Professeur et chercheur en analyse de discours et communication, designer et analyste des transformations écologiques et sociétales. Qualifié en sciences du langage et en sciences de l'information et de la communication.
Je ne pensais pas faire un jour la première partie d'Axelle Lemaire, ni projeter un dendrogramme lexicométrique d'Iramuteq sur grand écran ! C'est désormais chose faite avec le superbe Green IT Day organisé par Digital 113 à Montpellier, pour fêter et analyser 10 ans d'engagement, où j'ai pu représenter l'Université Catholique de Lille (et donc évidemment ESSLIL et ETHICS EA7446). Evidemment, je veux remercier l'ami Bertrand Mocquet de l' Amue qui m'a mis en relation avec l'équipe organisatrice, ainsi que Fanny Colavitti, Amélie Leclercq, Lauren Boudard, Françoise Nauton-Inglis, Magali Germond, Ronnie Garcia bien sûr, ainsi que toutes celles et tous ceux qui œuvrent depuis dix ans pour que cet événement soit une réussite. J'ai également beaucoup apprécié les interventions de Xavier Verne, Juliette Fropier et Alexandre Girard - sans parler des belles rencontres qui posent la question de la transversalité des transformations sociétales, sur les volets numérique, environnemental, social et économique. Mais au-delà de cela, je souhaite souligner l'intervention incontournable et extrêmement forte de David Maenda Kithoko : c'est peu dire qu'il devrait être invité partout pour parler de la réalité matérielle des conséquences de notre addiction aux technologies. A l'heure où on parle de dématérialisation, en effet (comme si le numérique était quelque chose d'éthéré), David a rappelé la dure et sanglante réalité : au Congo, l'extraction des métaux lourds depuis plusieurs années a déjà fait 6 millions de morts au moins (estimation faible), 10 millions de déplacés, et le chiffre vertigineux de 1000 viols par jour sur les femmes congolaises. Ce sont en effet des milices armées qui contrôlent les territoires où se trouvent les mines, et vivent littéralement de l'argent des métaux rares que nous utilisons pour notre fabuleux progrès numérique. Très concrètement, cela lorsque vous tenez votre smartphone dans votre main, celui-ci représente au moins un viol, et probablement plusieurs morts. Juste pour notre confort et notre progrès. Cette réalité rappelle l'importance du cycle de vie des produits électroniques, qui doit être rallongé, mais surtout l'importance de penser une écologie intégralement décoloniale - car le numérique, comme tend d'autres choses, fait peser le poids de son développement sur des corps que nous ignorons, parce qu'ils sont loin de nous, qu'ils n'ont pas la même couleur de peau que la nôtre, et parce que nous sommes habitués à les exploiter depuis des siècles. Cette journée a commencé comme un enchantement, mais s'est terminé dans un bouleversement. Un bouleversement nécessaire qui rappelle, au-delà des discours et des initiatives, que des vies concrètes, humaines et non humaines, sont en jeu dans la nécessaire évolution vers la sobriété. Ne l'oublions pas, car notre capacité à construire un monde meilleur, ce en quoi je crois, passe aussi par ces prises de conscience.
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