mélissa Petit, « la société pose un regard difficile sur la vieillesse. Cela exclut les personnes très âgées », constate-t-elle. 

La discrimination des « vieux »

Cet âgisme se manifeste dans toutes les strates de la société. Il y a d'abord un problème de représentation sociale des personnes les plus âgées. Dans les publicités, les médias, ou les produits culturels, cette représentation des seniors est souvent teintée de sexisme. En effet, au cinéma, les actrices âgées sont souvent cantonnées à des rôles de vieilles dames. Tandis que les hommes, eux, ont des rôles plus variés.

Dans l’espace public, l’âgisme vire quant à lui à l’exclusion. Par exemple, les transports en commun sont peu accessibles et les bancs peu présents.

Les solutions pour mieux vieillir ensemble 

Pour mieux vivre ensemble et changer notre regard sur la vieillesse, Mélissa Petit préconise les solutions suivantes :

  • En famille, discuter sans tabous de nos choix en cas de perte d’autonomie.
  • Développer et faire connaître, les autres types de prise en charge en dehors des EHPAD et des maisons de retraite : la colocation intergénérationnelle, l’accueil familial, la colocation entre seniors accompagnés de professionnels, etc.
  • Développer les services civiques en faveur des personnes âgées,
  • Valoriser les activités intergénérationnelles de long terme, pour lutter contre la segmentation de la population.  
  • Avoir plus de représentations sociales des personnes âgées, notamment au cinéma, avec des rôles variés et proches de la réalité,
  • Faire évoluer l’espace public vers plus d’inclusion et de liens entre générations (plus d’escalators et de bancs, l'installation de passages piétons indiquant les secondes, etc.).

Réalisateur : Adrien Benoliel

Producteur : Outsideur

Année de copyright : 2021

Publié le 30/05/22

Modifié le 08/06/22

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