41% des françaises et des Français sont tout à fait d'accord avec la proposition "La crise climatique est un prétexte utilisé par les gouvernements mondiaux pour limiter les libertés des individus", selon un sondage réalisé par la société Cluster17 et relayé/analysé dans la revue Grand Continent (Merci à Jean-Marc Vittori qui l'a signalé dans Les Echos : https://t.ly/LZfv4 ).
Ce même sondage indique que 76% de nos compatriotes pensent que "La sobriété énergétique est imposée seulement au peuple, mais pas aux élites", et 68% que "la voiture électrique est une arnaque". Seul un tiers est d'accord pour limiter la vitesse à 110 sur autoroute, et un petit quart d'accord pour renoncer à se loger dans une maison individuelle.
Incidemment - ô surprise - l'idée de se limiter à 4 vols dans une vie l'emporte d'une courte tête, avec 55% des gens qui y sont prêts (les eurosceptiques sont parmi les plus favorables !).
Que déduire de répartition des réponses en fonction des "clusters" ? Que, pour le moment, la transition écologique est surtout comprise et acceptée par la population "protégée" : par ses revenus, par son statut (fonction publique), ou par son lieu de résidence (les habitants des grandes villes qui ont une alternative à la voiture par exemple).
Inversement, elle suscite du rejet pour la fraction "symétrique" de la population, pour qui elle représente probablement une source d'efforts supplémentaires sans contrepartie (la question n'est pas posée, mais ça semble logique). Et le rejet de l'écologie va largement avec le rejet des "élites", ce qui est cohérent avec 42% d'adhésion à la proposition "les élites ont pour projet d’instaurer une dictature climatique".
Cela fait longtemps que je suis persuadé que le "climatoscepticisme" n'est pas avant tout une affaire de compréhension des enjeux, mais une affaire de désarroi. Ce courant de pensée parle surtout à des gens qui ne voient pas leur place dans un monde qui s'occuperait sérieusement du problème, parce que dernier remet en question l'utilité perçue d'une activité, un système de croyances, une rente, un espoir, un acquis social...
La conclusion logique est que l'adhésion à la transition ne peut se faire qu'avec des mesures qui font aussi gagner quelque chose à court terme à l'essentiel de la population, en particulier aux gens "peu protégés" : de l'emploi, du confort de vie, du confort budgétaire, la facilité à se loger, du plaisir, de la valorisation sociale...
La défiance envers le monde politique, très forte parmi les personnes hostiles à la transition écologique, confère aussi un rôle particulièrement important aux acteurs "de terrain". Seuls ces derniers, via des projets pensés pour concilier baisse de la pression environnementale et gain "ailleurs" dans des contextes précis et sur des sujets précis, peuvent "embarquer" cette frange de la population. Il appartient au pouvoir politique de s'appuyer sur ces acteurs, sinon le risque de capotage sur l'écueil du populisme sera majeur.