Marine Le Pen : « Le Président n’aura pas le choix du Premier ministre »

Par Propos recueillis par Hubert Coudurier

À quelques jours du premier tour des élections législatives, Marine Le Pen affiche une confiance absolue en Jordan Bardella et présente déjà les premières actions d’un gouvernement mené par le Rassemblement national.

« Ceux qui contestent la démocratie dans la rue, c’est la Nupes », affirme Marine Le Pen.
« Ceux qui contestent la démocratie dans la rue, c’est la Nupes », affirme Marine Le Pen. (Photo Joël Saget/AFP)

Quels sont vos pronostics pour le résultat des élections législatives ?

Je pense qu’on va avoir une majorité absolue. Les sondages ne sont pas fiables car, il y a deux ans, on nous donnait entre cinq et 40 députés (le RN en a obtenu 89). La dernière fois, c’est la faible participation qui m’avait empêchée d’être élue au premier tour. Cette fois, avec la participation qui s’annonce, nous pouvons avoir 10 à 15 élus dès le premier tour et il peut y avoir plus de 300 triangulaires.

Comment voyez-vous une éventuelle cohabitation avec le chef de l’État ?

La Constitution est assez claire sur tout. Sur le choix du Premier ministre, le Président a compris qu’il n’avait guère de choix, Jordan Bardella tirant directement sa légitimité des Français. De surcroît, Emmanuel Macron ne se représentant pas, sa situation ne sera pas très confortable. Je n’anticipe pas car je ne sais pas quelle sera sa réaction. Est-ce que, compte tenu de son orgueil, il va le supporter longtemps ?

Comment les deux hommes vont-ils s’entendre sur les questions diplomatico-militaires ?

Chef des armées, pour le Président, c’est un titre honorifique puisque c’est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse. Jordan n’a pas l’intention de lui chercher querelle, mais il a posé des lignes rouges. Sur l’Ukraine, le Président ne pourra pas envoyer de troupes.

Comment envisagez-vous la répartition des fonctions entre Jordan Bardella et vous ? Serez-vous présidente de l’Assemblée ?

Que voulez-vous que je fasse à la présidence de l’Assemblée ? Je me fiche des postes honorifiques. Je ne me suis pas battue pendant quarante ans pour ça [NDLR, elle a annoncé qu’elle prendrait la présidence du groupe parlementaire RN à l’Assemblée]. Je suis constante. J’ai dit depuis longtemps que Jordan Bardella serait Premier ministre. Et cela fait des mois qu’on travaille en se projetant dans nos futures fonctions (lui à Matignon, moi à l’Élysée) même si, aujourd’hui, l’Histoire s’accélère. J’ai confiance en Jordan et je souhaite qu’il réussisse en étant là où il est le plus utile qu’il soit. Par ailleurs, il a des gens sur qui s’appuyer et en qui il a confiance.

Que faites-vous dans la dernière ligne droite du premier tour ?

Je passe mes journées à lutter contre les fake news. On est confrontés à une extrême gauche qui est la spécialiste du sujet. Sans parler des pétitions de fonctionnaires anonymes. On est victimes d’une forme de caricature permanente.

Comme, par exemple ?

Tout le monde monte en toupie sur les double-nationaux. Personne n’a lu notre projet de loi qui ne pose qu’un principe alors qu’on valide ce qui existe déjà dans la Constitution. Ça ne concernera pas plus de 30 à 40 emplois. Est-ce que vous voulez nous mettre un Franco-Russe à la tête d’une centrale nucléaire ? C’est le principe de précaution qui s’imposera. Et la liste pourra être modifiée en fonction des évolutions géopolitiques.

Êtes-vous inquiète d’éventuels troubles dans la rue, le chef de l’État ayant même évoqué des risques de « guerre civile » ?

Ceux qui contestent la démocratie dans la rue, c’est la Nupes. Il y a une similitude avec les craintes que provoqua l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir, en 1981. Sur les marchés, personne ne nous en parle. Il faut arrêter de penser que le monde va s’arrêter, nous sommes des gens raisonnables. Le peuple est souverain, il n’y a aucune raison de ne pas respecter sa volonté.

C’est votre programme qui ne semble guère raisonnable, compte tenu de nos faibles marges de manœuvre, même si vous avez modulé votre projet de retour à la retraite à 60 ans.

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Oui, et nous supprimerons la réforme de l’assurance-chômage. Mais nous attendons le résultat de l’audit comme une photographie. Et il faudra rendre à Jupiter ce qui lui revient. On a besoin d’être précis et on découvrira les « fourberies de Scapin » (NDLR, la pièce de Molière). En particulier le coût du remboursement de l’emprunt européen. D’autant que nos 40 milliards n’ont pas été empruntés aux taux de l’époque, proches de zéro. Par ailleurs, la Cour des comptes refuse de valider les comptes de la Sécurité sociale (branche maladie). Nous nous intéresserons également à ce millier d’agences gouvernementales qui coûtent 80 milliards d’euros pour recaser des gens battus aux élections. Surtout, la contribution nette à l’Europe, dix milliards d’euros, a été multipliée par trois en sept ans. Tout le monde, dont les Allemands, a demandé des rabais, sauf nous. On veut gagner deux milliards, c’est quand même raisonnable. Enfin, l’immigration, c’est l’éléphant dans la pièce. On ne sait pas combien ça coûte, or il faut être précis. Ce sera très dur car notre situation budgétaire est catastrophique. On arrive sur un champ de mines.

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