Arrestation du fondateur de Telegram : procédure judiciaire et cirque (géo)politique
TRIBUNE. L’arrestation en France du patron de Telegram, le Franco-Russe Pavel Durov, a été perçue comme un acte politique par de nombreux commentateurs. Or, rappelle Yasmine Douadi, l’entreprise refusait d’agir contre les utilisations illégales de sa messagerie et de collaborer avec les enquêteurs.
Aussi difficile à croire que cela puisse paraître, il est bien possible que l’arrestation de Pavel Durov, Paul du Rove pour les intimes depuis sa naturalisation, ne réponde à aucun agenda (géo)politique. Ce n’est d’ailleurs pas du « jamais vu ».
Arrêté sur le tarmac de l’aéroport du Bourget samedi, son traitement par les autorités françaises fait l’objet de nombreuses spéculations dignes des meilleurs romans d’espionnage et… cela se comprend.
Le profil de l’entrepreneur n’est en effet pas commun. Opposant assumé et revendiqué à Vladimir Poutine, il est désormais persona non grata dans la Fédération de Russie après avoir toujours refusé de collaborer avec les autorités pour censurer Telegram et son précédent réseau social VKontakte. Victime de pressions du pouvoir, il a dû s’exiler et va même jusqu’à obtenir la nationalité française en 2021.
Ses faits d’armes lui ont permis de se construire une image de combattant de la liberté en Occident
Ses faits d’armes lui ont permis de se construire une image de combattant de la liberté en Occident. Pourtant, le premier pays à s’être indigné publiquement de son arrestation est… la Russie par le biais de Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe. C’est à n’y rien comprendre.
D’autant plus que la justice française a choisi un mode de communication plutôt austère. Un communiqué de presse du Parquet de Paris du 26 août liste en effet pas moins de 12 griefs qui peuvent être résumés par le fait de ne pas agir contre les utilisations illégales de sa messagerie et de ne pas collaborer avec les enquêteurs. Il était d’ailleurs sous le coup d’un mandat de recherche. Car sur Telegram pullulent les pires activités illégales du net, allant de l’escroquerie au trafic de drogue en passant par l’apologie du terrorisme et la pédocriminalité. D’ailleurs, c’est l’Office mineurs (OFMIN) de la direction nationale de la police judiciaire française, chargé entre autres de la lutte contre la pédocriminalité, qui avait émis ce mandat de recherche.
Un précédent au moins : la fermeture du site Coco
De nombreuses voix se sont élevées contre une instrumentalisation politique de la justice et une atteinte « jamais vue » à la liberté d’expression. Mais cela reviendrait à oublier la fermeture fin juin du site Coco.gg et l’arrestation de son fondateur Isaac Steidel en Bulgarie et de trois de ses proches en France. La justice française reprochait d’ailleurs à ce site ce qu’elle semble reprocher à Telegram. Étrangement, cette arrestation n’a pas provoqué les mêmes réactions d’indignation.
Fait encore plus étrange, l’ancien président russe Dmitri Medvedev a en quelque sorte validé la position de la justice française, puisqu’il a relaté avoir averti il y a plusieurs années Durov que s’il ne voulait pas coopérer avec les forces de l’ordre, il aurait des problèmes dans n’importe quel pays. Emmanuel Macron a même dû se fendre d’un tweet pour affirmer que l’arrestation de Pavel Durov n’avait pas de motif politique.
Des acteurs qu’on ne peut pas soupçonner de travailler ensemble semblent donc confirmer que Telegram ne coopérait pas avec les enquêteurs par principe. Mais n’est-ce pas le cas de toutes les messageries chiffrées ? Dans la pratique, à part Signal et Telegram, les autres services de messagerie semblent coopérer avec les autorités dans le cadre posé par la loi. Sauf que dans le cas de Signal, son architecture l’empêche de conserver et d’accéder aux messages. Tandis que pour Telegram, les messages restent sur ses serveurs, quoique chiffrés. Le refus de coopérer est donc probablement plus suspect dans ce cas et cela pourrait expliquer l’interpellation de Pavel Durov… en attendant d’en savoir plus.
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