Le premier tour des élections législatives a montré que le risque de voir notre pays gouverné par l’extrême-droite est réel.
Une victoire du RN aurait de lourdes conséquences pour le public d’Acina.
Notre association accompagne des personnes en situation de mal-logement, vivant en bidonville, squat ou hôtel social. Il s’agit de personnes en situation d’extrême précarité, citoyennes de l’Union européenne ou réfugiées. Elles ont l’autorisation de travailler en France, ce qui leur confère un certain nombre de droits. Elles seraient néanmoins directement impactées par le programme du Rassemblement National, qui prévoit :
- La préférence nationale sur l’attribution des logements sociaux et l’accès à l’emploi
- La fin de l’inconditionnalité de l’accueil en hébergement d’urgence
- La suppression de l’AME
- La suppression de l’accès à l’Aide Sociale à l'Enfance pour les enfants étrangers
- La restriction des allocations familiales aux seuls Français.
Ces mesures populistes font une lecture erronée des faits (en ciblant de supposés “assistés”) et méconnaissent les réalités de l’insertion.
Pour donner un exemple : le dernier rapport de Médecins du Monde montre que dans ses centres de soin, qui ont accueilli 17 000 personnes en 2023, 86% des personnes éligibles à l’AME n’avaient pas de droits ouverts. Qui dit pas de droits dit souvent pas de recours aux soins avant que la maladie ne soit à un stade avancé. Les conséquences sur la santé des personnes sont gravissimes ; en outre, elles pèsent lourd sur un système hospitalier déjà à bout de force, ainsi que sur les finances publiques. Il ne faut pas supprimer l’AME, il faut au contraire mieux la faire connaître, comme le font au quotidien les équipes d’Acina.
L’inconditionnalité de l’accès à l’hébergement est inscrite dans le code de l’action sociale et des familles. Les associations de terrain connaissent bien les effets dévastateurs des séjours prolongés à la rue, en particulier pour les femmes et les enfants. Ils rendent en outre l’insertion infiniment plus complexe. Il y a déjà près de 3000 enfants qui dorment dans la rue, qui peut souhaiter voir ce chiffre grossir encore ? Ce serait pourtant une conséquence directe de la restriction de l’accès à l’hébergement, au logement et aux prestations sociales.
Nous avons aujourd’hui un autre motif d’inquiétude. Historiquement, les Roms ont souvent été les premiers à faire les frais des tensions sociales. Aujourd’hui nous redoutons la libération des discours de haine et des violences verbales et physiques contre les habitants des bidonvilles. Nous en avons déjà eu des exemples significatifs ces dernières semaines.
Chez Acina, nous aspirons à une société ouverte, qui prenne soin des personnes les plus fragiles, qui inclue les minorités, et qui permette à chaque enfant, quelle que soit son origine, d’aller à l’école, de dormir dans un lit, de manger à sa faim, d’avoir des rêves et des projets.
Dimanche, cet espoir peut s’éloigner. Mobilisons-nous.